Voyage autour
de ma Bibliothèque

Liste 47 : Fantastique et Science-fiction

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Voir aussi mon site  Voyage autour de ma Bibliothèque , Tome 2 :    Fantastique et science-fiction   

Voir aussi, sur le même site, Tome 5 :    Francis Lacassin et l’autre littérature   


Etudes et Encyclopédies

N° 1600-01 Roger Caillois :  Anthologie du fantastique , deux volumes, Gallimard, Paris, 1966.

Roger Caillois avait publié la première partie de son étude en introduction à une anthologie du fantastique parue en 1958. Il y comparait trois domaines de la littérature de fantaisie : féerie, fantastique et science-fiction. La féerie, dit-il à peu près, est un univers merveilleux qui est en-dehors du monde réel. Il ne lui porte pas atteinte. Il n’en détruit pas la cohérence. Le fantastique, par contre, manifeste un scandale, une déchirure, une irruption insolite, insupportable dans le monde réel. Dans la féerie l’enchantement va de soi, la magie est la règle. Il en conclut que le fantastique est nécessairement postérieur à la féerie et même la remplace, car il ne pouvait surgir qu’à un moment (début du XVIIIème siècle) où le triomphe de la science fait qu’on ne croit plus au miracle. Pas convaincant. Je crois que les deux peuvent coexister. Il était aussi sceptique concernant les possibilités de développement littéraire de la science-fiction. Pour des raisons d’ailleurs valables. Il ne pouvait prévoir le développement extraordinaire de l’héroic-fantasy…


N° 4665 Divers auteurs :  Maîtres du Vertige, six récits de l’âge d’or , présentation Serge Lehman, Editions L’Arbre vengeur, 2021

Anthologie de romans de science-fiction français du début du XXème siècle (6). Présentation de Serge Lehman, romancier fantastique et spécialiste de la science-fiction française des origines.  Contient entre autres des romans de J.-H. Rosny aîné, de Jean Ray et de Claude Farrère. Le meilleur, à mon avis :  L'agonie du globe  de Jacques Spitz : la terre se sépare en deux, l’Amérique s’éloigne, cogne contre la lune : le vieux monde est seul au monde ! Récit captivant, excellente écriture et humour.


N° 2400 Everett F. Bleiler :  Science-Fiction, the Early Years  (a full description of more than 3000 science-fiction stories from the earliest times to the appearance of the genre magazines in 1930), The Kent State University Press, Kent, Ohio et Londres, 1990.

N° 1566 Everett F. Bleiler :  The Checklist of Science-Fiction and Supernatural Fiction , Firebell Books, Glen Rock, New Jersey, 1978.

Le travail réalisé par l’universitaire américain Everett Bleiler est stupéfiant. Son livre sur la Early Science-Fiction compte 2500 résumés ainsi qu’un index de motifs concernant des histoires de science-fiction (suivant sa propre définition) parues depuis l’origine (il remonte même à Platon et son histoire de l’Atlantide) jusqu’en 1930. Il les a tous lus, dit-il. Cela lui a pris six ans.Dans l’introduction à son Check-list for Science-fiction and Supernatural Fiction, où il donne les motifs pour 5600 histoires fantastiques parues entre 1800 et 1948, il indique qu’il a consacré plus de 40 ans à ses recherches sur la littérature fantastique. Aurait-il pu utiliser son temps d’une manière plus avantageuse ? se demande-t-il. Probablement, répond-il.

En lisant les études de Bleiler on s’aperçoit assez vite que les Américains n’ont pas la même définition de la science-fiction et du fantastique que Caillois. Bleiler reconnaît d’ailleurs qu’il n’est pas facile de définir la science-fiction et que les avis diffèrent. Mais science-fiction est devenu un terme générique commercial sous lequel on a l’habitude de publier un certain nombre de genres et de sous-genres d’histoires (remarquez la manière pragmatique de procéder des Américains opposée à la méthode plus intellectuelle et surtout plus logique des Français). Il propose de classer sous cette dénomination trois genres de fictions qui peuvent d’ailleurs être influencés par d’autres genres de littérature imaginaire. Le genre quasi-scientifique, le genre races perdues et le genre futuriste. Quasi-scientifique, car il suffit qu’il contienne des éléments scientifiques ou techniques mais leur validité n’a pas besoin d’être prouvée. Il n’y a qu’à prétendre qu’elle le soit le temps que l’histoire se déroule (je ne suis pas certain que Caillois ait bien compris cela). 

Les Américains ont également d’autres définitions concernant la littérature fantastique. Pour Bleiler p. ex. la littérature fantastique est un terme générique qui englobe deux branches principales : science-fiction et littérature surnaturelle (supernatural fiction). Et les frontières entre les deux branches sont fluctuantes. Quant à la littérature «surnaturelle» elle englobe tout ce qui ne se conforme pas strictement aux lois de la nature et n’est pas classé sous science-fiction, c. à d. fantômes, possession, vampires, loups garous, diabolisme, magie noire, immortalité, occultisme, réincarnations, pouvoirs psychiques extraordinaires, sorcellerie, mysticisme et, aussi, heureusement, fantaisie un peu plus légère. On est loin de la définition de Caillois qui pensait essentiellement au fantastique allemand du début du XIXème siècle.


N° 3235 Ursula K. Le Guin :  The Language of the Night, Essays on Fantasy and Science Fiction , édit. Berkley Publishing Corporation - G. P. Putnam’s Sons, New-York (uncorrected proof copy), 1979.

Il m’a semblé intéressant de voir ce que quelqu’un comme Ursula Le Guin a à dire sur la relation fantastique-science-fiction car elle est à la fois une femme écrivain de science-fiction et de «fantaisie», reconnue comme une des meilleures, et une personne qui a réfléchi sur son art (elle a d’ailleurs une formation universitaire en littérature française et en littérature italienne de la Renaissance).En fait, elle ne semble pas faire de distinction entre les deux genres qu’elle pratique indifféremment. D’ailleurs elle n’utilise jamais le terme fantastique ou même «supernatural», mais plutôt «fantasy». Elle considère la science-fiction comme une forme de fantaisie moderne, intellectualisée, extravertie.

En tout cas elle donne l’impression de préférer la fantaisie. Mon imagination en a besoin, dit-elle. «Fantasy like poetry, speaks the language of the night». «The great fantasies, myths and tales are like dreams. They speak from the unconscious to the unconscious, in the language of the unconscious», dit-elle encore. C. à d. par mythes et par archétypes.
Voir mon Bloc-notes 2018Décès d'Ursula Le Guin.


N° 3767 Pierre Versins :  Encyclopédie de l'utopie et de la science-fiction , L’Âge d’Homme, Lausanne, 1972 (Cartonnage d'origine avec dorures et avec dust-jacket)

Pierre Versins est un personnage tout à fait hors du commun.Neveu d’André Chamson, anarchiste, rescapé d’un camp de concentration, il a passé lui aussi des dizaines d’années à collectionner tout ce qui avait la moindre relation avec la science-fiction et l’utopie. Sur le net on peut trouver le témoignage d’un certain Bertrand Méheut qui le découvre dans sa ferme de Rovray, un cinquantenaire plein de verve et d’humour et croulant sous les livres qui débordaient de partout. Jusqu’à ce qu’il se décide à tout léguer à la ville d’Yverdon en Suisse, ce qui deviendra la Maison d’Ailleurs, le grand Musée européen de la science-fiction, de l’utopie et des voyages extraordinaires. Ce Musée fondé par Versins contient aujourd’hui 40000 ouvrages de science-fiction (dont une grande partie provient de sa collection) ainsi que 20000 documents, objets et images rattachés à la SF.Son Encyclopédie est la première française. Elle n’a rien à voir avec la sèche énumération de Bleiler, elle grouille d’illustrations fantastiques, elle prend des chemins de traverse, fourmille d’anecdotes et comporte une introduction magnifique qui contient sa définition de la science-fiction que je vais vous citer in extenso (excusez-moi, mais je ne puis résister à ce plaisir) : « La science-fiction est un univers plus grand que l’univers connu. Elle dépasse, elle déborde, elle n’a pas de limites, elle est sans cesse au-delà d’elle-même, elle se nie en s’affirmant, elle expose, pose et préfigure, elle extrapole. Elle invente ce qui a peut-être été, ce qui est sans que nul ne le sache, et ce qui sera ou pourrait être. Et, ce faisant, elle découvre. Elle est le plus extraordinaire défoulement que l’on puisse rêver et le meilleur tremplin pour aboutir, sans ouvrir des yeux trop ébaubis, à l’humanité qui viendra. Elle est avertissement et prévision, sombre et éclairante. Elle est le rêve d’une réalité autre et la réalisation des rêves les plus fous, donc les plus probables. Elle est aussi sublime et abjecte que l’homme, elle est l’homme en éternel projet, elle est l’homme inquiet, chercheur, fouineur, insatiable. Qui veut tout et qui l’aura, moins epsilon. Elle est l’homme dans tout ce qu’il a d’instable, de mal défini, de vivant et grommelant sur le chemin tortueux de l’éternité. Et l’épopée de notre espèce indissociable de sa Quête. L’Absolu. »

 

N° 3840 Joseph Altairac et Guy Costes :  Les Terres creuses , Encrage Editions, Amiens, 2006

Il s'agit encore d'une encyclopédie. Sous-titre :  Bibliographie commentée des mondes souterrains imaginaires 

Altairac est un grand spécialiste de la science-fiction, auteur d’ouvrages sur Wells et van Vogt. Il m’a dit qu’avec son compère Guy Costes ils se sont inspirés de Bleiler pour ce dernier ouvrage à caractère encyclopédique


A propos de toutes ces Encyclopédies de science-fiction voir aussi mon Bloc-notes 2008 Francis Lacassin.


N° 1602 Louis Pauwels et Jacques Bergier :  Le Matin des Magiciens , introduction au réalisme fantastique, Gallimard, 1960 (relié toile)

Un livre qui a eu beaucoup de succès à l’époque. Lacassin était ami de Bergier et s’est pas mal intéressé aussi au surnaturel. Un domaine auquel je reste complètement fermé.


Fantastique


Gaston Leroux

N° 3317 et 3318 Gaston Leroux :  Romans fantastiques , deux volumes, Robert Laffont, 1961/64 (couvertures cartonnées)

Le premier tome contient  Le Fantôme de l'Opéra  et  L'Homme qui revient de loin . Le tome 2 contient :  Le Fauteuil hanté - L'Homme qui a vu le Diable - Le Cœur cambriolé - La Double Vie de Théophraste Longuet 

N° 1605 Gaston Leroux :  Le Fantôme de l’Opéra – La Reine du Sabbat – Les Ténèbreuses – La Mansarde en or , préface, chronologie, bibliographie, filmographie, télé-filmographie et choix de documents par Francis Lacassin,  Robert Laffont/Bouquins, 1984

J’adore  La Reine du Sabbat . Complètement fou ! Ce qui n’empêche pas Leroux de toujours soigner son écriture. Et de ne jamais mélanger les genres : policier, fantastique et roman populaire ( Chéri Bibi ) sont soigneusement séparés.

  

Gustave Le Rouge

N° 3251 Gustave Le Rouge :  Le Prisonnier de la planète Mars - La Guerre des vampires , préface de Pierre Versins,  Jérôme Martineau – Le Gadenet, Paris, 1966

Fait partie d'une collection Le Rouge dirigée par Francis Lacassin. Dans sa préface Pierre Versins cite un roman de H. Gayar :  Aventures merveilleuses de Serge Myrandhal , qui est pratiquement calqué sur  le Prisonnier  et a paru 15 jours avant celui de Le Rouge !

N° 1603 Gustave Le Rouge :  Le mystérieux Docteur Cornélius – Le Prisonnier de la Planète Mars – La Guerre des Vampires – L’espionne du grand Lama – Cinq nouvelles retrouvées – les poèmes du Docteur Cornélius , introduction générale de Francis Lacassin, Robert Laffont/Bouquins, 1956

N° 2061 Gustave Le Rouge  : La Mandragore magique - Téraphin – Golem – Androïdes – Homoncules , orné de 5 planches, Libr. Du Passage Jouffroy, Paris, 1912

On sait combien Cendrars admirait Le Rouge. Lacassin a travaillé plus de dix ans pour reconstituer sa vie et son œuvre Et c’est lui qui a établi que les fameux poèmes que Cendrars avait prétendu avoir composés en utilisant des matériaux tirés du Docteur Cornélius existaient bel et bien et se trouvaient dans  Kodak  (plus tard rebaptisé  Documents ). Il les a repris dans l’édition des œuvres de Le Rouge dans  Bouquins .  

Voir mon Voyage autour de ma Bibliothèque, Tome 1 : Cendrars et ses amis.


Fantômas

N° 1617 Pierre Souvestre et Marcel Allain :  Fantômas , Arthème Fayard et Cie, Paris, 1932

N° 1618 Pierre Souvestre et Marcel Allain :  Les Amours de Fantômas : L’Assassin de Lady Beltham , Arthème Fayard et Cie, Paris, 1931

N° 1619 Pierre Souvestre et Marcel Allain :  Le Fiacre de Fantômas ,  Arthème Fayard et Cie, Paris, 1932

Lacassin avait encore rencontré l’un des deux créateurs de  Fantômas , Marcel Allain. Celui-ci lui confesse que lui et Souvestre (ils alternaient, chacun dictant un chapitre à tour de rôle) ne se sont jamais pris au sérieux et ne se relisaient jamais. Cela se voit…

 

Sax Rohmer

N° 1625 Sax Rohmer :  Fu Manchu ou le Défi de l’Asie : Le mystérieux Docteur Fu Manchu – La Résurrection de Fu Manchu , préface de Francis Lacassin, postface de Sax Rohmer, Editions Williams-Alta, 1978

N° 1626 Sax Rohmer :  Fu Manchu ou le Défi de l’Asie : Les Mystères du Si-Fan – Le singe bleu – La marque du singe - La Fille de Fu Manchu,  traduction Jacques Parsons, préface de Francis Lacassin, Editions Williams-Alta, 1978

 Le singe bleu  et  la marque du singe  sont deux nouvelles indépendantes du cycle Fu Manchu.

N° 1627 Sax Rohmer :  Fu Manchu ou le Défi de l’Asie : Le Yatagan turc – Le Prophète au masque d’or – La Fiancée de Fu Manchu,    traduction Jacques Parsons, bibliographie de Francis Lacassin, Editions Williams-Alta, 1978

N° 1628 Sax Rohmer :  Fu Manchu ou le Défi de l’Asie : La piste de Fu Manchu – Le Président Fu Manchu,  traduction Robert-Pierre Castel, Editions Williams-Alta, 1979

N° 1629 Sax Rohmer :  Fu Manchu ou le Défi de l’Asie : Les Tambours de Fu Manchu – L’île de Fu Manchu,  traduction Sylvie Berigaud, Editions Williams-Alta, 1979

N° 1630 Sax Rohmer :  Fu Manchu ou le Défi de l’Asie : L’Ombre de Fu Manchu – Fu Manchu rentre en scène,  traduction Robert-Pierre Castel, Editions Williams-Alta, 1979

N° 1631 Sax Rohmer :  Fu Manchu ou le Défi de l’Asie : Fu Manchu Empereur,  traduction Robert-Pierre Castel, bibliographie et filmographie par Francis Lacassin, Editions Williams-Alta, 1979

Ces sept volumes constituent le cycle complet de Fu Manchu. Lacassin, dans  A la Recherche de l’Empire caché , trouve que Rohmer, sans s’en rendre compte, a écrit le livre de la décolonisation. Et que c’est le colonisé qui a gagné. Peut-être. Mais aujourd’hui c’est plutôt Ben Laden qui personnifie Fu Manchu…


N° 4386 Sax Rohmer :  The Tales of Chinatown , Cassell and Company, Londres, New-York ; Toronto et Melbourne, 1922 (hard cover)


N° 1620 Sax Rohmer :  Masterpieces of oriental mystery : Fire-tongue , Doubleday, Page & Company, Londres, 1922 (hard cover)

N° 1621 Sax Rohmer :  Masterpieces of oriental mystery : The golden scorpion,  McKinlay, Stone & Mackenzie, New-York, 1920 (hard cover)

N° 1622 Sax Rohmer :  Masterpieces of oriental mystery : Tales of secret Egypt , McKinlay, Stone & Mackenzie, New-York, 1919 (hard cover)

N° 1623 Sax Rohmer :  Masterpieces of oriental mystery : The green eyes of Bast,  McKinlay, Stone & Mackenzie, New-York, 1920 (hard cover)

N° 1624 Sax Rohmer :  Masterpieces of oriental mystery : Bat Wing,  McKinlay, Stone & Mackenzie, New-York, 1921 (hard cover)


N° 1632 Sax Rohmer :  The Romance of Sorcery , introduction Felix Morrow, with twelve illustrations, Causeway Books, New-York, 1973 (reprint de la première edition de 1914. Hard cover avec dust wrapper)

Sax Rohmer était aussi un occultiste !


N° 1152 Marie Corelli :  Ziska, the problem of a wicked soul , Stone & Kimball, New-York, 1897 (1ère edition US. Hard cover d’origine orné)


N° 1150 A. Conan Doyle :  The lost World , The Musson Book Cy, Toronto, 1912 (1ère édition canadienne. Illustrée. Hard cover de l’éditeur)


N° 1611 Jean-Louis Bouquet :  Les Filles de la Nuit , Marabout, 1978

N° 1612 Jean-Louis Bouquet :  Le visage de feu , postface de l’auteur, Marabout, 1978


N° 4602 Keigo Higashino :  Les Miracles du Bazar Namya , traduction Sophie Refle, Actes Sud, 2020

C'est un roman fantastique très poétique d'un écrivain policier dont j'ai déjà noté la grande douceur et la poésie plutôt rares dans le genre policier (voir :  La Fleur de l’illusion )


N° 0238 Jean Potocki :  Manuscrit trouvé à Saragosse , José Corti, Paris, 1989 (Relié cuir)

Grand chef d'œuvre du fantastique. Un roman tout à fait baroque, écrit en français par un Polonais, Potocki, à l'époque de Napoléon Ier, un homme très sérieux d'ailleurs, diplomate, scientifique même, ayant fait partie de je ne sais plus quelle mission ethnologique dans le Caucase. Un livre appelé « Manuscrit trouvé » et dont le manuscrit (et toutes ses éditions en français) a justement été perdu. Ce qui fait qu'il a fallu au moins compléter en partie le texte original français en se basant sur une retraduction en français des textes parus postérieurement en polonais. Un livre qui mêle tout, le roman picaresque, l'Inquisition, le Juif Errant, l'émir mauresque qui se terre encore dans les caves souterraines des montagnes de l'Estrémadour, et le gibet orné de trois pendus sous lequel se réveillent, tous les matins et à la fin de chaque épisode, les principaux héros de cette histoire.


N° 0728H. P. Lovecraft :  At the Mountains of Madness and other Novels , Arkham House, Sank City, Wisconsin, USA, 1964


Romans noirs

N° 4278 M. Alice Killen :  Le Roman Terrifiant ou Roman Noir de Walpole à Anne Radcliffe et son influence sur la littérature française jusqu'en 1840 , Georges Crès et Cie, Paris, 1915

Thèse de doctorat présentée à la Sorbonne


N° 2451 à 2453 M. G. Lewis :  The Monk , 3 volumes, Gibbings and Cy, Londres, 1913 (Impressions dorées sur couverture, gravures par R.C. Armour)

C’est probablement l’un des plus célèbres romans noirs.


N° 3306 Gustav Meyrink :  The Golem , Victor Gollancz, Londres, 1926

Ce célèbre roman fantastique a été écrit en allemand et date de 1915

N° 1616 Abraham Rothberg : The Sword of the Golem, Bantam Book, New-York, 1973

N° 1572 Walter Scott :  Letters on Demonology and Witchcraft, addressed to J. G. Lockhart , John Murray, Londres, 1830 (edition originale)

Lockhart était le biographe de Walter Scott


N° 1615 Wilhelm Hauff :  Mitteilungen aus den Memoiren des Teufels , postface de Bernhard Zeller, illustrations de Rolf Köhler, Insel Taschenbuch, 1989


Tolkien

N° 3215 Humphrey Carpenter :  J. R. R. Tolkien, a biography , George Allen & Unwin Ltd., Londres, 1977 (hard cover avec dust jacket)

N° 3214 J. R. R. Tolkien :  The Hobbit , Guild Publishing, Londres, 1978 (la première édition date de 1937) (Hard cover de l’éditeur, orné de dorures)

N° 1633 J. R. R. Tolkien :  The Fellowship of the Ring, being the first part of the Lord of the Rings , George Allen & Unwin, Londres, Boston, Sidney, 1984 (la 1ère edition date de 1954) (Hard cover de l’éditeur, orné)

N° 1634 J. R. R. Tolkien :  The two Towers, being the second part of the Lord of the Rings , George Allen & Unwin, Londres, Boston, Sidney, 1984 (la 1ère edition date de 1954) (Hard cover de l’éditeur, orné)

N° 1635 J. R. R. Tolkien :  The Return of the King, being the third part of the Lord of the Rings , George Allen & Unwin, Londres, Boston, Sidney, 1984 (la 1ère edition date de 1955) (Hard cover de l’éditeur, orné)


N° 1636 J. R. R. Tolkien :  The Book of lost Tales, Part I , edited by Christopher Tolkien, George Allen & Unwin, Londres, Boston et Sydney, 1984 (hard cover éditeur, orné)

N° 1637 J. R. R. Tolkien :  The Book of lost Tales, Part II,    edited by Christopher Tolkien, George Allen & Unwin, Londres, Boston et Sydney, 1984 (hard cover éditeur, orné)


 Le Seigneur des Anneaux  a eu une influence considérable sur la science-fiction américaine, du moins sur celle du genre épique ou «fantasy». Mais personne ne pourra jamais égaler Tolkien, pour la raison bien simple qu’il a passé toute sa vie à créer cet univers de la «Terre du Milieu» où se joue le drame de l’Anneau. Il n’est pas nécessaire d’être un grand érudit pour y reconnaître des thèmes et des mythes d’origine celte et scandinave. Mais grâce à la biographie de Carpenter on apprend que Tolkien était également fasciné par le grand poème épique des Finlandais,  le Kalevala , et que cela l’avait même incité à apprendre le finnois. Et qu’il s’est servi de certains éléments de cette langue pour créer sa propre langue, celle qui allait devenir plus tard l’ancienne langue des Elfes ! En fait c’est dès la fin de son adolescence, au Lycée, puis à Oxford, que Tolkien travaille à sa langue, ses légendes, ses mythes, sa poésie qui vont être les fondements du monde qu’il va créer.

Toute cette mythologie va d’abord être rassemblée dans ce fameux  Book of the Lost Tales  qui sera publié (avec beaucoup de difficultés) sous le nom de  Silmarillion  (les Silmarillis sont les grands joyaux des Elfes qui seront volés par le pouvoir du mal, Morgoth, ce qui va conduire à la guerre menée par les Elfes pour les récupérer). On voit que le thème est voisin de celui du  Seigneur des Anneaux  (où les trois Silmarillis sont remplacés par les trois Anneaux).

On ne mentionne nulle part dans sa biographie un intérêt éventuel pour les religions manichéistes. On dit que c’est Hitler qui personnifiait pour lui le mal absolu (le Seigneur des Anneaux n’a été publié qu’en 1947). On dit aussi que les Hobbits, pour Tolkien, représentaient ces Anglais de l’ouest des Midlands, pas des héros, mais des gens qui font tranquillement leur devoir quand cela semble nécessaire, des gens qui vivaient simplement (lui-même habitait jusqu’à la fin de sa vie l’une de ces petites maisons grises dans une rue grise, comme les habitations des Hobbits, mais cosy à l’intérieur, n’est-ce pas), des gens qui n’étaient pas pollués par l’invasion des Normands (Tolkien détestait les Français et leur mauvaise influence, même sur le «cooking», cela s’appelle en anglais être «anti-gallic»). Pourtant sa description de l’Empire du Mal, avec son interpénétration avec l’Empire du Bien, ressemble tellement aux descriptions des Gnostiques et surtout de Mani, que j’ai du mal à croire qu’il n’ait pas été influencé par ces mythes.

Ursula Le Guin montre toute la complexité de la psychologie du  Cycle de l’Anneau  (alors qu’on a souvent accusé Tolkien de simplicisme) : chaque personnage, dit-elle, a son ombre : les Elfes ont les Orcs, Aragorn le Cavalier Noir, Gandalf a pour ombre Saruman et Frodo a Gollum. Et comble de paradoxe, à la fin de l’Histoire c’est le bon Frodo qui veut garder l’Anneau et sa puissance pour lui-même et c’est Gollum, le mauvais, qui s’en saisit et se sacrifie en se jetant avec lui dans les feux du volcan qui doivent le détruire. Avec l’ombre on retrouve la terminologie de Jung. L’ombre est au seuil de passage entre le conscient et l’inconscient. Ce sont nos rêves, mais aussi ce que nous avons refoulé, refusé ou simplement pas voulu utiliser. C’est grâce à cette ombre, dit Jung, que nous pouvons plonger dans notre inconscient collectif (une notion particulièrement importante pour Jung car elle est la source d’une vraie communauté et la mer où voguent ses fameux archétypes). Et cette ombre sera d’autant plus noire et plus dense que nous n’accepterons pas de la reconnaître, que nous l’aurons chassée de notre esprit conscient.

 

Science-fiction

N° 1641 Isaac Asimov :  Fondation , édit. France Loisirs, Paris, 1985.

N° 1640 Isaac Asimov :  Fondation et Empire , édit. France Loisirs, Paris, 1985.

N° 1639 Isaac Asimov :  Seconde Fondation , édit. France Loisirs, Paris, 1985.

N° 1638 Isaac Asimov :  Fondation foudroyée , édit. France Loisirs, Paris, 1985.

N° 1656 Isaac Asimov:  Asimov’s Mysteries , édit. Panther Books, Londres, 1984.

Asimov est ingénieur comme l’était le Russe Zamyatin, mais reste bien terre à terre, malgré ses envolées dans l’Univers de la Fondation avec ses 25 millions de planètes habitées ! Son grand cycle me paraît être surtout de la politique-fiction et de la historique-fiction. Cela me fait penser au jugement d’Ursula Le Guin encore : elle trouve que la science-fiction américaine est terriblement arriérée sur le plan social. Les masses ne sont là que pour être guidées par un leader ou une minorité aristocratique. Tous ces empires galactiques, dit-elle, semblent avoir été conçus sur le modèle de l’Empire Britannique. On y trouve immanquablement des planètes guerrières ou des planètes-colonies qu’il faut exploiter ou auxquelles il faut apporter la culture du centre de l’Imperium.

Les  Mysteries  sont essentiellement des histoires policières. Ici la science-fiction ne sert que de cadre à un genre bien connu.


N° 1653 Frank Herbert :  Dune , suivi de Le Messie de Dune, édit. Robert Laffont, Paris, 1984.

N° 1654 Frank Herbert :  Les Enfants de Dune , édit. Robert Laffont, Paris, 1984.

N° 1655 Frank Herbert :  L’Empereur-Dieu de Dune , édit. Robert Laffont, Paris, 1982.

Avec Herbert nous nous trouvons en présence d’une S.F. beaucoup plus évoluée. Plus tardive aussi :  Fondation date de 1951,  Dune  de 1965. On y trouve une écriture, des images, une inventivité bien supérieures à celles du cycle de Fondation. Il y a un drame, le combat entre deux familles, les Atréides et les Harkonnen (l’éditeur parle de drame shakespearien !). Une planète désertique est le principal objet de conflit, une planète de sable peuplée de vers géants (étonnamment bien rendus dans le film de David Lynch) qui produisent l’épice, une sorte de drogue-miracle, source de longévité et de prescience. Des espèces de Bédouins y vivent, les Fremen, ce qui permet à Herbert de reprendre des parallèles religieux historiques : on y parle de Djihad, le messie-empereur de Dune a un nom pseudo-arabe, Muad’Dib, etc. Le Mal, nécessaire à tout roman populaire, est représenté par le Baron Harkonnen. Et puis tout est imprégné de mysticisme, ce qui donne une certaine épaisseur à tout le cycle. Ainsi cette extraordinaire trouvaille de l’institution des Bene-Gesserit composée exclusivement de femmes, qui ont des pouvoirs surnaturels et dont le but unique est de préserver l’avenir de l’humanité.


N° 1642 C. J. Cherryh :  Les Portes d’Ivrel , préface de Daniel Walther, édit. Club du Livre d’Anticipation - Nouvelles Editions Opta, Paris, 1980.

N° 1643 C. J. Cherryh :  Le Puits de Shiuan , édit. Club du Livre d’Anticipation - Nouvelles Editions Opta, Paris, 1980.

N° 1644 C. J. Cherryh :  Les Feux d’Azeroth , édit. Club du Livre d’Anticipation - Nouvelles Editions Opta, Paris, 1981.

N° 1666 C. J. Cherryh :  Hestia , édit. J’ai Lu, Paris, 1981.

Tanith Lee et Carolyn J. Cherryh font partie avec Ursula Le Guin et Katherine Kurtz (qui a écrit un cycle de  Deryni ) de ces femmes démiurges, créatrices d’univers merveilleux. Les personnages du  Cycle d’Ivrel  sont attachants et le rythme de l’action vous tient en haleine.


N° 1645 Tanith Lee :  Sabella ou la Pierre de Sang - Le Maître des Ténèbres , préface de Daniel Walther, édit. Club du Livre d’Anticipation - Nouvelles Editions Opta, Paris, 1981.

N° 1662 Tanith Lee :  The Electric Forest , édit. Hamlyn Paperbacks, Feltham, Grande Bretagne, 1983.

Tanith Lee qui est anglaise, préfère le fantastique en revenant aux vieux mythes du vampire ( Sabella ) ou de Pygmalion ( The Electric Forest ) ou carrément la féerie (avec les djinns des  Mille et Une Nuits  et leur maître Lucifer dans  le Maître des Ténèbres ).


N° 4718 Katherine Kurtz : Le réveil des magiciens, traduction Guy Abadia, Editions Pocket, 1994
N° 4719 Katherine Kurtz : La chasse aux magiciens, traduction Guy Abadia, Editions Pocket, 1994
N° 4720 Katherine Kurtz : Le triomphe des magiciens, traduction Guy Abadia, Editions Pocket, 1995
Katherine Kurtz est de la même génération que Tanith Lee et C. J. Cherryh (nées dans les années 40), intellectuelle et universitaire comme Cherryh et Ursula Le Guin, influencée comme Cherryh par Tolkien, et a commencé à publier comme Tanith Lee et Cherryh dans les années 70. Son très grand cycle (ici il ne s'agit que des trois premiers, publiés en 1970, 73 et 74, avec les titres Deryni Rising, Deryni checkmate et High Deryni) est du type fantasy et entièrement basé sur les Derynis pourvus de certains pouvoirs magiques.

Voir ce que j'en dis sur mon Bloc-notes 2023Une visite à l'Amour du Noir.


N° 1660 Ray Bradbury :  The golden apples of the Sun , Bantam Books, New-York, 1970

22 nouvelles plutôt fantastiques que science-fiction

N° 1659 Ray Bradbury :  The Machineries of Joy , nouvelles, Bantam Books, New-York, 1970

N° 1658 Ray Bradbury :  S is for Space , introduction de l’auteur, Pan Books Ltd, Londres, 1972


N° 1652 Gene Wolf :  L’île du docteur Mort et autres histoires , traduction Charles Canet, Robert Laffont – Collection Ailleurs et Demain, 1983

Variations sur  L’Île du Docteur Moreau  de Wells


N° 1665 Ian Watson :  Le voyage de Tchekhov , traduction Jean Bonnefoy, Denoël, 1985


N° 0304 Stanislav Lem :  Mortal Engines , The Seabury Press, New-York, 1977

Lem né en 1921 à Lwow (Lemberg) en Pologne, aujourd'hui Ukraine. Très admiré par Le Guin. A écrit  Solaris  mis en scène par Tardovski.


N° 3366 Arkady and Boris Strugatsky :  Roadside Picnic , Victor Gollancz, Londres, 1978

Les grands de la science-fiction russe. Introduction de Theodore Sturgeon. Ce roman est à la base d’un autre film de Tardovski :  le Stalker .


N° 3837 Yevgeny Zamyatin :  We , Jonathan Cape, Londres, 1970 (1 ère  édition anglaise)

Important livre de science-fiction, écrit en 1920, précurseur du  Brave new World  de Huxley et de  1984  d'Orwell. Bleiler trouve que ses caractères sont plus libres (plus russes que le réalisme anglais), ses idées mieux affirmées que celles de ses collègues anglais et ses explications concernant la culture matérielle et les forces sociales nettement plus convaincantes. Zamyatin a dû quitter la Russie en 1932, vit ensuite à Paris, travaille pour le cinéma mais ne publie plus rien et meurt en 1937.

N° 3175 Andreï Platonov :  La mer de Jouvence , traduit et préfacé par Annie Eppelboin, postface de Iossif  Brodski, intitulée  Andreï Platonov , Albin Michel, 1990

N° 4492 J.-H. Rosny :  Vamireh, roman des temps primitifs , Libr. Plon/Plon-Nourrit et Cie, Paris, 1926

N° 4493 J.-H. Rosny :  Eyrimah , Libr. Plon/Plon-Nourrit et Cie, Paris, 1938

N° 4494 J.-H. Rosny Aîné :  Le Félin géant , Plon/Plon-Nourrit et Cie, Paris, 1920

 Vamireh  a été écrit par les deux frères Rosny et publié en 1892. Il est considéré comme le premier roman préhistorique. Plus tard les deux frères se sont séparés et l’aîné qui était aussi le plus doué a continué à écrire sous le nom de J.-H. Rosny aîné et son frère sous le nom J.-H. Rosny jeune.  Le Félin géant  date de 1918

N° 2986 J.-H. Rosny Aîné :  Les autres vies et les autres mondes , édition décorée de compositions originales de Maurice de Becque, Georges Crès, Paris, 1924

Si Rosny l’aîné est surtout connu pour ses histoires préhistoriques comme sa célèbre  Guerre du Feu  (1909) reprise au cinéma par Annaud, on peut aussi trouver dans son œuvre des créations beaucoup plus originales : ainsi, ici, on découvre dans  les Xipéhuz  (1887) des êtres complètement opposés aux conceptions que notre univers nous fournit sur les créatures vivantes. Comme d’ailleurs ces « ferromagnétaux » que l’on trouve dans l’œuvre qui suit :  La Mort de la Terre  (1910). Rosny précède Wells d’une dizaine d’années.

N° 4495 J.-H. Rosny Aîné :  L’étonnant voyage de Hareton Ironcastle , Libr. Plon/Les petit-fils de Nourrit et Plon, Paris, 1937 

Encore un voyage dans un monde perdu. Et encore beaucoup de créatures étranges qui n’ont que peu de rapport avec l’espèce humaine : bêtes monstrueuses à trois yeux, sauriens velus, Hommes-Écailleux, rhinocéros hideux, autruches à tête saugrenue, herbes bleues et violettes animées de facultés mystérieuses. On se croirait dans le monde martien de Burroughs. Ou dans celui de Le Rouge ?


N° 3843 Régis Messac :  Quinzinzinzili , Edition Spéciale, Paris, 1972  

N° 3844 Régis Messac :  La Cité des Asphyxiés , Edition Spéciale, Paris, 1972  

N° 3845 Régis Messac :  Valcrétin , Edition Spéciale, Paris, 1973

Par l'auteur de la grande étude sur la detective novel. Anarchiste et pacifiste. Mort en déportation en 44. Malheureusement ses romans de science-fiction ne sont pas terribles…
Pour une bio de Messac et une critique de ses ouvrages de science-fiction, voir mon Bloc-notes 2009Régis Messac.


N° 1657 René Barjavel :  La nuit des temps , Presses Pocket, Paris, 1976


N° 1664 Gérard Klein :  La saga d’Argyre – Les voiliers du soleil , J’ai lu, 1987

N° 1663 Gérard Klein :  La saga d’Argyre – Le long Voyage , J’ai lu, 1988

Ces deux livres font partie d’une trilogie dont le premier tome s’intitule :  Le rêve des forêts . Gérard Klein, économiste, né en 1937, a joué un rôle important dans l’édition de la science-fiction française (créateur de la collection de S.F. Ailleurs et Demain chez Robert Laffont. Il est probablement le premier à imaginer l’utilisation de la propulsion solaire dans la science-fiction.  

 

Ursula Le Guin  

N° 3630 Ursula Le Guin :  Rocannon's World , Victor Gollancz, Londres, 1978

Le premier et le plus célèbre roman de fantaisie-science-fiction d'Ursula Le Guin  

N° 4336 Ursula Le Guin :  Terremer - L'intégrale , Le Livre de Poche, 2018

C''est l’intégrale des romans et nouvelles de son cycle d’héroïc fantasy de  Terrremer  ( Earthsea  en anglais). Intéressant,  les nombreuses préfaces et postfaces, certaines inédites, de l’auteure que l’éditeur y a incluses. Et dès l’introduction on trouve ce jugement : « L’idée que la fantasy serait réservée aux immatures découle d’une incompréhension à la fois de la maturité et de l’imagination ». Mais ce qui est encore plus intéressant c’est ce qu’elle dit à propos de la femme dans la fantasy et la façon qu’elle l’y représente, elle. Je savais qu’elle avait trouvé que la SF était affreusement machiste, que la femme n’y était en général qu’une victime éplorée ou une poupée écervelée ou juste la soumise compagne du héros mâle. Or c’est justement là que cette intégrale de  Terremer  devient intéressante, c’est qu’on va y découvrir à la fois la façon dont Ursula Le Guin va traiter la femme dans sa fiction et les réflexions qu’elle y fait à son sujet.
Voir à ce propos mon Bloc-notes 2019La Femme dans la SF et la Fantasy.

Ainsi qur mon Bloc-notes 2018Décès d'Ursula Le Guin.

 

Philip K. Dick

N° 1648 Emmanuel Carrère :  Je suis vivant et vous êtes morts - Philip K. Dick 1928 - 1982 , Edit. du Seuil, Paris, 1993. (Relié toile)

Dick est un pur produit de la Californie des années 50 et 60. A connu le MacCarthysme, les amphétamines et l’herbe, le mouvement hippie, les débuts du LSD, le mouvement beatnik, le combat contre la guerre au Vietnam, celui contre Nixon, etc. Et bien sûr la psychanalyse. Lui-même consulte depuis l’âge de 14 ans. Et ceci jusqu’à sa mort (pas étonnant que les psys n’aient jamais le beau rôle dans ses romans). Mais je me méfie un peu de la biographie réalisée par le fils d’Hélène Carrière d’Encausse. J’ai l’impression qu’il a puisé largement dans l’oeuvre de Dick pour écrire sa vie. Au point que l’écrivain ressemble un peu trop à ses propres héros.

N° 2305 Philip K. Dick :  Nouvelles 1952 - 1953 , préface de Jacques Chambon et introduction Ph. Dick, édit. Denoël (collection Présences), Paris, 1996.

Parmi les nouvelles publiées en 1952 et 1953 et reprises par Denoël on trouve déjà quelques chefs-d’oeuvre (voir p. ex.  We can remember it for you wholesale  qui a servi de base au film  Total Recall  et  The Minority Report , encore une nouvelle transposée au cinéma) ainsi que certaines idées maîtresses de ses futurs romans.Comme p. ex. l’idée de l’homme possédé par un être étranger, idée rendue célèbre quelques années plus tard par le film-culte  Body Snatchers  et que Dick traite dans  le Père truqué  ( Father Thing  en anglais) : un enfant ne reconnaît plus son père. Il pense que c’est un monstre qui lui ressemble et qui a pris sa place. Dans  Etre humain, c’est...  ( Human is , en anglais) Dick exploite la même idée d’une manière plus facétieuse : la femme préfère garder le mari nouveau (possédé par un être de la vieille planète Rexor IV) beaucoup plus gentil que l’ancien qui était brutal, froid et égoïste.

N° 3244  Selected Stories of Philip K. Dick , introduction by Jonathan Lethem, uncorrected proof copy, édit. Pantheon Books, New-York, 2002.
Dick va s’emparer du problème des androïdes dès ses premières nouvelles et écrire un petit chef d’œuvre :  l’Imposteur  (repris dans la sélection de Pantheon Books sous le titre  Imposter ). Un vrai drame pour Spence Olham, cadre supérieur d’un des grands projets de recherche devant protéger la Terre contre l’attaque venue d’Alpha du Centaure. Il a été tué et remplacé par un androïde programmé de telle manière qu’il ne sait pas qu’il en est un. Et quand il le comprend il est trop tard. La bombe dont il est porteur explose et détruit tout.

N° 1667 Philip K. Dick :  Blade Runner , Editions J’ai lu, Paris, 1985.

Dick va revenir aux androïdes dans un roman des années 60, la période de ses chefs-d’oeuvre, intitulé  Do Androïds dream of electric sheep ?  (1968) et porté à l’écran sous le nom de  Blade Runner  (d’où le titre de la plus récente traduction française). Les fabricants sortent des modèles de plus en plus perfectionnés. Certains s’échappent et vont vivre une vie indépendante. Il faut les éliminer. C’est le rôle des Blade Runners. Oui, mais comment les reconnaître ? Comment éviter une bavure ? La belle Rachel p. ex., femme ou androïde ? Le fantastique n’est pas loin : la femme est-elle une sorcière ? Ou un fantôme ? Vais-je me réveiller demain matin couché à côté d’un cadavre décomposé comme le héros d’une de ces légendes japonaises ? Ma femme est-elle une renarde ?

N° 1647 Philip K. Dick :  Substance Rêve : Le Maître du Haut Château - Glissement de temps sur Mars - Docteur Bloodmoney - Les Joueurs de Titan - Simulacres - En attendant l’année dernière , préface de Jacques Goimard et bibliographie complète des oeuvres de fiction de Philip K. Dick, édit. Presses de la Cité (collection Omnibus), Paris, 1993.

N° 1649 Philip K. Dick :  Glissement de temps sur Mars , postface de Marcel Thaon, édit. Robert Laffont (collection Ailleurs et Demain), Paris, 1981.

N° 1651 Philip K. Dick :  Ubik , édit. Robert Laffont (collection Ailleurs et Demain), Paris, 1970.

N° 1650 Philip K. Dick :  La vérité avant-dernière , édit. Robert Laffont (collection Ailleurs et Demain), Paris, 1974.

N° 4496 Philip K. Dick :  Le maître du Haut Château , traduction Jacques Parsons, J’ai lu, Paris, 1981

C’est avec  le Maître du Haut Château  que Dick obtient la reconnaissance du public et le prix Hugo (qui est le Goncourt américain de la SF). Les puissances de l’Axe ont gagné la guerre. Les Nazis occupent l’Europe, l’Afrique, l’Amérique du Sud et l’Est des Etats-Unis et continuent leur politique haineuse et raciste. Les Japonais qui ont annexé toute l’Asie et l’Ouest des Etats-Unis se montrent nettement plus humains… Là où l’histoire bascule c’est quand on apprend qu’un auteur de SF, un certain Hawthorne Abendsen, a écrit une histoire dans laquelle ce sont les Alliés qui ont gagné la guerre, et que le consul japonais a pendant quelques instants la vision d’une autre Californie où les cyclo-taxis ont disparu, où des autoroutes s’étendent à perte de vue, parcourues par des files d’automobiles rutilantes, et où, lorsqu’il entre dans un bar, aucun des Blancs qui y sont assis ne se lève précipitamment pour lui laisser la place avec déférence, comme il en a l’habitude...En fait, c’est le monde où c’est l’Axe qui est victorieuse, qui est le vrai et le monde apparent qui nous entoure, n’est qu’un monde virtuel créé par les drogues et les médias entièrement contrôlés par des forces que nous ignorons. Vous suivez ?Plus je me replonge dans tous ses grands romans des années 60, plus je trouve que l’élément déterminant qui fait chaque fois basculer l’histoire est bien l’hallucination : la vision furtive d’une autre Amérique par le consul japonais Tagomi dans  le Maître du Haut Château , les hallucinations, sous l’influence de l’enfant autiste, de Jack Bohlen, dans  Glissement de Temps sur Mars , qui voit tout à coup les corps de ses interlocuteurs grouiller d’êtres rongeurs. Dans  Ubik , dès qu’on allume une télévision, une annonce de publicité fait apparaître le mot magique Ubik et sur le mur des WC est tracé le fameux graffiti : « Je suis vivant et vous êtes morts ».

Ce sont ces hallucinations qui font le scandale dont parle Roger Caillois. Ce sont elles qui constituent le fantastique dans la SF de Dick. Car chez Dick ce fantastique garde tout son pouvoir parce que les mondes qu’il nous décrit sont des mondes auxquels on croit. Il n’a pas besoin d’élaborer de grandes conceptions pour créer ses univers, de faire appel à la science, à la mythologie. Le monde martien du Glissement nous est tout de suite familier : il y a des colons, la vie est dure, il y a bien les fameux canaux, mais il y a pénurie d’eau, il y a bien quelques indigènes qui ressemblent aux aborigènes d’Australie, on se déplace en hélicoptère, mais il y a aussi des installations frigorifiques, des dictaphones, qui tombent en panne, le chef d’une entreprise de dépannage qui est servile avec ses clients et froid avec ses employés, il y a un chef de syndicat véreux et des femmes qui trompent leurs maris avec des représentants de commerce qui font de la contrebande. Ce monde-là est crédible. Il est aussi réel que notre monde à nous.

Il me semble que les nombreux commentateurs de Dick sont passés à côté de l’essentiel. Je crois que la vraie réussite de Dick c’est d’avoir su renouveler le fantastique, à le fonder sur les peurs de notre époque et à l’introduire d’une manière magistrale dans la science-fiction.


N° 3195 Philip K. Dick :  Flow my tears, the policeman said , édit. Doubleday & Company, Garden City (New-York), 1974, 1ère édition. (Hard cover avec dust jacket)

N° 3154 Philip K. Dick :  I hope I shall arrive soon , introduction Ph. Dick, édit. Doubleday & Company, Garden City (New-York), 1985. (Hard cover avec dust jacket)

N° 3152 Philip K. Dick :  Divine Invasion , édit. Timescape Books, New-York, 1981. (Hard cover avec dust jacket)

N° 3153 Philip K. Dick :  The Transmigration of Thimothy Archer , édit. Timescape Books, New-York, 1982. (Hard cover avec dust jacket)

 Invasion Divine  et  La Transmigration de Thimothy Archer  sont les deux derniers romans écrits par Dick avant sa mort. Le premier est l’histoire de l’incarnation recommencée. Sans grand intérêt. Le deuxième est l’histoire revue et corrigée par Dick d’un personnage réel et célèbre de la côte ouest, l’évêque James Pike, parfait hérétique, niant l’existence du Saint Esprit, discutant sans fin avec Dick de la Gnose, devenu spiritiste après le suicide de son fils et qui, au moment de créer une nouvelle religion unitaire, syncrétiste, voulant chercher les sources de l’enseignement du Christ dans les écrits de la Mer Morte, part dans le désert de Qumrân avec une Coccinelle, une carte et deux bouteilles de Coca et y meurt de soif.