N° 1815 Arthur Ramos : Le métissage au Brésil , édit. Hermann et Cie, Paris 1952.
N° 2719 Roger Bastide : Les Religions africaines du Brésil , édit. Presses Universitaires de France, Paris, 1960.
Ce sont deux médecins qui ont été les premiers à étudier candomblé et macoumba : Nina Rodrigues et Oscar Freire. Le plus important était Nina Rodrigues. Il a d’ailleurs fini par devenir professeur et Arthur Ramos était son élève. Il a étudié tout particulièrement la transe extatique et a été le premier à mettre en lumière le syncrétisme religieux entre les dieux africains et les saints catholiques (dès 1900). Arthur Ramos, médecin légiste, devait consacrer toute sa vie à l’étude des civilisations africaines du Brésil (il meurt en 1951). Il a l’esprit beaucoup plus ouvert. Il est antiraciste. Pour lui il n’y a pas de civilisations supérieures ou inférieures mais une relativité des cultures. Il étudie le métissage d’une manière scientifique et prouve qu’on ne saurait en aucune manière parler de dégénérescence.
C’est en 1538 que les premiers esclaves nègres sont arrivés au Brésil. Pendant plus de 3 siècles l’importation d’esclaves n’a jamais cessé jusqu’à l’abrogation de l’esclavage en 1888. Les premiers Européens se métissèrent très rapidement avec les Indiens et les Noirs. Il y avait un manque patent de femmes. Ramos affirme que les Portugais se sont montrés tolérants dans leurs relations inter-raciales.
Bastide est d’abord sociologue avant d’être ethnologue et historien des religions. Ce qui l’intéresse donc d’abord dans les religions afro-brésiliennes c’est la façon dont les différents facteurs sociaux les ont fait évoluer. Pour Bastide c’est la grande plantation, celle du Nord-Est sucrier qui l’a permis. Dans la masse des Noirs sont noyés des chefs, des initiés. Bientôt la Vierge et les Saints ne seront plus que les masques des dieux africains (orisha ou vodouns). Les religions africaines survivent mais se transforment. Elles deviennent défense du Noir. Les Dieux qu’on conserve sont ceux de la guerre (Ogoum), de la justice (Shango), de la vengeance (Egoum). On se réfugie dans la magie.
Pour plus de détails voir mon site Voyage autour de ma Bibliothèque , Tome 1 : Littérature brésilienne, syncrétisme religieux afro-américain et esclavage.
N° 2721 Alfred Métraux : le Vaudou haïtien , édit. Gallimard, Paris, 1958.
N° 3019 Jean Kerboull : Le Vaudou, Magie ou Religion ? Edit. Robert Laffont, Paris, 1973.
Métraux est plus ethnologue que Bastide. Son étude est très scientifique et englobe tous les aspects : cérémonies, croyances, magie et même les zombies. Ce qui différencie Haïti du Brésil c’est le fait que le pays est devenu indépendant dès 1791 à la suite de la révolte de la population noire et du massacre des Blancs (conséquence de notre propre Révolution) et de l’absence pendant une bonne partie du 19ème siècle de l’Eglise catholique officielle. Tout ceci avait deux effets : d’une part les religions africaines pouvaient continuer à se développer sans contrainte mais par ailleurs il n’y avait plus ni rois ni initiés qui arrivaient d’Afrique. La religion dégénère. A part cela on a comme au Brésil identification des dieux (appelés ici loas au lieu d’orishas) avec les Saints de l’Eglise catholique. En fait il n’y a pas identification mais représentation des loas par les chromos des Saints. Métraux fait également une étude détaillée des transes et montre que chaque loa est représenté par une forme de transe différente.
Jean Kerboul est passé par le séminaire breton spécialisé Saint-Jacques-en-Haïti. Il étudie longuement les campagnes (alors que Métraux avait étudié le Vaudou en ville) et apporte surtout énormément d’anecdotes, d’histoires d’ensorcellements et de magie.
N° 2379 Eugène Revert : La Magie Antillaise . Edit. Bellenand, Paris, 1951.
Revert était d’abord géographe (et docteur ès lettres). Il a d’ailleurs écrit une volumineuse géographie physique et humaine de la Martinique (N° 2842 Eugène Revert : La Martinique , Nouvelles Editions Latines, Paris, 1949). Arrivé en 1927 à la Martinique il en est tombé amoureux. Son livre sur la magie répète lui aussi beaucoup d’histoires de sorcellerie, de magie, de charmes, de contre-charmes, de revenants, etc. Plus rien sur les cérémonies Vaudou encore que le terme est connu en Martinique ainsi que celui de loas.
N° 3575 Zora Hurston : Voodoo Gods, an Inquiry into Native Myths and Magic in Jamaica and Haiti , J. M. Dent and Sons, Londres, 1939
Religion vaudou dans les Caraïbes anglaises et à Haïti. Le livre avait été publié en 1938 sous le titre : Tell my Horse . En annexe les chants de célébration des dieux vaudou, avec notation musicale.Illustré avec 24 photographies, la plupart prises par l'auteur, et deux cartes (Jamaïque et Haïti). L'une des photos représenterait un zombie.
N° 2646 Ruby F. Johnston : The Development of Negro Religion . Philosophical Library, New-York, 1954.
Ce livre est surtout une étude de « l’émotionalisme » présent dans les religions protestantes noires aux Etats-Unis. L’introduction des esclaves en Amérique du Nord a débuté dès 1500, s’est développé d’abord dans le Sud et n’a été officialisé en Virginie qu’en 1619, au Massachussets qu’en 1641 et à New-York qu’en 1650. Comme à Haïti et en d’autres endroits les planteurs américains se sont opposés à ce que les esclaves soient baptisés. On avait peur qu’un baptisé ne puisse être maintenu comme esclave (encore que la Virginie en 1667 décidait que le baptême ne changerait rien à l’état d’esclave) et que l’étude de la Bible donnerait des idées aux Noirs. Ce sont les méthodistes et les baptistes, des religions de pauvres, qui commenceront à convertir les Noirs au christianisme au courant du 18ème siècle. Mais dès le début du 19ème, les églises épiscopales, méthodistes et baptistes se divisent en pro- et anti-esclavagistes. Et puis les idées bougent. On connaît la suite.
La religion animiste a dû se maintenir en Amérique du Nord jusqu’au 19è siècle puisque l’évangélisation y était en retard comme ailleurs. Mais on n’en entend pas parler ultérieurement.
Mais ce qui est certainement un reste des religions africaines c’est l’émotion avec laquelle le Noir américain semble vivre sa religion et qui se traduit par l’importance prise par le chant et la danse dans ses cérémonies. Cette attitude a pu se développer d’autant plus facilement que toutes les églises sans exception ont rapidement séparé les églises des Blancs (en général à la demande des Blancs) des églises des Noirs. Et puis de toute façon certains éléments émotionnels sont d’origine chrétienne.