Encyclopédies Pléiade

N° 1781 à 1783  Histoire des Mœurs , sous la direction de J. Poirier, 3 volumes, La Pléiade

Tome I :  Les Coordonnées de l’Homme et la Culture matérielle  – Tome II :  Mode et Modèles  (c’est là que l’on trouve les très beaux textes sur l’Homme et la Mort et L’Homme et l’amour. Thanatos et Eros) – Tome III :  Thèmes et systèmes culturels 

N° 1778  Ethnologie générale , La Pléiade, 1968

N° 1779  Ethnologie régionale ,  Tome I : Afrique – Océanie , sous la direction de Jean Poirier, La Pléiade, 1972

N° 1780  Ethnologie régionale, Tome II : Asie – Amérique – Mascareignes , sous la direction de Jean Poirier, La Pléiade, 1978

Biographies (d’ethnologues)    

N° 3854 Jean Borm :  Jean Malaurie, un Homme singulier , Editions du Chêne, Paris, 20015

Biographie d’un explorateur, ethnologue engagé. Malaurie est beaucoup moins connu que Paul-Emile Victor et je trouve cela un peu injuste car c’est un homme très attachant. C’est d’ailleurs lui qui a convaincu Plon de créer cette fameuse collection de Terre humaine où son livre,  les derniers Rois de Thulé , a paru, tout de suite suivi par  Tristes Tropiques  de Claude Lévi-Strauss (et par beaucoup d’autres ouvrages remarquables comme  Le Cheval d’Orgueil  de Pierre Jakez-Hélias,  Pour l’Afrique,   j’accuse  de René Dumont,  Les veines ouvertes de l’Amérique latine  d’Eduardo Galeano, etc.). Malaurie était géologue à l’origine (ou plus précisément géomorphologue) et avait déjà participé à des expéditions polaires (avec Paul-Emile Victor) à l’âge de 24 ans. Mais très rapidement il s’intéresse plus aux hommes qu’aux pierres. Alors en 1950, âgé de 28 ans, il part seul Européen, accompagné de quelques Inuits seulement, et chargé par le CNRS d’une mission géographique et ethnographique dans le nord du Groenland.La relation de son expédition est passionnante à lire. Il était probablement le premier à partir ainsi pratiquement seul et avec si peu de moyens.

En plus de son travail de géologue (il dresse la carte de 300 km de côtes au nord de Thulé) Jean Malaurie étudie la généalogie des Inuits de la région (questions de consanguinité) mais aussi leurs coutumes, leurs légendes, leurs idées religieuses et leur caractère.Ainsi on voit que l’Inuit peut être très dur avec ses chiens, avec les faibles, les handicapés et les vieux (c’est la dureté de l’environnement qui le conditionne), mais que pour le reste c’est une population extrêmement solidaire. Le vol et le mensonge sont inconnus. Si l’Inuit a le caractère généralement heureux, il arrive que la vengeance peut être un plat qui se mange froid (normal dans ce climat), on constate que les vendettas existent et on apprend que si on veut coucher avec sa femme (s’amuser entre les peaux, dit-on) il vaut mieux le faire avec l’accord du mari. 

Et il est très sévère en ce qui concerne l’influence néfaste de la religion chrétienne : « Saisit-on ce que comportent ici de viol de conscience l’évangélisation, les concepts judéo-chrétiens ? » demande-t-il. « En accédant, par le christianisme, à la communauté des hommes, cette petite société a abandonné les justifications sacrées, religieuses, de pratiques qui avaient constitué pour elle, pendant des siècles, une armature socio-économique, l’animant d’un esprit de combat et de résistance. » Le chaman était « le prêtre, l’intercesseur, le décrypteur de signes… l’ancien qui appelle le respect, l’arbitre et le mainteneur des traditions. »

Pour ce qui est de Jean Malaurie et des Inuits, voir mon Bloc-notes 2009 : Jørn Riel, Malaurie et le Groenland.

 

N° 4287 Emmanuelle Loyer :  Lévi-Strauss , Flammarion, 2015

Très belle biographie de Claude Lévi-Strauss (1908 - 2009)

N° 2823 Nicole Belmont :  Arnold van Gennep, créateur de l’ethnologie française , édit. Payot, Paris, 1974

Arnold van Gennep (1873 – 1957) est le véritable créateur de l’ethnologie française, un homme tout à fait remarquable qui a travaillé jusqu’à la fin de sa vie en indépendant, l’université française étant véritablement trustée par Durckheim et son école sociologique française. Van Gennep était aussi un grand linguiste, ami de l’égyptologue Henri Maspéro, du linguiste Meillet, du folkloriste Sébillot, de Joseph Bédier aussi, et traducteur de Frazer et de Havelock Ellis. 

Drogue

N° 1807 Dr. Claude Olievenstein :  Il n’y a pas de drogués heureux , Robert Laffont, 1977

Célèbre psychiatre spécialisé dans le traitement des toxicomanes.

Education

N° 1789 Alain :  Propos sur l’Education , Presses Universitaires de France, 1972

Alain défend des principes qui peuvent paraître bien surannés aujourd’hui comme ceux-ci : l’élève doit témoigner du respect à son Maître car il représente le savoir et la culture ; le Maître n’a pas besoin de distraire l’élève car le savoir est chose sérieuse !

N° 1786 A. S. Neill :  Talking of Summerhill , Victor Gallancz Ltd, Londres, 1971 (hard cover ; 1 ^ère  édition : 196)

N° 1787 A. S. Neill :  Libres enfants de Summerhill , édition revue avec une préface de Maud Mannoni, François Maspéro, Paris, 1975

Neill a été le fondateur de cette école « auto-gérée » en 1921 dans la région de Londres.

 

N° 1788 Urie Bonfenbrenner :  Two Worlds of Childhood (US & USSR) , Penguin, 1974

Emotion

N° 3636 Charles Darwin :  L'expression des émotions chez l'homme et les animaux , C. Reinwald, Paris, 1890 (Percaline verte de l'éditeur. 21 figures sur bois et 7 planches photo, h.t. en héliotypie. Deuxième édition)

Célèbre étude de Darwin concernant les manifestations affectives.

Flagellation

N° 2767 Hugues Rebell :  Etude sur la flagellation à travers le monde , Charles Carrington, Paris, 1899 (Demi-maroquin brun à coins, dos à nerfs, tête dorée. Papier de Hollande. Ex. numéroté N° 186/500)

Etude faite « aux points de vue historique, médical, religieux, domestique et conjugal » avec un « exposé documentaire de la flagellation dans les Ecoles anglaises et les prisons militaires ». H. Rebell est le célèbre auteur de la  Nichina  et des  Nuits chaudes du Cap français .

Foule

N° 3161 Gustave Le Bon :  Psychologie des Foules , Libr. Félix Alcan, Paris, 1913 (relié toile)

N° 3357 Serge Tchakhotine :  Le Viol des Foules par la propagande politique , Gallimard, 1952

Elias Canetti, dans  Masse und Macht , trouvait que Le Bon était beaucoup trop influencé par la Commune et par les idées de Taine sur la Révolution (voir : N° 0024 Elias Canetti :   Masse und Macht  , édit. Claassen Verlag, Hambourg, 1984 et N° 2130   Einladung zur Verwandlung - Essays zu Elias Canettis Masse und Macht  , édité par Michael Krüger, édit. Carl Hanser Verlag, Munich/Vienne, 1995). Il est vrai que Le Bon comme Taine sont des hommes de droite à qui les premières manifestations ouvrières font peur. Il n’empêche que Le Bon a été le premier à parler du phénomène de la masse (qu’il appelle foule) et ses descriptions me paraissent plutôt convaincantes, même si on n’a pas besoin d’épouser ses convictions politiques sur la démocratie. Je dirais même que ses idées sont particulièrement utiles pour ceux qui s'intéressent aux méfaits des réseaux sociaux et à leur influence néfaste sur la démocratie.

Tchakhotine avait publié son livre en 1939 deux mois avant le déclenchement de la guerre. Il avait d’abord été censuré (pour ne pas blesser Messieurs Hitler et Mussolini !), puis interdit, enfin brûlé par les Nazis. La publication de 1952 est une édition revue par l’auteur (qui était Professeur d’Université).

Genre

N° 1798 Charles Fourier :  Vers la liberté en amour , Gallimard/Idées, 1975

N° 2358 August Bebel :  Woman under Socialism , New-York Labour News Cy, New-York, 1904

La traduction de l’allemand en anglais est faite par le leader socialiste américain Daniel de Leon

N° 1801 Olive Schreiner :  Woman and Labour , T. Fisher Unwin, Londres, 1911 (1 ^ère  édition, hard cover, dorures)

L’écrivaine sud-africaine auto-didacte Olive Schreiner commence à s’intéresser au sort de la femme et à la sexualité après avoir rencontré le sexologue Havelock Ellis à Londres. Elle travaille pendant une dizaine d’années sur ce problème (entre 1888 et 1899), mais son manuscrit est détruit pendant la guerre des Boers. Elle n’y revient qu’en 1911 avec cette version raccourcie, qui devient néanmoins la Bible des suffragettes anglaises dans les années vingt. Ses idées principales : ce n’est pas la mère seule mais les deux parents, d’une manière égalitaire, qui doivent élever les enfants, le couple doit avoir une vie sexuelle, indépendamment du simple rôle reproducteur de la famille (encore que sa propre vie sexuelle n’a pas dû être très épanouie et son mariage plutôt raté), la femme participe à égalité avec l’homme au travail de la société. Elle invente le terme de parasitisme sexuel : la femme, n’étant plus occupée à plein temps à son travail de maternité et ne participant pas aux nouvelles activités professionnelles (mentales), risque de ne plus exister que par « la pratique passive des seules fonctions sexuelles » et donc de vivre en parasite sur la société et sur les hommes. Ce qui serait un danger pour toute l’humanité. Dans un dernier chapitre, intitulé  Woman and War , elle demande également que la femme participe à la vie politique et au gouvernement. Elle estime que la femme étant plus consciente que l’homme de la valeur de la vie humaine (puisque c’est elle qui la donne), cela ne pourrait être que bénéfique pour la paix. Trois ans plus tard éclatait la grande guerre.

N° 1802 Havelock Ellis :  Man and Woman ,  a Study of Secondary and Tertiary Sexual Characters , William Heinemann, Londres, 1934 (8 ^ème  édition)

Havelock Ellis était un médecin qui va s’intéresser de plus en plus aux relations entre l’homme et la femme et qu’on peut considérer comme un des premiers sexologues. La rencontre d’Olive Schreiner et d’Ellis a lieu en 1884. Et c’est en 1894 que celui-ci publie pour la première fois son étude  Man and Woman  qui devait servir d’introduction à sa grande étude en sept volumes :  Studies in the Psychology of Sex . Olive a des contacts suivis avec Ellis. Ils s’écrivent tous les jours. Son esprit se développe. Elle participe activement à un Man and Woman Club. Et commence à défendre sérieusement ses idées sur la situation de la femme dans la société.

A propos d'Olive Schreiner (et d'Havelock Ellis), voir mon Voyage autour de ma Bibliothèque, Tome 2 : Ecrivains d'Afrique du Sud.

N° 2344 Jolanda :  Eva Regina, Il Libro delle Signore , Luigi Perrella, Milan, 1923

L'image de la femme en Italie en 1923. Très ouvert pour l'époque : il faut expliquer à la jeune fille comment on fait les enfants avant de l'exposer à la sauvagerie de l'homme lors de la nuit de noces !

N° 1806 Dr. Th. H. Van de Velde :  Die vollkommene Ehe, eine Studie über ihre Physiologie und Technik , Berno Konegen, Leipzig/Stuttgart, 1926

Van de Velde était Directeur d’une clinique de gynécologie à Haarlem aux Pays-Bas. Célèbre livre de sexologie de l’époque. 

N° 1803 Karl Toth :  Die Frau in der abendländischen Kultur 

La Femme dans la conception nazie

N° 1804 Michèle Manceaux :  Les Femmes de Gennevilliers , Mercure de France, 1974

A l’époque du Planning familial

N° 4539 Elisabeth Badinter :  L’un est l’autre – Des relations entre homme et femme , Odile Jacob, 1986

N° 4360 Nadia Tazi :  Le Genre intraitable  - Politiques de la virilité dans monde musulman , Actes Sud, 2018

Nadia Tazi est une philosophe marocaine née en Espagne. Cet ouvrage sur la virilité dans le monde musulman est le fruit d'un programme dirigé par Nadia Tazi au Collège international de Philosophie de Paris entre 2006 et 2012

N° 4611 : Nawal El Saadawi :  La Femme et le Sexe ou Les souffrances d’une malheureuse opprimée , L’Harmattan, 2017

Etude approfondie de l'oppression sociale et sexuelle de la Femme en Egypte par une féministe célèbre, également médecin et écrivaine. Voir les autres livres de Nawal El Saadawi (1931 – 2021) dans la Liste 29 : Littérature arabe ancienne et moderne.

Et, à propos du féminisme égyptien, voir mon Bloc-notes 2019 : Trois féministes égyptiennes, Féministes égyptiennes (suite) et Islam vs Femmes (suite). Ainsi que mon Bloc-notes 2021 : Une 4ème féministe égyptienne.

N° 1805 Freidoune Sahebjam :  La Femme lapidée , Grasset, 1990

Document. Par un journaliste de l’Express, Iranien d’origine. C’est l’histoire, basée sur des témoignages recueillis sur place par Sahebjam (condamné depuis à mort en Iran), d’une lapidation réelle, celle d’une certaine Soraya M. accusée par son mari, condamnée par les hommes de son village, puis morte sous les jets de pierres de ses proches. 

La mort

N° 1785 Jean Ziegler :  Les Vivants et les Morts , Seuil, 1975

Ziegler est surtout connu pour ses combats contre les Banquiers de son pays, mais c’était aussi un sociologue. Ici ses réflexions sur la façon dont la société moderne fait face à la mort (l’occulte, en fait).

Peine de mort

N° 1784 Albert Camus et Arthur Koestler :  Réflexions sur la Peine de Mort , introduction et étude de Jean Bloch-Michel, Calmann – Lévy, 1957

En fait il s’agit de trois textes, le premier de Koestler qui a lui-même vécu les affres du condamné à mort dans les prisons franquistes et qui parle de la pendaison britannique, le deuxième de Camus intitulé  Réflexions sur la guillotine  et qui se rappelle l’horreur de son père qui avait voulu assister à l’exécution d’un affreux assassin en Algérie et qui avait vomi après en être revenu, et le troisième de Bloch-Michel qui fait le point sur la situation de la peine de mort en France

Nouvelle Société

N° 1790 Ivan Illich :  Une Société sans Ecole , Seuil, 1971

N° 1791 Ivan Illich :  La Convivialité , Seuil, 1973

N° 1794 Alvin Toffler :  Future Shock , Bantam Books, New-York, 1972

N° 1795 Wilhelm Reich :  Listen, Little Man , Penguin, 1975

N° 1796 Charles A. Reich :  The Greening of America , Bantam Books, New-York, 1971

N° 1797 E. F. Schumacher :  Small is beautiful – Une Société à la mesure de l’Homme , Seuil, 1979

Illich (1926 – 2002), Toffler (1928 – 2016), Wilhelm Reich (1897 – 1957) et Schumacher (1911 – 1977) étaient, chacun dans son domaine, les prophètes d’un nouveau monde, certains, adversaires de la croissance, bien avant l’avènement de l’écologie.

Wilhelm Reich était né en Galicie en 1897. Disciple de Freud à Vienne, il quitte l’Europe en 1949. Marxiste, accusé d’usage de drogue, condamné à deux ans de prison pour désobéissance, meurt en prison en 1957.

Charles Reich, né en 1928 a enseigné le droit à Yale.