Voyage autour
de ma Bibliothèque

Liste 44 : Littérature anglophone et d’aventures : Lafcadio Hearn

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Voir aussi sur mon site  Voyage autour de ma Bibliothèque , Tome 3 :    Lafcadio Hearn  


Biographie

N° 0676 Jonathan Cott :  Une âme errante, la vie de Lafcadio Hearn , édit. Mercure de France, 1993.

N° 0677-78 Elizabeth Bisland :  The Life and Letters of Lafcadio  Hearn, édit. Archibald Constable & Co, Londres - Houghton Mifflin & Co, Boston/New-York, 1907.

Cela commence comme un conte de la mythologie grecque : un médecin militaire britannique séduit une jeune Grecque dans l’île bucolique de Cythère, là où Aphrodite est sortie des eaux et où Paris s’est réfugié avec la belle Hélène avant de rejoindre Troie. Le père de la jeune Grecque, lorsqu’il la voit enceinte, se fâche car il ne croit plus aux interventions des dieux dans ce domaine. Le frère de la Grecque, en bon Méditerranéen, poignarde le toubib séducteur et le laisse à demi mort sur le pavé. La Grecque s’enfuit de chez elle, emporte le toubib tout sanglant encore jusqu’à une grotte dans la montagne, le soigne et le sauve. Puis le médecin est muté dans une autre île, l’île de Leucade (Lafcadio), il y emmène sa Grecque, l’épouse en secret, puis, après lui avoir fait un deuxième enfant, le fameux Lafcadio, (le premier va mourir bientôt), s’en va dans les Indes, sans informer ses supérieurs qu’il est marié.

Plus tard le jeune Lafcadio est ramené en Irlande où cela se passe mal, ne verra plus ni père ni mère, est renvoyé en Amérique où il meurt de faim et est recueilli par un imprimeur libertaire et anarchiste, Henri Watkins. A Cincinnati


Cincinnati

N° 1279 Lafcadio Hearn :  Selected Writings, 1872 - 1877 , edited and compiled by WM. S. Johnson, édit. Woodruff Publications, Indianapolis, 1979. 

Il s’agit d’articles parus dans le Cincinnati Enquirer et le Cincinnati Commercial.

N° 0684  Letters from the Raven, being the correspondence of Lafcadio Hearn with Henry Watkin , with introduction and critical comment by Milton Bronner, édit. Albert and Charles Boni, New-York, 1930.

A Cincinnati où Watkins devient son père d’adoption et où il devient un journaliste de faits divers absolument brillant. Dans la lignée de Poe, voir les titres de ses articles :  Aesthetics of Hanging ,  Possession of the Devil ,  Anthropophages ,  The Century’s Crime ,  Ghouls and Graveyards ,  Cremation ,  Barbarous Barbers ,  the Dance of Death  (une histoire de dissection),  Tombstones ,  Halloween ,  The Restless Dead ,  Violent Cremation  (un crime où la victime est jetée dans le four d’une tannerie),  Madhouse Horrors  (un sain d’esprit enfermé dans un asile de fous),  Notes on the Utilization of Human Remains ,  Embalming a Corpse ,  Skulls and Skelletons , etc. Mais il publie aussi beaucoup de reportages sociaux sur les faubourgs où vivent les Noirs ( Pariah People .  Outcast Life by Night in the East End ), sur les exclus qui vivent de ce qu’ils ramassent sur les tas d’ordures ( Les Chiffonniers  - en français dans le texte), sur les gens qui profitent de la misère au nom de la religion ( Verdancy and Villainy .  Grinning Fraud under the Mask of Philanthropy ). Et finit par épouser une Noire. Ce qui lui coûte son job. Et l’oblige à voir ailleurs.

La Nouvelle Orléans

N° 1127  Editorials by Lafcadio Hearn , edited by Charles Woodward Hutson, édit. Houghton Mifflin Company, Boston/New-York, 1926. 

Articles parus dans les journaux Item et Times-Democrat de La Nouvelle Orléans.

Quand il arrive dans la capitale de la Louisiane, en 1878, celle-ci a encore un parfum bien français. On le voit dans ses articles dont beaucoup parlent de la France : comptes rendus d’articles de presse française, le boycott organisé par l’Eglise catholique contre Sarah Bernhardt au Québec ( Canada vs. Bernhardt ), la manière dont Baudelaire a traduit Poe (et curieusement - toujours son penchant pour le lugubre - c’est la traduction des mots ghastly, hideous, sinister, qui éveillent son intérêt), la sensualité avec laquelle est décrit l’amour dans la littérature française contemporaine ( The Sexual Idea in French Literature ), etc. Il se lance d’ailleurs dans la traduction de romans français : Théophile Gautier. Plus tard Pierre Loti.

N° 1558 Gombo Zhèbes,  Little Dictionary of Creole Proverbs, selected from six creole dialects , translated into French and English, with notes, index and remarks upon the creole idioms of Louisiana, by Lafcadio Hearn, édit. Will H. Coleman, New-York, 1885 – reprint

Il se lance à nouveau avec délice dans l’exploration des populations noires et métisses et fait une véritable oeuvre d’ethnologue et de linguiste en recueillant des proverbes créoles. Il s’intéresse d’ailleurs également à la cuisine créole et au Vaudou.

N° 1126 Lafcadio Hearn :  Chita, a Memory of Last Island , édit. Harper & Brothers, New-York, 1889

C’est une histoire véridique, un raz de marée dévastant une île, que Lafcadio tient le sujet de son premier roman, le charmant et romantique  Chita .

N° 0683 Lafcadio Hearn :  Some Chinese Ghosts , édit. The Modern Library, New-York, 1927 (la première édition date de 1887)

A La Nouvelle Orléans le presque autodidacte Lafcadio développe encore ses connaissances et sa culture. Il apprend l’espagnol, s’intéresse à la science, à l’astronomie, est plein d’enthousiasme pour Edison et les progrès de l’éclairage public, amasse une immense bibliothèque ouverte à l’ethnologie, l’anthropologie, les religions, les civilisations arabes et persanes, les légendes chinoises (voir  Some Chinese Ghosts ) et, déjà, l’art japonais.


Martinique

N° 1277 Lafcadio Hearn :  Two Years in the French West Indies , édit. Harper & Brothers, New-York/ Londres, 1890 (ex. signé par Elizabeth Bisland avec un extrait d’une lettre de Lafcadio Hearn).

N° 1278 Lafcadio Hearn :  Youma, the Story of a West-Indian Slave , Harper & Brothers, New-York, 1890.

A la Martinique Lafcadio va trouver ce qu’il cherche : le soleil, la chaleur, la lumière, les couleurs. « The enormous silent poem of color and light, of sea and sky, of the woods and the peaks... You who know only the North do not know color, do not know light... ». Et d’abord les couleurs des indigènes.

Le roman que Lafcadio a ramené de son séjour à la Martinique,  Youma , est bien trop sentimental. Par contre ses  Deux Années dans les Antilles Françaises  sont une formidable étude ethnologique de la Martinique de la fin du XIXème siècle et une irremplaçable description de Saint-Pierre dans toute sa splendeur avant la catastrophe de la Montagne Pelée. Ce n’est plus du tout le style ampoulé et prolifique du journaliste de Cincinnati. Il écrit d’une manière claire et directe. Il reste un merveilleux conteur. Et un grand poète.


Japon

N° 2254-55 Lafcadio Hearn :  Glimpses of Unfamiliar Japan , édit. Houghton Mifflin Company, Boston et New-York, 1894. Première édition.

N° 0682 Lafcadio Hearn :  Out of the East, Reveries and Studies in new Japan , édit. Houghton, Mifflin and Company, Boston et New-York, 1895. Première édition.

N° 0681 Lafcadio Hearn :  Kokoro, Hints and Echoes of Japanese Inner Life , édit. Houghton, Mifflin and Company, Boston et New-York, 1897.

N° 0680 Lafcadio Hearn :  Kwaidan, Stories and Studies of Strange Things , édit. Kegan Paul, Trench, Trubner and Company Ltd. Londres, 1904. Première édition.

N° 0685 Lafcadio Hearn :  Kotto , édit. Mercure de France, Paris, 1922. La première édition en anglais date de 1902.

N° 1559 Lafcadio Hearn :  Japan, an Attempt at Interpretation , Grosset & Dunlap, New-York, 1907 (la première édition date de 1904).

N° 0679 Lafcadio Hearn :  En glanant dans les Champs de Bouddha , édit. Mercure de France, Paris, 1925),


L’idée d’aller découvrir le Japon avait déjà mûri chez Lafcadio depuis plusieurs années, peut-être depuis la grande exposition japonaise qui avait eu lieu à La Nouvelle Orléans en 1885. Mais lorsqu’il débarque au Japon en 1890 il n’a réussi à décrocher de contrat ni avec un journal, ni avec un éditeur. Il n’a pas d’autre ressource qu’une introduction auprès du Professeur anglais - encore un - Basil Chamberlain. Ce Chamberlain est un expert en japonais écrit et parlé et enseigne - on croit rêver - la littérature japonaise à l’Université Impériale de Tokyo ! Lorsque Lafcadio arrive au Japon l’enseignement de l’anglais était devenu obligatoire dans toutes les écoles supérieures et les universités. Chamberlain n’a donc pas beaucoup de difficultés pour lui trouver un poste d’enseignant en anglais dans un endroit reculé de la province japonaise, la ville de Matsue, située au bord de la Mer du Japon, à plus de 700 km au sud-ouest de Tokyo.

Les quatre ou cinq livres qui vont suivre sont de vrais joyaux, parce qu’on y trouve la description d’un monde plein de charme que les autres Occidentaux ne pouvaient connaître, n’ayant guère pu s’y immerger comme l’a fait Lafcadio. Il faut lire  Glimpses of Unfamiliar Japan  et cette description de  The Chief City of the Province of the Gods  avec ces personnages qui semblent sortis d’une estampe de Hiroshige. Il faut lire aussi  Out of the East  avec ses premières réflexions sur le bouddhisme (un sujet qui l’avait déjà intéressé aux Etats-Unis et qui va le passionner de plus en plus, voir :  En glanant dans les Champs de Bouddha ),  Kokoro  où il cherche encore à approfondir sa compréhension de la culture japonaise,  Kotto  où il commence à s’intéresser aux légendes, vous explique comment on chasse les lucioles et évoque la poésie de ces étranges lumières. Et puis  Kwaidan  où vous trouverez cette fameuse histoire qu’on a vue dans je ne sais plus quel film japonais, et qui est liée dans la mémoire populaire à la grande bataille navale entre les Heiké du clan de Taïra et les Genji du clan de Minamoto dans laquelle tous les Heiké ont péri, cette histoire où le musicien aveugle Hôïchi est appelé à chanter la vieille ballade devant l’enfant-empereur mort avec sa famille sept cents ans auparavant, jusqu’à ce que le supérieur du Temple bouddhiste où loge le musicien couvre tout son corps d’inscriptions magiques qui doivent le protéger contre ceux d’outre-tombe. Malheureusement il oublie d’orner également ses oreilles que Hôïchi va perdre dans l’histoire. Lafcadio a basé son histoire essentiellement sur le récit que lui en a fait son épouse japonaise, sans négliger toutes les autres sources qu’il a pu trouver (voir  The Story of Mimi-Nashi-Hôïchi ).


N° 2489  The Japanese Letters of Lafcadio Hearn , edited with an introduction by Elizabeth Bisland, édit. Houghton Mifflin Company, Boston/New-York, 1910.

N° 1983  Re-Echo by Kazuo Hearn Koizumi  edited by Nancy Jane Fellers, édit. The Caxton Printers, Ltd., Caldwell, Idaho, USA, 1957. 

Kazuo est le fils aîné de Lafcadio, un fils dont il s’est beaucoup occupé. Il a eu quatre enfants avec son épouse japonaise.

N° 2418  An Ape of God, The Art and Thought of Lafcadio Hearn , by Beongcheon Yu, édit. Wayne State University Press, Detroit, 1964.

N° 3592  Things Japanese, being Notes on Various Subjects connected with Japan, for the use of travellers and others , by Basil Hall Chamberlain, Emeritus Professor of Japanese and Philology in the Imperial University of Tokyo, édit. John Murray, Londres/Kelly & Walsh Ltd., Yokohama, Shanghai, Hongkong, Singapour, 1905


La plus grande partie des  Japanese Letters  sont adressées au Professeur Chamberlain avec lequel Lafcadio développe une véritable amitié intellectuelle et spirituelle au cours de ses années japonaises. C’est un véritable plaisir de lire ces lettres qui ne sont jamais entachées de questions pratiques ou personnelles et qui touchent d’une manière extrêmement libre les sujets les plus variés : littérature, philosophie, morale, et bien sûr le Japon, sa nature, son histoire, son évolution. Elles donnent une merveilleuse image de la personnalité et de l’intelligence de Lafcadio Hearn.

Chamberlain qui avait lui-même une excellente connaissance du Japon, a publié de son côté une étude intitulée Things Japanese, curieusement présentée sous forme de dictionnaire. Sous la rubrique  Books on Japan , il parle des deux premiers livres sur ce sujet de Lafcadio dans les termes suivants : « Lafcadio Hearn understands contemporary Japan better, and makes us understand it better, than any other writer, because he loves it better ». C’est évident, c’est là sa grande supériorité. Curieusement Beongcheon Yu qui est à la croisée de l’Est et de l’Ouest, puisqu’il est né en Corée, a fait ses études à Tokyo, à Séoul, à Kansas City et enseigne l’anglais à la Wayne State University, dit un peu la même chose quand il explique la vision qu’a Lafcadio de la culture et de la personnalité japonaises et qu’il la compare à la vision qu’en a l’intellectuel de Boston Percival Lowell qui a publié  The Soul of the Far East  en 1888 et  Occult Japan  en 1894. C’est Hearn qui est dans le vrai, dit Beongcheon Yu, parce que Lowell, l’intellectuel, a observé son sujet d’étude d’un point de vue supérieur, alors que Hearn est parti de la base, parce qu’il avait cette « sympathie de l’âme ».