Voyage autour
de ma Bibliothèque

Liste 13 : Littérature anglophone : D. H. Lawrence

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Les trois versions de Lady Chatterley

N° 2851 D. H. Lawrence :  Lady Chatterley’s Lover , complete unexpurgated edition, édit. Heinemann, Londres-Melbourne-Toronto, 1960 (hard cover)

N° 0716 D. H. Lawrence :  L’Amant de Lady Chatterley , avec une préface d’André Malraux, édit. Gallimard/Livre de poche, 1958

C’est la troisième, la définitive

N° 0711 D. H. Lawrence :  Die erste Lady Chatterley , préface de Frieda Lawrence, édit. Alfred Scherz Verlag, Berne, 1946 (reliure cartonnée de l’éditeur)

La première, traduite en allemand. Cette version est basée sur la version publiée aux Etats-Unis en 1944 par Dial Press (avec le titre  The first Lady Chatterley ) avec l’accord de Frieda et sur la base d’un manuscrit dont quelques pages sont manquantes ou tout simplement laissées en blanc par l’auteur.

N° 3930 D. H. Lawrence :  Lady Chatterley et l’homme des bois , préface de Roland Gant, Directeur des Editions littéraires de Heinemann à Londres, édit. Gallimard, 1977.

La seconde, la meilleure à mon avis, celle qui a servi de base au film de Pacale Ferran. Gant semble penser la même chose : « Parkin est tellement plus authentique par rapport à ce que Lawrence nous dit avoir voulu peindre, la tendresse, par exemple… Plus grossier extérieurement, Parkin est plus délicat que Mellors, comme homme et comme amant… Il est beaucoup plus vrai…, plus porté à la sympathie envers Constance, à la compréhension de ses scrupules en tant qu’épouse ; et sur ce plan-là, il trouve en Connie Chatterley une réponse appropriée, que ne pourrait jamais se résoudre à lui apporter l’autre Lady Chatterley, celle de la troisième version… ».

Pourtant cette œuvre lui a créé énormément de problèmes alors que c’était un homme malade et qu’il approchait de la mort. Il a écrit les trois versions, dit Frieda, assis sous un pin parasol dans les collines de la Toscane, entre 1925 et 28. Il est mort à Vence le 2 mars 1930. Il avait 44 ans. Comme Orwell il n’avait jamais voulu reconnaître qu’il était tuberculeux (Orwell est mort à 46 ans). C’est un ami italien qui a publié la troisième version, la définitive, à Florence en 1928. La même fut publiée après la mort de l’écrivain par Odyssey-Press à Paris en 1933. Et une édition expurgée fut publiée en Angleterre et aux Etats-Unis en 1932. Ce n’est qu’en 1961 que fut levée la proscription de trente ans qui pesait sur la version non expurgée de l’Amant de Lady Chatterley en Angleterre ! Mais Lawrence vécut encore assez pour subir les pires insultes qu’il est possible d’entendre pour ce livre.

Voir mon Voyage autour de ma Bibliothèque, Tome 5 : Les trois versions de Lady Chatterley.

N° 2769 D. H. Lawrence :  Sex, literature and censorship , introductions de Harry T. Moore et de H. F. Rubinstein, édit. Wilhelm Heinemann, Londres, 1955

Les deux textes de Harry Moore et de Helena Rubinstein sont suivis de dix textes de Lawrence sur le sexe et l’amour dont les deux plus importants sont :  Pornography and obscenity  et  A propos of Lady’s Chatterley’s Lover .

N° 0710 Anthony Burgess :  D. H. Lawrence ou le Feu au Cœur , édit. Bernard Grasset, 1990 (reliure toile)

Excellente biographie littéraire de Burgess. Le titre anglais est meilleur :  Flame into being, The life and work of D. H. Lawrence 

N° 2770 Martin Green :  The von Richthofen Sisters – The triumphant and the tragic modes of love , édit. Weidenfeld and Nicholson, Londres, 1974 (hard cover)

On ne peut raisonnablement parler de Lawrence sans parler de Frieda.Car Frieda n’était pas seulement la cousine du Baron Rouge, le héros de l’aviation allemande de la première guerre mondiale, que tous les fans des Peanuts connaissent puisque c’est en lui que le chien Snoopy aime se déguiser. Elle était aussi la fille d’un général prussien, très bismarckien, gouverneur de la place forte de Metz après la victoire de 1870 et l’annexion de l’Alsace-Lorraine, et la sœur d’une grande intellectuelle, élève de Max Weber et première femme docteur de l’Université de Heidelberg. En fait elles étaient trois sœurs, toutes belles (leur père les appelait, bien sûr, les trois Grâces, et Lawrence, plus poétiquement, The Goddesses Three), ont vécu dans leur jeunesse à Metz et avaient pour mère une Allemande du Sud, de la Forêt Noire, aux origines françaises (des aristocrates ayant fui la Révolution), plus libérale, probablement plus cultivée dans un sens classique et plus forte que son mari. Martin Green nous fait un tableau détaillé de tous les cercles intellectuels et artistiques qui tournent autour de cette Else, la sœur aînée, beaucoup plus sérieuse et studieuse que Frieda, mais qui a quand même été, non seulement l’élève, mais aussi la maîtresse du grand sociologue Max Weber, ainsi que celle de son frère Alfred, a épousé un autre intellectuel, membre d’une riche famille juive, Edgar Jaffe, puis, après la mort de celui-ci, a vécu avec Alfred Weber. Quand Edgar Jaffe a été nommé professeur à l’Université de Munich, Else est passée du cercle de Heidelberg à ceux de Munich et de Schwabing. On y trouve beaucoup de figures connues, Otto Gross, le grand chantre de la liberté sexuelle (Wilhelm Reich est un de ses héritiers) et qui a d’ailleurs eu une relation avec Frieda, avant Lawrence.

Il est possible que les idées du cercle de Schwabing aient renforcé sa propre position sur la sexualité mais je crois qu’elle était déjà formée en grande partie avant cela. Et puis elle n’avait rien de commun avec la liberté sexuelle tous azimuts d’Otto Gross. Lawrence était resté un puritain. Frieda le confirme dans sa préface à la première version de Lady Chatterley. Il n’y a qu’un Anglais qui pouvait écrire un tel livre, dit-elle. C’est le summum du puritanisme. Lawrence croyait au mariage, au couple, à la durée mais à l’accomplissement des êtres dans leur couple par la sexualité. Et il refusait d’être pris pour un mystique de l’érotisme (Frieda le confirme encore dans la même préface).


Autres romans et nouvelles

N° 0713 D. H. Lawrence :  Sons and Lovers , édit. Wilhelm Heinemann, Londres, 1966 (hard cover)

N° 0714 D. H. Lawrence :  The Trespasser , introduction : Richard Aldington, édit. Wilhelm Heinemann, Londres, 1955 (hard cover)

N° 0718 D. H. Lawrence :  The Rainbow , Penguin Books, 1970

N° 3931 D. H. Lawrence :  Etreintes aux champs et autres nouvelles , édit. Le Bruit du Temps, 2009

N° 0715 D. H. Lawrence :  La Princesse , suivi de  La Fille du Marchand de chevaux , traduction de Pierre Leyris, Mercure de France, 1968

N° 0712 D. H. Lawrence :  The Plumed Serpent , édit. Wilhelm Heinemann, Londres, 1955 (hard cover)


Relations de voyage et essais

N° 3932 D. H. Lawrence :  Twilight in Italy , B. W. Huebsch, New-York, 1916 (hard cover)

Contient :  The Crucifix across the Mountains ,  On the Lago di Garda ,  Italians in exile  et  The return journey .

N° 0717 D. H. Lawrence :  Mornings in Mexico – Etruscan Places , Penguin Books, 1974

Lawrence a passé plus de deux ans au Mexique et au Nouveau Mexique (d’où il a aussi rapporté le Serpent à Plumes, mais je n’aime pas trop la soumission de Kate, l’Irlandaise, aux mâles mexicains et la mystique des anciens dieux précolombiens). Les deux études sont très belles. Réflexions sur les civilisations disparues, sur la raison de leur déclin. Et une grande sympathie, intuitive pour ces peuples, les vivants comme les morts.