Voir aussi le site  Voyage autour de ma Bibliothèque , Tome 5 :    Pierre Boulle, l’homme et l’œuvre  

Voir aussi mes Carnets d'un dilettante : Pierre Boulle, l'homme et oeuvre

Romans d’aventure

N° 4180 Pierre Boulle :  Romans héroïques , Omnibus, Paris, 1996

Contient :  William Conrad ,  Le Sortilège malais ,  Le Pont de la Rivière Kwaï ,  Le Bourreau ,  L'épreuve des hommes blancs ,  Les Voies du Salut ,  Un métier de Seigneur ,  Les Oreilles de la Jungle ,  Aux Sources de la Rivière Kwaï .

N° 4320 Pierre Boulle :  Le Bourreau , Le Cherche-Midi, Paris, 2010

 Le Sacrilège malais  est plus ou moins autobiographique. C’est la description d’une société française qui possède une plantation modèle en Malaisie (celle où Pierre Boulle, l’ingénieur, a commencé à travailler). Le Directeur local, Monsieur Chaumette, Français lui aussi, est un organisateur effréné. On sent que Pierre Boulle le regarde fasciné, se demandant si c’est un génie ou un parfait imbécile. Dès ce roman on sent que Boulle a quelque chose en horreur : l’organisation.

En lisant  Le Pont de la Rivière Kwaï  on comprend mieux. Car dès que le Colonel Nicholson obtient l’autorisation du Colonel Saïto de pouvoir s’occuper de la construction du pont comme il l’entend, il pense immédiatement à « l’organisation ». Ce n’est donc pas une simple question d’individualisme. C’est plus profond. Pierre Boulle est très loin de l’idéal à la Saint Exupéry, l’œuvre à accomplir. Il en voit surtout tous les aspects négatifs et tous les dangers. Et d’abord l’injustice faite à ceux que l’organisation sacrifie. Ensuite le danger de tout confier à un chef, danger de l’autoritarisme du chef, un chef qui peut se tromper, avoir des œillères.

L’autre roman qui se situe encore dans une plantation,  Les Voies du Salut , est une aimable pochade : on y trouve deux mondes parfaitement symétriques, aussi organisés l’un que l’autre, et aussi fermés l’un que l’autre, celui de la plantation et celui des rebelles chinois.

On trouve un autre roman dans ce gros volume des romans dits « héroïques », un roman qu’on a classé comme roman d’espionnage,  Un métier de Seigneur . Mais l’espionnage n’est qu’un prétexte. C’est une superbe étude psychologique d’un lâche dont l’aspect apparent est celui d’un héros. Et qui, au fond, est un mythomane : il se rêve en héros.

Avec  Le Bourreau  Pierre Boulle faisait déjà montre de beaucoup d’humour du même genre. Ici tout se passe en milieu chinois. Ce qui ne veut pas dire qu’on ne se moque pas de ces Mandarins incapables de comprendre pour quelle raison le bourreau tient à empoisonner les condamnés à mort avant de leur trancher le cou. L’idée que le bourreau est un homme sensible qui ne veut pas faire souffrir ses victimes ne les effleure à aucun moment. Il ne reste plus qu’à condamner le bourreau qui, ne respectant les règles, n’est qu’un vulgaire assassin qui aura, à son tour, le coup tranché. Décidément Pierre Boulle n’aime pas les Corps constitués !
A propos de la méfiance de Pierre Boulle pour toute organisation, en particulier celle de l’entreprise, voir aussi le Bloc-notes 2016 : Pierre Boulle et Volkswagen

Et pour ce qui est de son expérience indochinoise (condamné aux travaux forcés) décrite dans Aux Sources de la Rivière Kwaï, voir le Bloc-notes 2016 : Pierre Boulle et l’Indochine. On y trouve aussi une certaine explication du pétainisme des autorités indochinoises pendant la guerre (menace japonaise)

Romans de science-fiction

N° 4162 Pierre Boulle :  La Planète des Singes et autres romans , Omnibus, Paris, 2011

Contient :  Planète des Singes ,  Jeux de l'esprit ,  Bon Léviathan ,  Energie du désespoir ,  Miroitements ,  Baleine des Malouines ,  Professeur Mortimer ,  E=mc²  et autres nouvelles. 

La collection débute avec une nouvelle absolument hallucinante, première de la Série  E = mc² et autres nouvelles , intitulée  Une Nuit interminable , dont Pierre Versins, le grand encyclopédiste français de l’utopie et de la science-fiction, dit que « c’est certainement l’histoire de voyage dans le temps qui rend caduque toute histoire de voyage dans le temps ». Il y a une deuxième nouvelle dans cette série, tout à fait réjouissante :  l’amour et la pesanteur . C’est l’histoire d’une nuit de noces passée dans l’espace en apesanteur. Hallucinant.Pierre Versins ne tient pas  La Planète des Singes  en très haute estime. « Un aimable conte philosophique », dit-il, « qui aurait pu avoir un certain retentissement dans la seconde moitié du XIXème siècle ». Pourtant, quand on voit tout ce que cette histoire a généré au cinéma, il faut croire que l’idée de base était plutôt originale…

 

Derniers écrits

N° 4175 Pierre Boulle :  L'îlon , Editions de Fallois, Paris, 1991

Souvenirs de son enfance de 8 à 13 ans.L’Ilon était un petit terrain au bord du Rhône que son père avait acquis, l’année où Pierre atteignit ses huit ans, en même temps qu’un vieux cheval et une carriole. Tout ceci à la fois pour son plaisir propre et celui de son fils. Un fils qu’il initie à tout, à qui il confie même un fusil quand il sera un peu plus grand, à qui il donne une liberté presque totale et à qui il fait entièrement confiance.

 

N° 4179 Pierre Boulle :  Le malheur des uns... , Editions de Fallois, 1990

Dans ce roman, Pierre Boulle revient une dernière fois (il a 78 ans) à sa plantation d’hévéas de Malaisie. Mais c’est aussi un retour à ses idées de l’époque, au malaise qu’il avait ressenti, à son rejet instinctif, mais peut-être pas encore raisonné à ce moment-là, de l’Organisation avec un grand O ! Ici le grand patron de la firme n’est pas un criminel, ni même un homme immoral. Mais c’est quelqu’un qui a une idée fixe, le développement de sa firme. Et c’est cette idée fixe qui va l’entraîner progressivement, sans peut-être qu’il s’en rende compte sur le moment, vers l’action illégale d’abord, criminelle ensuite.

N° 4298 Pierre Boulle :  L'étrange croisade de l'empereur Frédéric II , Flammarion, 1968 (Cartonnage de l’éditeur. Première édition originale. Dédicace du Dr. Loriot-Boulle, gendre de Pierre Boulle)

Seule chronique historique de Pierre Boulle. Frédéric II est un homme remarquable dont la vision a frappé Pierre Boulle. Seul homme à avoir gagné une croisade pacifiquement et être excommunié par le Pape.Goimard qui introduit les œuvres de Pierre Boulle chez Omnibus, trouve que c’est un homme qui, en trahissant tous les idéaux de la croisade, les a atteints. Pour Pierre Boulle, il est un homme de la Renaissance en avance sur son temps.