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Tome 3 : Notes 10 (suite 4): La révolution de Meiji

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(Le miracle japonais)

58) n° 2896 Paul Akamatsu: Meiji 1868 Revolution and Counter-Revolution in Japan, édit. Harper & Row, New-York, 1972.
59) n° 2554 Yoshiie Yoda: The Foundation of Japan’s Modernization - A Comparison with China’s Path Towards Modernization, édit. E. J. Brill, Leiden, 1996.

J’ai mentionné tellement de fois la révolution de Meiji qu’il faut bien que je vous en dise un mot. Quand j’ai lu pour la première fois l’étude de Paul Akamatsu (qui a d’ailleurs paru d’abord en français en 1968) je me suis dit que c’était un véritable miracle que les Japonais aient réussi à éviter le chaos et l’intervention des Puissances occidentales. Car tout semblait annoncer la catastrophe: le pouvoir du shogoun affaibli, une lutte pour sa succession quand le shogoun Iesada meurt en 1858, un Empereur xénophobe et qui en plus se mêle des affaires de gouvernement, son entourage de nobles civils qui, à Osaka, sont si loin des réalités politiques qu’ils s’imaginent qu’on peut encore jeter les Occidentaux dehors, les féodaux (les daimyos) des grands domaines qui se révoltent contre le shogoun, se disent également xénophobes pour contrer le shogoun tout en nouant eux-mêmes des contacts avec les Puissances, la guerre civile qui se déclenche à deux reprises, sans compter les mouvements de révolte de paysans, les assassinats politiques, les attaques d’Européens et les ripostes armées de ceux-ci, etc. Et pourtant les Japonais s’en sortent.
Et non seulement s’en sortent, mais réussissent à s’adapter aux nouvelles donnes, aux techniques occidentales, et en un temps record créent une industrie, une armée, une marine, ainsi que les fondements d’un Etat moderne.
Il n’y a pas d’explication évidente à ce phénomène. Akamatsu montre que l’évolution du Japon avait déjà commencé à l’époque des Tokugawa. Rappelons que l’Empereur japonais n’a pas souvent gouverné directement au cours de sa longue existence (ce qui explique peut-être la longévité de la dynastie, la plus longue de la planète) et que le pouvoir effectif était exercé par le shogoun. Les Tokugawa avaient occupé ce poste depuis deux siècles et demi. Exactement depuis que le premier d’entre eux, Tokugawa Ieyasu, gardien du fils de ce fameux Hideyoshi qui avait saccagé la Corée mais qui avait aussi réalisé la réunification et la pacification du Japon après un siècle de «Royaumes combattants», avait pris le pouvoir en 1603 aux dépens du fils Hideyoshi qu’il devait «garder». Pendant ces deux siècles et demi le Japon avait connu la paix mais aussi une certaine léthargie liée à son long isolement. Surtout qu’en 1635 on avait décrété que tout Japonais qui quitterait le pays pour chercher l’aventure et appréhender le monde extérieur serait mis à mort à son retour.
Et pourtant, comme le montre Akamatsu, on commence à importer dès le 18ème siècle du savoir scientifique grâce aux Hollandais: médecine, astronomie, sciences naturelles, etc. En plus les Chinois et les Hollandais qui veulent commercer avec le Japon doivent remettre tous les ans un rapport sur les principaux événements mondiaux. Dès 1841 certains Japonais reconnaissent la supériorité de l’artillerie occidentale. On commence à créer des fonderies, même dans les fiefs seigneuriaux. Treize ans plus tard on est capable de fondre des canons. Et après quelques années encore une véritable industrie moderne, la sidérurgie, est en train de démarrer. Des intellectuels japonais s’intéressent à ce que l’on appelle les études hollandaises. On vient spécialement s’installer à Nagasaki pour cela. Il y a même un autre savant allemand, après Kaempfer, le Bavarois Siebold, travaillant lui aussi pour les Hollandais, qui va créer une école. Il est bientôt expulsé parce qu’on trouve une carte du Japon sur lui. Mais il n’empêche, son enseignement n’est pas perdu.
Mais les difficultés ne manquent pas. Lorsque les Occidentaux, après les traités de 1854, exigent la signature de traités commerciaux en 1858, le représentant du shogoun va les signer contre la volonté expresse de l’Empereur et de son entourage de nobles civils. Mais il estime qu’il ne peut faire autrement car s’il n’apposait pas sa signature au bas des traités le pays serait envahi et le tort fait à la dynastie encore bien plus grand. Or au même moment le shogoun meurt et s’ouvre en plus une bataille pour sa succession. Le successeur désigné est jeune. Il est affaibli: certains seigneurs avaient soutenu un rival et avec sa politique étrangère il est en porte-à-faux par rapport à la Cour. Il se rend deux fois à Kyoto où siège l’Empereur (en 1863 et 64) ce qui ne se faisait jamais (le shogoun avait son gouvernement, ce que l’on appelait le bakufu, le gouvernement sous la tente, à Edo, le Tokyo d’aujourd’hui). Lors de son deuxième séjour de sérieux troubles sont créés autour du palais. L’un des fiefs, le Choshu, se permet d’attaquer au canon des bateaux anglais qui ripostent bien sûr et demandent des dommages et intérêts. Les fiefs deviennent de plus en plus indisciplinés. Le shogoun est obligé de leur faire la guerre (1865 et 66). En 1866 le jeune shogoun meurt à son tour. Il est remplacé par son premier ministre, Yoshinobu, celui qui avait signé les traités. Et puis en 1867 l’Empereur Komei meurt lui aussi. Or si Komei avait toujours été très inquiet sur cette question des traités et des ouvertures de ports aux étrangers, il n’a pourtant jamais cessé de faire confiance à Yoshinobu. Et le fils de Komei a 17 ans!
Pendant toutes ces années des liens se sont noués entre ce que Akamatsu appelle des officiels, en fait des intellectuels, même si tous sont de la classe des nobles militaires, des différents fiefs. Ce sont eux qui arrivent à investir les groupes qui gravitent autour de l’Empereur (nobles civils, délégués des fiefs) et qui obtiennent la démission de Yoshinobu qui remet ses pouvoirs entre les mains de son Empereur. Et pourtant ils vont continuer la politique de Yoshinobu. Et accentuer encore l’ouverture au monde et la modernisation. Les choses alors se précipitent. En janvier 1868 le nouvel Empereur, qui prend le nom de Meiji, adopte la «proclamation des 5 articles» qui expriment les principes adoptés par le nouveau régime: le pouvoir à l’empereur, la parole est libérée (débats, assemblées), grands et petits participent au gouvernement, on recherche le plein épanouissement de tous, on adopte les principes universels et on fait appel au savoir du monde entier. Et le palais de l’Empereur est transféré à Tokyo.
En 1871 les fiefs sont abolis. La même année une nombreuse mission d’étude se rend aux Etats-Unis et en Europe. En 1872 on crée quatre grandes banques d’Etat. En 1873 a lieu une grande réforme de l’enseignement. Ce qui reste des écoles étrangères est transformé en écoles de sciences, de l’industrie, du droit, des arts etc. L’Ecole de Médecine devient l’université de Tokyo. Les écoles de langues étrangères sont également développées. Enfin on crée des écoles normales pour former des instituteurs et standardiser l’enseignement primaire. C’est également en 1873 qu’on adopte le calendrier grégorien, qu’on impose la conscription et qu’on réforme complètement le système de taxation.
Mais ce n’est qu’en 1889 qu’est proclamée la première Constitution du pays. Elle confirme l’empereur en tant que chef de l’Etat, les Ministres sont responsables devant lui, on crée une Chambre des Pairs où siègent les grands Nobles et une Chambre de Députés élus par tous ceux qui ont un certain revenu (lors de la première élection il y a 450 000 électeurs). Il est vrai que cette Chambre est dissoute en 1891 et à nouveau en 1893. La démocratie ne vient pas du premier coup! Et puis ce sont - comme on l’a déjà rapporté - les guerres victorieuses contre la Chine en 1894 et contre la Russie en 1904.
Tout ceci donne un peu le vertige. Mais on reste sur sa faim malgré tout. Comment ont-ils fait? Si vite? La fierté japonaise y est certainement pour beaucoup. Quand ils ont vraiment compris qu’ils étaient en position de faiblesse par rapport aux Occidentaux ils ont tout fait pour les rattraper. Pour les empêcher de débarquer d’abord. Pour plus tard traiter d’égal à égal et renégocier les traités qu’on leur avait imposés. Le même Sir Rutherford Alcock, Ambassadeur britannique, que j’ai déjà mentionné à propos de la découverte de l’art japonais (voir la «Grammaire» de Cutler) dit: «So long as treaties with Western Powers are forced upon the Rulers of an Asiatic people, the vice of their origin will follow them to the end».
Ce qui frappe aussi c’est cette ferveur qu’on a pour l’Empereur. Comment expliquer autrement que les daimyos acceptent la disparition de leurs privilèges, l’abolition des fiefs? L’Empereur c’est la source de tout pouvoir, c’est le propriétaire de la terre (à trois pieds en-dessous du niveau du sol), c’est la personnification du Japon. C’est l’idée que l’on a de l’Empire qui a sauvé le Japon du chaos.
Mais il ne suffisait pas de vouloir. Il fallait encore pouvoir. Le Japonais est un intellectuel. Peut-être pas un créateur. On l’a déjà dit. Mais un formidable étudiant qui est capable d’absorber et d’adapter. Il fallait aussi être en mesure de réaliser la révolution capitalistique. Et là on voit des phénomènes qui caractérisent encore le Japon d’aujourd’hui: une relation des plus étroites entre l’Etat et le privé et la formidable capacité de survie et de mainmise sur l’économie des grands groupes capitalistes. Au début de Meiji, et même avant, à celle des Tokugawa, il y avait une très grande concentration de richesses au niveau du Shogoun donc de l’Etat: mines, industries militaires, sidérurgie, industries chimiques, etc. sans compter l’accumulation dans le trésor public d’or et d’argent. Or dès le début on passe progressivement du public au privé. C’est le cas surtout de l’industrie et des transports. Des commerçants puissants apparaissent comme les Mitsui et les Sumitomo. Ils créent les premières banques de change. Ils prêtent de l’argent à l’Etat. Et le fondateur du groupe Mitsubishi démarre avec des mines et dans l’industrie mais fait surtout sa fortune en obtenant du gouvernement le droit de créer des flottes de navigation qui vont servir à la fois au commerce (entre Japon et Corée) et de transports de troupes (p. ex. pour l’invasion de Formose). Or Mitsubishi, Mitsui et Sumitomo sont encore aujourd’hui, c. à d. presque 150 ans plus tard, les trois plus grands des fameux zaibatsu qui écrasent complètement l’économie japonaise. Mitsubishi, à lui seul, représente 10% du PNB japonais!
Yoshiie Yoda est actuellement Professeur de sociologie à l’Université Waseda de Tokyo et son traducteur, Kurt W. Radtke est lui-même Professeur d’histoire japonaise moderne à l’Université de Leiden. Yoda essaye de comparer les voies prises respectivement par la Chine et par le Japon pour moderniser leur société et leur économie. Il est un peu nationaliste, le Professeur Yoda. Il faut donc faire son tri parmi les idées qu’il avance pour expliquer le retard pris par la Chine dans cette course à l’occidentalisation. D’abord il y a des raisons qui tiennent à l’histoire et à la géographie. La Chine est un pays immense, évidemment beaucoup plus difficile à gouverner d’une manière centralisée que le Japon. Ce qui explique d’ailleurs probablement que le Japon disposait déjà d’un marché intérieur relativement unifié au moment de la révolution Meiji alors qu’en Chine les échanges économiques entre les différentes régions étaient beaucoup plus limitées. Et puis au Japon on avait un immense respect pour l’Empereur ou plutôt pour ce qu’il signifiait, alors qu’en Chine régnait depuis la fin des Ming une dynastie étrangère, les Qing (au point même que tous les postes élevés du gouvernement étaient doublés et occupés à la fois par un Mandchou et un Chinois Han, même si le vrai pouvoir était aux mains des Mandchous), et qu’un Empereur mandchou ne pouvait bien évidemment pas inspirer le même respect ni avoir la même signification pour le peuple comme pour les lettrés, d’où la facilité avec laquelle les Seigneurs de la Guerre ont pu se développer et se maintenir dans la Chine du 19ème siècle.
Mais Yoda mentionne également des différences de mentalité et de culture entre les deux peuples, ce que je trouve beaucoup plus intéressant. D’abord la solidarité chinoise est avant tout - ce que nous savons déjà - une solidarité familiale, ce que Yoda traduit par une solidarité de sang et de clans. Au Japon au contraire s’est développée depuis l’époque des Seigneurs combattants (13ème siècle) une fidélité des samouraïs à leur Seigneur qui est devenue peu à peu une marque essentielle de la culture japonaise: et en étant fidèle à un Seigneur (voir la fameuse éthique des samouraïs, j’en parlerai encore), on est en même temps fidèle à un groupe (j’en ai déjà parlé à propos de l’homogénéité de la société japonaise et de son imperméabilité à l’introduction d’éléments allogènes) ou à une entité (c’est le phénomène moderne de fidélité à une entité économique, l’Entreprise, avec laquelle on nous a rebattu les oreilles, bien rendue - mais avec une certaine exagération - par Amélie Nothomb, une fidélité qui a d’ailleurs du plomb dans l’aile depuis la crise économique, mais ça c’est une autre histoire). Yoda confirme également une constatation que j’ai faite moi-même: le Confucianisme n’a pas vraiment imprégné le Japon, car Confucius demandait non seulement le respect pour l’Empereur et le respect de l’élève pour son maître, mais également le respect de la femme pour son mari, celui des enfants pour leurs parents et des frères et soeurs pour leur frère aîné (n’est-ce pas mes frères qui me lisez?). Trois des 5 préceptes sont donc liés à la famille. Au Japon on n’a pas du tout ce même respect - si visible en Chine - pour les vieux. N’a-t-on pas vu dans un film japonais (Narayama de Shohei Imamura) des villageois porter leurs vieux parents, bouches inutiles, jusqu’au sommet d’une montagne pour les y laisser mourir?
Autre différence entre Chine et Japon, toujours d’après Yoda: la façon d’accueillir le savoir étranger. On l’a déjà vu au sixième siècle. Le Japon a assimilé le tout: écriture, vocabulaire, bouddhisme, confucianisme (avec quelques réserves, comme on l’a vu), expression artistique, etc. Et, plus tard, tout en tenant Portugais et Hollandais à distance, les élites japonaises n’ont jamais cessé de pomper leur savoir. Les études hollandaises, les écoles hollandaises, malgré leur nom, ne servaient qu’à un seul but: l’assimilation de la science occidentale. Un mouvement qui s’est précipité avec la révolution Meiji. Et cette assimilation ne s’est pas limitée à la technique: elle est allée jusqu’au social, au politique: administration, organisation gouvernementale, démocratie, éducation des masses. Alors qu’en Chine le mot d’ordre était: «Western utilities for a Chinese body», sous-entendu: on prend à l’ouest ce qui est utile à la Chine, et seulement ce qui lui est utile ou qui paraît utile aux élites. Et là on rencontre une autre grande différence entre Chine et Japon: le vieux système des examens, c. à d. des Mandarins, de ces élites trop imbues d’elles-même pour accepter que le savoir puisse venir d’ailleurs, trop déformées par le formalisme des matières sur lequel elles sont jugées dans les concours pour penser par elles-mêmes, pour innover, pour créer, ce système n’a jamais existé au Japon. Le féodalisme a entraîné une attribution des postes sur la base de l’hérédité. Ce qui aurait pu être catastrophique, mais ne l’a pas été. Pourquoi? Parce qu’il est dans la nature du Japonais d’étudier, d’apprendre? Parce que les élites, n’ayant pas besoin de passer leur temps à une préparation stérile de concours formels, pouvaient étudier ce qui les intéressait, approfondir leurs connaissances, s’ouvrir à l’extérieur? Ou parce que de cette manière des personnalités ont pu éclore que le système des concours aurait éliminées et que les Seigneurs des Domaines ont pu librement choisir pour devenir ce que Paul Akamatsu appelle des officiels? En tout cas toute analogie avec ce qui se passe dans la France actuelle et ces élites que certains qualifient de sclérosées ne peut être que pure coïncidence...
Dernière différence entre Chine et Japon, toujours d’après Yoda: en Chine, pour que les nouvelles idées soient acceptées il faut une révolution, il faut faire table rase du passé (comme dans les Révolutions française et russe). C’était l’objet de la révolution ratée du mouvement Taïping. Le Japon, au contraire, introduit le nouveau tout en conservant l’ancien. Le Japon juxtapose. C’est là une idée intéressante: l’ancien n’étant pas supprimé, il n’y a pas résistance à l’avènement du nouveau. Yoda cite d’ailleurs de nombreux exemples, pris dans la culture japonaise elle-même: le théâtre kabuki n’a pas supprimé le Nô, le bouddhisme n’a pas supprimé le shintoïsme mais a fusionné avec lui, etc. Cela mérite réflexion. Sur le plan économique je ne suis pas certain que l’on puisse mélanger ancien et nouveau. Moi-même je me suis aperçu lors de mes voyages au Japon qu’il y avait des survivances d’anciennes pratiques peu compatibles avec une économie moderne: p. ex. le système de distribution des produits industriels: un système contrôlé entièrement par les grands groupes, basé sur une multiplicité de niveaux, et où les super-grossistes financent les petits et de cette manière les tiennent à leur merci, un système qui ressemble à celui d’un certain nombre de pays sous-développés comme l’Iran p. ex. Autre exemple: l’agriculture qui est restée une agriculture de petites surfaces, ce qui a peut-être sauvé la survivance de nombreux petits paysans mais qui fait que le coût de production du riz est le double ou le triple du prix mondial. Et finalement cette toute-puissance des zaibatsu qui ne semble avoir été battue en brèche que tout récemment par suite de la longue crise économique que le Japon a connue depuis les années 90, mais qui a été un frein à la concurrence interne (une société du groupe Mitsubishi ne pouvant faire autrement que d’acheter des ascenseurs Mitsubishi pour équiper ses immeubles) et qui a empêché beaucoup d’entreprises et surtout les entreprises moyennes d’avoir leur propre service d’exportation et même leur propre organisation commerciale pour couvrir le marché intérieur (les gros groupes servant à la fois de maisons d’exportation et de super-distributeurs sur le marché national).
Mais sur le plan culturel la pratique japonaise a probablement du bon. Assimiler les dernières techniques de marketing de l’Occident tout en gardant pour la vie de tous les jours, autant que possible, les anciennes coutumes, les habitudes de vie et surtout les anciennes valeurs. Des valeurs moins basées que les nôtres sur l’individualisme égoïste. Rêvons un peu. Un village asiatique qui ferait de la résistance dans un monde où règne l’impérialisme culturel américain et dont la devise est celle de Gauguin légèrement modernisée: «Monde du jouir et du fric». Belle utopie. Même au Japon cela ne durera pas. Cela ne peut pas durer. La pression est trop forte. C’est probablement déjà fini.

 (2003)