Voyage autour
de ma Bibliothèque

Liste 29 : Littérature arabe

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Histoires des littératures


N° 1486 Claude Huart :  Littérature arabe , Armand Colin, 1902 (Reliure demi-cuir dos et coins de l’éditeur, dos orné et doré)

Claude Huart a été professeur à l'Ecole de Langues'O. C’est la première histoire de littérature arabe parue en français. Huart rend hommage aux Allemands Brockelmann et Hammer-Purgstall, ainsi qu’à l’italien Filippo de Bardi mais ne mentionne guère les travaux de Chauvin. Son Histoire commence avec la poésie anté-islamique et se termine au XIXème siècle.


N° 1487 Dr. C. Brockelmann :  Geschichte der arabischen Literatur , C. F. Amelangs Verlag, Leipzig, 1901 (Relié dos et coins cuir, 4 nervures, titres dorés)

L’ouvrage contient également  l’Histoire de la littérature persane  du Professeur Paul Horn (voir Liste 26 : Littérature persane classique et iranienne moderne). Le Dr. Brockelmann était Professeur à l’Université de Breslau. Son Histoire va également de la poésie pré-islamique jusqu’au XIXème siècle. Il a également publié une œuvre plus vaste : cinq volumes, parus chez Brill à Leyden.


N° 1117 - 1120 Victor Chauvin :  Bibliographie des Ouvrages Arabes ou relatifs aux Arabes publiés dans l’Europe Chrétienne de 1810 à 1885 , édit. Institut du Monde Arabe, fac-simile de l’édition de l’Imprimerie H. Vaillant-Carmanne, Liège, 1892. (4 volumes reliés toile)

J’ai déjà mentionné Victor Chauvin à propos des  Mille et une Nuits  (voir Liste 27). Sa vie et sa passion valent d’être contées. Docteur en droit, il est inscrit au barreau de Liège tout en poursuivant pour son plaisir personnel l’étude de l’hébreu et de l’arabe. Avec un tel succès que son maître à l’Université de Liège lui propose de lui succéder. Chauvin démissionne du barreau - à 28 ans - et va consacrer 40 ans de sa vie à l’enseignement des deux langues sémitiques tout en se lançant dans une oeuvre de Titan. Il va en effet accumuler pendant trente ans notes, fiches et commentaires sur tout ce qui est répertorié dans la période considérée. En 1892 il commence à publier : d’abord des proverbes, puis le Tome II, déjà, va faire sensation : une incroyable documentation sur les fables indiennes de  Kalila et Dimna  traduites en arabe par Ibn al-Maqaffa’ et dont La Fontaine a connu une traduction en français. Le tome III cite d’autres fables avec leurs interférences avec toutes les langues du Moyen-Orient, mais aussi  le roman d’Antar , les romans de chevalerie et leurs influences sur l’Occident. Les tomes IV, V, VI et VII vont être consacrés presque entièrement aux  Mille et une Nuits  ! Le tome IX, autre sensation, est consacré aux contes traduits de l’arabe par le juif espagnol Pierre Alphonse. Enfin les tomes X, XI et XII (ce dernier terminé sur la base de ses notes par ses disciples) sont consacrés à Mahomet et à l’Islam. Car Chauvin meurt malheureusement en 1913. Et pourtant il avait annoncé une oeuvre beaucoup plus gigantesque encore, qu’il avait d’ailleurs commencée : l’étude bibliographique du droit, de l’histoire, de la géographie, de la numismatique, du commerce, de la philosophie, de la médecine, des sciences, des arts, de la littérature arabe des chrétiens, des juifs, des samaritains ! Cet homme était un géant. Un géant abattu trop tôt.


 Période ancienne et classique 


N° 4160 Al-Hamadhâni :  La Parole est d'Or , Sindbad, 2012

Sous-titre: Séances et stations d'un poète itinérant. L'auteur est un Iranien, Badî' al-Zamân al-Hamadhânî, né à Hamadhân en 967 et mort en 1008. Il est l'inventeur d'un genre à part, la maqâma ou séance. Un des grands maîtres de la prose arabe. Il s'agit d'une historiette picaresque en prose rimée, dialogue de deux personnages, un naïf et un rusé.


N° 1985 Ibn al-Muqaffa :  Le Livre de Kalila et Dimna , traduction André Miquel, Klincksieck, 1980

Cet ouvrage est la réédition de la traduction parue en 1957 et effectuée par André Miquel, Professeur au Collège de France. Dans une longue préface André Miquel fait d’abord l’histoire des origines de ces fables qui nous viennent d’Inde. Quant à l’auteur de cette version arabe c’est un noble Iranien, converti tardivement à l’Islam et mort plutôt jeune, probablement de façon violente, en 756 de notre ère.


N° 3119  Majnûn, L’amour Poème , choix de poèmes traduits de l’arabe et présentés par André Miquel, édit. Sindbad - Actes Sud, Arles, 1999.

L’histoire de Majnûn est connue : deux enfants d’une tribu bédouine gardent les troupeaux ensemble quand ils sont petits, deviennent inséparables, s’aiment, mais quand le père du garçon demande la main de la fille, le père de Leylâ la lui refuse sous le prétexte que leur amour s’étant trop affiché publiquement cela serait contraire aux moeurs de la tribu. Le garçon, en pèlerinage à La Mecque, au lieu d’implorer Allah de le guérir de son amour, lui demande de le lui conserver pour toujours; il devient un fou d’amour. André Miquel a rassemblé divers textes poétiques arabes qui racontent cette histoire.

Voir, pour Majnoûn et Antar, mon site Carnets d'un dilettanteL'amour bédouin (Majnoûn et Antar).


N° 3117 Abû-Nuwâs :  Le vin, le vent, la vie , poèmes traduits et présentés par Vincent-Mansour Monteil, calligraphies de Hassan Massoudy, Sindbad, 1998

Le « plus grand poète arabe », né vers 757 et mort à Bagdad vers 815, est irrémédiablement pédéraste, mais il n’empêche, ses poèmes érotiques sont bien plaisants.


N° 3118 Abû L’’Atâhiya :  Poèmes de vie et de mort , traduits, présentés et annotés par André Miquel, Sindbad, 2000

Il est né à Kufa en 748, et lui aussi mourra à Bagdad, en l’an 826. Longtemps il célèbre le vin et l’amour et puis, soudain, bascule. Pendant ses dernières 25 années il devient sérieux, Il médite sur la mort, sur la pérennité des choses, il exhorte même à chercher le salut éternel. Et, pourtant, certains de ses quatrains vous frappent, comme celui-ci :

«Ta vie ? Un souffle après l’autre, et tous comptés!

«Chacun d’eux, en passant, la réduit pièce à pièce.  

«A chaque instant tu meurs de vivre, et l’on te presse,

«Et ce chamelier-là ne sait pas plaisanter.

Ces trois petits livres de poésie arabe, tous traduits par André Miquel, sont présentés ensemble par l’éditeur dans une boîte joliment décorée.

Pour Majnoûn (et Antar et les poètes arabes) voir mon Voyage autour de ma Bibliothèque, Tome 2 : L'âge d'or arabo-persan.


N° 4733 Mutanabbî : Le Livre des Sabres, édition bilingue, traduction, présentation et notes par Patrick Mégarbané et Hoa Hoï Vuong, Sindbad, 2012

Borgès, en parlant du traducteur des Mille et une Nuits, Richard Burton, qui était aussi explorateur et anthropologue, trouvait qu’il pourrait assumer avec superbe les vers du Divan d’al-Motanabi : « Le cheval, le désert et la nuit me connaissent - Et l’hôte et l’épée, le papier et la plume ». Et bien le voilà, ce Mutanabbî, poète arabe, né en 915 à Kufa, tué en 965 après avoir vécu en Egypte et en Syrie, poète errant, fier, frappant ses adversaires, grand par l'ampleur de ses odes. Le sabre a marqué toute son existence. Très belle traduction en vers par un duo : Patrick Mégarbané, d'origine syrienne, Polytechnicien et Universitaire (Sorbonne et Damas) et Hoa Hoï Vuong, Normalien et docteur ès lettres.


N° 4160 Hamadhânî :  La Parole est d’or , séances et stations d’un poète itin érant, texte établi, annoté et traduit par Philippe Vigreux, Sindbad, 2012

Encore un Iranien qui écrit en arabe, au point même d’être considéré comme l’un des grands maîtres de la prose arabe. Et même l’inventeur d’un genre à part, nous dit l’éditeur, la maqâma, traduit généralement par séance. Il est né en 967 à Hamadhân et mort à Herât en 1008.


N° 2794-97  Aventures d’Antar, Roman Arabe , trad. française par M. de Hammer, publiée par M. Poujoulat, édit. Amyot, Paris, 1868-69. Je dispose des quatre premiers volumes que l’éditeur appelle des feuilletons. Il devait en publier dix.

N° 3128 Driss Cherkaoui :  Le Roman de ‘Antar, Perspective littéraire et historique , édit. Présence Africaine, Paris-Dakar, 2001.

N° 3252  Les Aventures d'Antar, fils de Cheddad , roman arabe des temps anté-islamiques, traduit par L. Marcel Devic, Ernest Ledoux, Paris, 1878 (Reliure plein cuir, signée A. Durand)

Il s'agit de la deuxième édition de la traduction de Marcel Devic signalée par Chauvin. Dans sa préface Devic retrace l'histoire du roman et fait remonter sa version écrite à un médecin du XIIème siècle, Abou'l-Moayyed Mohammed. Ce volume contient également  Antar  de Lamartine dans une nouvelle édition parue chez Calman Lévy, ancienne Maison Michel Lévy, Paris, 1864.

C'est cette traduction de Marcel Devic qui a été utilisée par l'éditeur Piazza pour une publication folio illustrée superbement par l'Orientaliste Etienne Dinet en 1898 et qui a été montrée lors de l'exposition consacrée à Dinet organisée en 2024 à l'Institut du Monde Arabe de Paris.

N° 2552 Bernhard Heller :  Die Bedeutung des arabischen Antar-Romanes für die vergleichende Literaturkunde , Hermann Eichblatt Verlag, Leipzig, 1931

(Concerne le  Roman d'Antar  et ses avatars. Heller était professeur à l'Université rabbinique de Budapest)

Antar est un bâtard né d’une esclave noire et d’un seigneur de la tribu des Béni-Abs. Il est lui-même noir et esclave, tombe malgré tout amoureux de sa cousine Abla, devient un guerrier colossal. Après de nombreuses aventures il obtient d’abord d’être adopté par son père et, beaucoup plus tard, de se voir accorder par son oncle - du bout des lèvres - la main d’Abla. Mais son oncle ne renonce jamais, cherche à se débarrasser de lui et à marier sa fille à d’autres prétendants. Tout le poème n’est qu’une longue suite de combats, de razzias et de guerres. 

L’érudit Caussin de Perceval a dit que cette histoire « c’est l’Iliade des Arabes » ! Alors comment cela se fait-il que l’on ne trouve aucune édition complète de ces manuscrits ? De ceux que Cardin de Cardonne a paraît-il rapportés de Constantinople à Paris, ou de ceux qui se trouvaient, d’après Poujoulat, à la Bibliothèque Impériale de Vienne et que von Hammer avait rapportés du Caire en 1802 ? Mystère ! Chauvin n’avait indiqué que deux éditions, une traduction partielle faite par Tarrick Hamilton (que j’ai vue à Delhi, sans pouvoir l’acheter) et puis celle de l’orientaliste autrichien von Hammer-Purgstall. Driss Cherkaoui qui a traité des relations du texte avec l’histoire et avec d’autres romans populaires arabes dans une thèse de doctorat et qui, bizarrement, ne semble pas connaître la traduction de von Hammer, indique pourtant que d’autres traductions partielles ont paru récemment en Angleterre (Diana Richmond et H. T. Norris).
Pour Antar voir mon Voyage autour de ma Bibliothèque, Tome 2 : L'âge d'or arabo-persan. Voir aussi, pour Antar et Majnoûn, mon site Carnets d'un dilettanteAmour bédouin (Majnoûn et Antar).


N° 1431  Le Livre des Ruses, la stratégie politique des Arabes , traduction intégrale sur les manuscrits originaux par René R. Khawam, Phébus, 1976 (Relié demi-cuir, dos lisse, dorures)

L’auteur est anonyme. René khawam pense qu’il a vécu à la fin du XIIIème siècle ou au début du siècle suivant.


N° 3001  Roman de Baïbars :   Les enfances de Baïbars , traduit et annoté par Georges Bohas et Jean-Patrick Guillaume, Sindbad, 1985

Baïbars était un personnage réel : c’était un mamelouk qui régna sur Le Caire et Damas au XIIIème siècle et qui a réussi à arrêter l’invasion mongole. Le Roman de Baïbars, par contre, est devenu une narration légendaire, populaire. Les deux traducteurs ont été aidés par Chafîq Imâm, ancien Conservateur des Arts et traditions populaires de Damas, qui a collecté les manuscrits du Roman. Sa traduction complète devrait comporter une soixantaine de volumes, 36000 pages !

N° 3002  Roman de Baïbars, 2 : Fleur des Truands , traduit et annoté par Georges Bohas et Jean-Patrick Guillaume, Sindbad-Poche (Babel), 1998 


 Période moderne 


Irak


N° 1366 Fouad al-Takarli :  Les Voix de l’Aube , Traduction Martine Faideau et Rachida Turki, avec la collaboration de l’auteur, Jean-Claude Lattès, 1985 (Relié toile)

Ce roman qui est un véritable chef d’œuvre est le premier roman irakien jamais traduit en français. C’est aussi le premier roman arabe publié dans la nouvelle collection arabe de l’éditeur Jean-Claude Lattès (une collection qui n’a pas duré bien longtemps, hélas).Tout se joue en vase clos à l'intérieur d'une de ces vastes maisons arabes entourant complètement une cour intérieure. Une fille arrive de la Province. Le fils aîné en tombe éperdument amoureux et l'épouse. Lors de la nuit de noces, il découvre qu'elle n'est plus vierge. Malheureux, choqué, il s'enfuit. Un ressort dramatique entièrement lié aux mœurs islamiques. Mais un drame traité avec beaucoup de modernité. Dans le style d'abord. Chaque épisode est raconté par un protagoniste différent, la fille, le garçon, mais aussi par d'autres témoins, le jeune frère surtout. Dans l'accent mis aussi sur l'impossibilité de communiquer entre les êtres. La fille clame son innocence (violée dans sa jeunesse), n'y comprend rien, souffre puis se durcit. Chez le garçon, au contraire, l'amour, la tendresse prennent progressivement le dessus sur la rancœur, mais lorsqu'il veut revenir, il est trop tard. Il meurt dans les émeutes qui renversent Kacem, et la fille ne saura jamais rien de son repentir.

Voir, pour ce magnifique roman mon Voyage autour de ma Bibliothèque, Tome 1 : Littérature méditerranéenne.


Egypte


N° 1372 Naguib Mahfouz :  Impasse des deux Palais , édit. Jean-Claude Lattès, Paris, 1985. (Relié toile)

N° 1373 Naguib Mahfouz :  Palais du Désir , édit. Jean-Claude Lattès, Paris, 1987. (Relié toile)

N° 1374 Naguib Mahfouz :  Le Jardin du Passé , édit. Jean-Claude Lattès, Paris, 1989. (Relié toile)

N° 1376 Naguib Mahfouz :  Passage des Miracles , édit. Sindbad, Paris, 1988. (Relié toile)

N° 1378 Naguib Mahfouz :  Le Voleur et les Chiens , édit. Sindbad, Paris, 1988. (Relié toile)

N° 1375 Naguib Mahfouz :  Récits de notre Quartier , édit. Sindbad, Paris, 1988. (Relié toile)

N° 1377 Naguib Mahfouz :  Les Fils de la Médina , édit. Sindbad, Paris, 1991. (Relié toile)

N° 1379 Naguib Mahfouz:  La Chanson des Gueux , épopée, édit. Denoël, Paris, 1989. (Relié toile)

Mahfouz est probablement l’écrivain égyptien le plus connu en France à l’instar de son collègue cinéaste Chahine. Comme Chahine il aime la joie de vivre et se bat contre l’intégrisme.  La trilogie de l’Impasse des deux Palais  est son oeuvre majeure. C’est une fresque familiale qui est en même temps historique puisqu’elle se passe au moment du soulèvement contre les Anglais et que le fils préféré du patriarche, l’intellectuel Fahmi, est tué lors d’une manifestation pacifique. Mais c’est aussi une critique sociale. Voyez quel est le rôle de la mère : celui d'une bonniche enfermée dans sa maison, tout juste bonne pour enlever les babouches de son mari lorsqu'il rentre le soir noyé dans les vapeurs de l'alcool et les senteurs de l'almée.

L’Islamiste Jacques Berque qui préface  les Fils de la Médina  voit dans cet ouvrage le chef-d’oeuvre de Mahfouz. Je ne partage pas du tout cette opinion. Non, moi je préfère de loin les  Récits de notre Quartier  (souvenirs d’enfance racontés avec beaucoup de nostalgie),  le Passage des Miracles  (l’histoire d’une jeune fille et à nouveau d’un vieux quartier du Caire avec tous ses petits métiers),  le Voleur et les Chiens  (une histoire dramatique: la révolte d’un homme trahi par ses amis, sa femme, sa fille et qui se termine par la mort dans un cimetière). Ces oeuvres montrent que Mahfouz est capable de varier les genres et les styles. Il est bien le père du roman égyptien.


N° 1368 Youssef Idris :  la Sirène , édit. Sindbad, Paris, 1986. (Relié toile)

N° 1369 Youssef Idris :  le Tabou , édit. Jean-Claude Lattès, Paris, 1987. (Relié toile)

N° 1367 Sonallah Ibrahim :  Etoile d’août , édit. Sindbad, Paris, 1987. (Relié toile)

N° 2914 Sonallah Ibrahim :  Charaf ou l’Honneur , édit. Sindbad-Actes Sud, Arles, 1999.

N° 1380 Youssef Al-Qaïd :  Masri, l’Homme du Delta , édit. Jean-Claude Lattès, Paris, 1990. (Relié toile)

N° 1381 Tayeb Salih :  Bandarchâh , édit. Sindbad, Paris, 1985. (Relié toile)

Youssef Idris est médecin comme Arthur Schnitzler. Et comme son lointain collègue autrichien il aime explorer les fantasmes. Et comme lui il est le maître de la nouvelle. Sonallah Ibrahim est très engagé politiquement. Il a fait déjà de la prison sous Nasser.  Etoile d’août  est probablement un peu autobiographique et raconte l’histoire d’un homme qui vient d’être libéré de prison et visite le chantier titanesque du Grand Barrage (omniprésence des Russes, engins monstrueux) et celui d’Abou Simbel où l’on démonte les statues de Ramsès II. Dans  Charouf ou l’Honneur  on fustige l’affairisme sous Sadate et on y reparle des prisons.  L’Homme du Delta  est encore une histoire politique, celle d’un riche maire qui le jour même où il réussit à récupérer les terres que Nasser lui avait confisquées en 1954 lors de la grande réforme agraire, reçoit également une convocation au service militaire du fils, veule et paresseux, de sa femme préférée. Il réussit à y substituer le fils d’un paysan pauvre qui va mourir à la guerre.  Bandarchâh  est un très beau roman. L’atmosphère est mystérieuse, même quelquefois un peu fantastique. Les personnages et les discours sont imprégnés par le Coran. Cela se passe dans un village nubien niché dans une courbe du Fleuve, un fleuve omniprésent et souvent inquiétant. L’histoire est tissée de légendes du passé et baigne dans la nostalgie. Une très belle écriture.


N° 2090 Taha Hussein :  Le Livre des Jours , traduction Jean Lecerf, édit. Excelsior, Paris, 1934. (Relié au Caire)

N° 3087 Taha Hussein :  Le Livre des Jours, 1ère partie  (trad. Jean Lecerf)  et 2ème partie  (trad. Gaston Wiet), préface André Gide, édit. L’Imaginaire/Gallimard, Paris, 1998.

N° 2129 Taha Hussein :  La Traversée Intérieure , préface d’Etiemble, édit. Gallimard, Paris, 1992.

N° 2257 Raymond Francis :  Taha Hussein romancier , édit. Al-Maaref, Le Caire, 1945. (Relié toile)

N° 2091 Taha Hussein :  L’Appel du Karaouan , traduction et préface de Raymond Francis, lecteur à l’Université du Caire (le roman dans la littérature arabe), édit. Denoël, Paris. (Relié demi-cuir, dos lisse)

N° 2503 Taha Hussein :  Au-delà du Nil , présentation de Jacques Berque, édit. Gallimard-Connaissance de l’Orient, Paris, 1990.

N° 2258 Taha Hussein :  La Grande Epreuve - Uthmân , édit. Libr. Philosophique J. Vrin, Paris, 1974.

Quelle trajectoire que celle de Taha Hussein! Né dans un village de Moyenne-Egypte, d’un père fonctionnaire modeste et d’une mère superstitieuse, perdant la vue dès l’âge de 3 ans des suites d’une conjonctivite mal soignée, il réussit néanmoins à pouvoir suivre les cours de la Grande Mosquée, El Azhar, puis entre dans la toute nouvelle Université laïque du Caire, obtient une bourse pour la France, débarque à Montpellier, y trouve une lectrice «à la voix douce», qu’il finira par épouser quelques années plus tard et qui va rester sa compagne et sa collaboratrice pour le restant de ses jours, puis, déménage à Paris pour suivre les cours de la Sorbonne, revient grâce à la France à l’héritage grec et latin, complètement négligé dans l’enseignement égyptien, apprend le Braille pour mieux apprendre le grec, s’intéresse à la toute nouvelle science de la sociologie enseignée alors par Durkheim, prétend que cette science était déjà connue par les érudits arabes et pratiquée par le Tunisien Ibn Khaldûn, devient finalement docteur de la Sorbonne en passant avec brio une thèse sur ce même Ibn Khaldûn devient professeur puis doyen de la Faculté des Lettres de l’Université du Caire, est chargé un peu plus tard de créer l’Université d’Alexandrie (1942) dont il est nommé recteur avant de devenir en 1950 Ministre de l’Education Nationale ! Quand il meurt en 1973 à l’âge de 84 ans, le Journal de Genève titre son article nécrologique : « Taha Hussein : un enfant aveugle devenu le guide d’une nation ».

 L’Appel du Karaouan  est un petit joyau, malheureusement bâti une fois de plus sur le malheur de la femme en Islam. Son autobiographie a été tout de suite un succès mondial, traduit dans de nombreuses langues. La seconde partie du  Livre des Jours , parue en 1947, a été préfacée par André Gide et la dernière partie,  La Traversée Intérieure , par Etiemble.


Voir pour tous ces écrivains égyptiens (Mahfouz, Taha Hussein, Idris, etc.) mon Voyage autour de ma Bibliothèque, Tome 1 : Littérature méditerranéenne.


N° 2995 Edouard Al-Kharrat :  Les Pierres de Bobello , traduction Jean-Pierre Milelli, Sindbad, 1999

Ecrivain copte né en 1926 à Alexandrie. Très poétique.


N° 4310 Latifa Al-Zayyat :  The open door , Hoopoe, Le Caire/New-York, 2017

Latifa Zayyat est une écrivaine féministe. Bio et traduction par Marilyn Booth. Histoire d'une jeune Egyptienne entre 1946 et 1956 (de l'âge de 11 ans à celui de 21) entre les premières manifs anti-anglaises et l'avènement de Nasser. Evolution individuelle parallèle entre féminisme et nationalisme.

N° 4314 Latifa Al-Zayyat :  Perquisition! - Carnets intimes , Sindbad-Actes Sud, Arles, 1996

Fragments de mémoires et réflexions de l'auteure du roman :  The open Door . Expérience amoureuse (deux mariages et divorces) et combattante politique (deux fois en prison).
Pour Latifa al-Zayyat voir mon Bloc-notes 2019Trois féministes égyptiennes.


N° 4609 Nawal El Saadawi :  Memoirs of a Woman Doctor , traduit de l’arabe par Catherine Cobham, édit. Saqi, Londres, 2019

N° 4610 Nawal El Saadawi :  A Daughter of Isis, the early life of Nawal El Saadawi, in her own words , traduit de l’arabe par Sherif Hetata, son 3 ème  mari, édit. ZED Books, Londres, 2018

Nawal El-Saadawi (1931 – 2021) est médecin, écrivaine et féministe égyptienne.  A Daughter of Isis  est son autobiographie depuis son enfance jusqu’à la fin de ses études de médecine. Voir aussi son étude  La Femme et le Sexe  dans la liste 58 : Ethnologie et Sociologie : 1 – Etudes générales et thématiques sous la rubrique Genre.
Pour Nawal El Saadawi voir mon Bloc-notes 2021Une quatrième féministe égyptienne.                                       


N° 3684 Alaa El Aswany :  L'Immeuble Yacoubian , Actes Sud, 2006

Un bestseller international  

N° 4326 Alaa El Aswany :  J'ai couru vers le Nil  : Actes Sud, 2018

(Relation de la révolution égyptienne par l'auteur de l'Immeuble Yacoubian.)

A propos de ce dernier livre voir mon Bloc-notes 2019Femmes vs Islam (suite).



Jordanie


N° 4292 Abdul Rahman Mounif :  Une ville dans la mémoire – Amman , Sindbad/Actes Sud, 1996

(Ecrivain jordanien, né en 1933, à Amman. Evoque la ville de son enfance entre 1930 et 1940).
Ce roman était évoqué par l'écrivain-journaliste israélien Benny Ziffer, voir mon Bloc-notes 2018Un Levantin israélien (Benny Ziffer).


Liban


N° 1370 Elias Khoury :  Un Parfum de Paradis , édit. Arléa, Paris, 1981.

Contrairement à Andrée Chedid qui est née au Caire et écrit en français (et dont le N° 0347  La Maison sans Racines, édit. Flammarion , Paris, 1985, est classé avec la littérature francophone), Elias Khoury est né à Beyrouth et écrit en arabe. Tous les deux parlent de la guerre et moi je n’ai pas envie d’en parler. J’ai trop vu la souffrance de mes amis libanais, la honte aussi de cette folie, de ce déferlement de haine dont ils ne soupçonnaient pas l’existence.)

Quant aux livres du Libanais Amin Maalouf, devenu Académicien français, ils sont également rangés (et listés) avec ceux de la littérature francophone. Il en est d’ailleurs de même de l’Algérien Kateb Yacine ( Le Polygone étoilé ).


N° 2994 Hassan Daoud :  L’Immeuble de Mathilde , traduction Youssef Seddik, Sindbad, 1998

Un immeuble à Beyrouth pendant la guerre…




Syrie


N° 4629 Samar Yazbek :  Les portes du néant , Stock, 2016

Ecrivaine et journaliste syrienne. Témoignage sur la situation terrible et sans espoir des opposants à Bachar-al-Assad. Et sur la progression des islamistes parmi eux.


Tunisie


N° 1371 Béchir Khraïef :  La Terre des Passions Brûlées , édit. Jean-Claude Lattès, Paris, 1986.

 La Terre des Passions Brûlées  est encore un très beau roman publié par Jean-Claude Lattès. C’est un roman tragique qui se passe dans le sud tunisien, le pays des oasis et des phosphates. Il se compose de trois histoires: celle de la mère, Khadidja, victime de la bagarre entre son frère et son mari, celle du fils, Mekki, leader syndical lors des émeutes dans les mines mais qui se laisse aller à la débauche, et celle de sa cousine, Atra, qui veuve de Mekki, aura une nuit d’amour, une seule, sur une terrasse, baignée des sons d’une chanson lancinante, au loin, avant de finir dans le désespoir et la mort.
Pour ce très beau roman tunisien voir mon Voyage autour de ma Bibliothèque, Tome 1 : Littérature méditerranéenne.


Algérie


N° 2888 Yasmina Khadra :  Morituri , édit. Baleine, Paris, 1997.

N° 2889 Yasmina Khadra :  Double Blanc , édit. Baleine, Paris, 1997.

N° 2890 Yasmina Khadra :  L’Automne des Chimères , édit. Baleine, Paris, 1998.

N° 2891 Yasmina Khadra :  A quoi rêvent les loups , édit. Julliard, Paris, 1999.

N° 3058 Yasmina Khadra :  L’Ecrivain , édit. Julliard, Paris, 2001.

N° 4444 Yasmina Khadra :  Ce que le jour doit à la nuit , Julliard, 2008

N° 2862 Y. B. :  L’Explication , édit. J.C. Lattès, Paris, 1999.

La publication des trois enquêtes du commissaire Llob (classées avec mes livres de littérature policière), a constitué un événement. L’auteur avait visiblement quelque chose à dire. Il semblait avoir été directement impliqué, même s’il apparaissait sous le nom d’une femme. Il crie son horreur des crimes commis par les fous de Dieu mais fustige aussi toute la Maffia politico-financière qui en tire profit. Dans  l’Ecrivain  Yasmina Khadra se découvre: c’est un homme, un militaire. L’histoire est assez émouvante. Très jeune, son père, un ancien de la guerre de libération, avec lequel il est pourtant très lié, le place dans une école de cadets et abandonne sa mère. Le garçon dans ce milieu très dur trouve pourtant sa vocation: découverte de la langue française, volonté de devenir un écrivain. Avec  Ce que le jour doit à la nuit , Khadra, déjà célèbre, après avoir publié Les Hirondelles de Kaboul et les Sirènes de Bagdad, revient à l’Algérie, la coloniale, avec un beau roman d’amour par-delà les communautés divisées.

Aujourd’hui il est de bon ton dans certains milieux de gauche français de mettre dans le même sac les militaires et les islamistes, le gouvernement et le GIA. Cela me choque profondément, même si Y. B., un journaliste opposant, semble aller dans ce sens, mais ses explications sont tellement aberrantes, tellement tirées par les cheveux (il revient aux sectes ismaélites, aux assassins du Vieux de la Montagne, etc.) qu’elles se détruisent elles-mêmes.
Pour Khadra voir mon Voyage autour ma Bibliothèque, Tome 1 : Littérature méditerranéenne (même si Khadra devrait être inclus dans la littérature francophone).


Lybie


N° 4305 Hisham Matar :  La terre qui les sépare , Gallimard, 2017

Hisham Matar est anglo-libyen. Ce récit est la chronique douloureuse de la disparition de son père, intellectuel et opposant libyen qui a été enlevé au Caire par la police secrète de Kadhafi avec l'aide de la police secrète égyptienne, puis a disparu dans les geôles de Kadhafi. Réflexions sur la relation père-fils. Matar écrit en anglais.

Encore un roman évoqué par l'écrivain-journaliste Benny Ziffer, voir mon Bloc-notes 2018Un Levantin israélien (Benny Ziffer).