N° 2265 à 2268 René Grousset : Les Civilisations de l'Orient , 4 tomes, G. Crès et Cie, 1929/1930 (les 4 tomes reliés en deux volumes. Reliure toile)
Tome 1 : L'Orient (Moyen Orient, Perse) , tome 2 : l’Inde , tome 3 : la Chine , tome 4 : le Japon
Moyen-Orient et Proche-Orient
N° 2087 à 2089 Gérard de Nerval : Voyage en Orient , suivi d’ Isis , trois volumes, introduction, notes et biblio par Jean Chuzeville, Bossard, Paris, 1927 (tirage sur papier de Madagascar, numéroté 120 sur 150, avec gravure au burin d’un frontispice de Gandon et portrait par Ouvré de G. de Nerval)
N° 2737 Gustave Flaubert : Voyage en Egypte , Grasset, 1991
Edition intégrale du manuscrit original retrouvé (et non expurgé)
N° 3255 Claude Anet : Feuilles persanes , Bernard Grasset, 1924 (Demi-chagrin moderne, dos à nerfs, ex numéroté (n° 2414) tiré sur vergé bouffant).
Sous-titre : La route de Mazandéran, La Femme lapidée, l'esprit persan .
Relation des 2ème et 3ème voyages de l'auteur en Perse en 1909 et 1910. Voir sa description d'une lapidation, ses idées sur l'esprit persan et quelques données historiques.
N° 2695 E. W. Lane : The Manners and Customs of the Modern Egyptians , édit. Everyman’s Library, Londres, 1936.
(Lane a passé beaucoup d’années en Egypte. Avait l’habitude de voyager déguisé en Egyptien).
Pour mémoire : livre déjà mentionné dans la liste 28 (Littérature arabe : les Mille et une Nuits )
N° 2689 et 2690 Comte de Gobineau : Trois ans en Asie , deux volumes, B. Grasset, 1922 (relié toile)
Alors que le premier tome décrit surtout ses voyages (Malte, Le Caire, Djeddah, Aden, Mascate, puis l’Iran), le deuxième tome évoque des sujets d’ethnologie et de sociologie : nation, religion, Soufis, Guèbres, Nossayris, relations sociales, etc.
N° 3076 Freya Stark : La Vallée des Assassins , Editions Je Sers, Paris, 1946
Voyage au cœur de l’Iran secret (Luristan, Château des Assassins, Trône de Salomon)
N° 2408 Wilfrid Thesiger : Arabian Sands , Longmans, Green and Cy, Londres, 1959
N° 1812 Wilfred Thesiger : Les Arabes des Marais , Plon/Terres Humaines, 1983
Thesiger, grand voyageur, ethnologue et photographe, était probablement un peu pédéraste et adorait photographier de jeunes Arabes nus dans les roseaux. Mais ce livre est absolument magnifique. Pauvres Arabes qui vivaient dans les Marais du confluent du Tigre et de l’Euphrate, dans le sud irakien, au nord de Bassora et qui construisaient ces admirables mudhifs, maisons d’hôtes à la voûte en cerceau, montée avec des roseaux et des nattes tressées et qui doivent être aujourd’hui presque tous exterminés après la guerre Irak-Iran et la guerre chimique de Saddam Hussein…
N° 1817 et 1818 Henri Massé : Croyances et Coutumes persanes , suivies de Contes et Chansons populaires, deux volumes, Libr. Orientale et Américaine Maisonneuve, 1938 (Envoi de l’auteur à René Dollot, Ministre plénipotentiaire. Relié toile en un seul volume)
Henri Massé était Professeur à l’Ecole des Langues’O et grand spécialiste de l’Iran. Etudes ethnologiques (grossesse, mariage, mort et funérailles, cérémonies, divination, magie, médecine populaire, légendes, jeux, etc.)
N° 2906 Pierre Oberling : The Qashqa’i Nomads of Fârs , Mouton, The Hague/Paris, 1974
Une importante tribu persane dont j’ai connu la Princesse.
Asie du Sud-Est
N° 2137 Pierre Huard et Maurice Durand : Connaissance du Vietnam , Edition française d’Extrême-Orient, Hanoi, 1954
P. Huard et M. Durand étaient membres de l'Ecole Française d'Extrême-Orient. Etude de la culture et de la civilisation vietnamiennes
N° 2471 Guy Porée et Eveline Maspéro : Mœurs et Coutumes des Khmers , Payot, 1938
Préface de Georges Coédès, Directeur de l'Ecole française d'Extrême-Orient;
N° 3757 Solange Thierry : Les Khmers , Kaïlash, Paris/Pondichéry, 1995
Solange Thierry était membre de l'Ecole française d'Extrême-Orient, Conservatrice du Musée National du Cambodge, puis a travaillé au Musée de l'Homme à Paris, enseigné à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes, enseignant l'histoire et la culture khmères.
A propos d’Angkor Thierry écrit : « S’il n’y avait eu à Angkor que le brahmanisme triomphant, la civilisation des rois bâtisseurs eût gardé, certes, un caractère de grandeur, l’auréole de la réussite. Mais parce que le bouddhisme y trouva lui aussi un terrain d’éclosion, les temples nous paraissent soudain œuvres de peine et de ferveur, d’attente et de joie. Ceux qui les ont construits ne sont pas de simples manoeuvres en service commandé, mais des hommes en quête d’une vérité supérieure ».
N° 3758 Amphay Doré : L'Ecole de la Forêt, un itinéraire spirituel lao , Kaïlash, Paris/Pondichéry, 1996
Amphay Doré, né de père français et de mère lao, a fait de brillantes études à la Sorbonne. Docteur en ethnologie, il est membre du CNRS. Ce livre est une sorte d'autobiographie, une expérience spirituelle (bouddhiste), mais aussi ethnologique.
Ayant passé deux ans comme moine dans une communauté de Luang Prabang il nous explique le sens profond de cette cohabitation harmonieuse entre communautés laïques et monastiques, ce qu’il appelle un système de don (nourriture) et de contre-don (biens spirituels). Pour lui curieusement les moines représentent la nature, les laïcs la culture. Au monastère tout un chacun peut suivre un processus de spiritualisation qui permet de réduire les tensions liées à la culture (c. à d. la vie matérielle).
Pour ces deux ouvrages voir aussi mon Bloc-notes 2008 : Bouddhisme et Hindouisme.
N° 3990 Laurent Chazée : The Peoples of Laos - Rural and ethnic Diversities , White Lotus Press, Bangkok, 2002
N° 3991 Sophie Ladame : Lao, Peuple des Hauteurs , Cacimbo Editions, Luang Prabang, 2004
Un voyage dans les ethnies du nord du Laos, raconté en textes, croquis, photos et dessins
N° 4617 Georges Groslier : Eaux et Lumières – Journal du Mékong cambodgien , Editions La Bibliothèque, Paris
Groslier grand spécialiste d'Angkor et fondateur de l'Ecole des Arts cambodgiens. Belle écriture très poétique. Copyright : 1931.
N° 4654 A. Périé : Souvenirs de Malaisie - Onze ans sous l'équateur – Indochine , édition illustrée avec carte, Imprimerie F. Plantade, Cahors, 1891
Le père Périé a beaucoup de naïveté apostolique. Mais il nous raconte d'innombrables histoires de tigres, de serpents et de crocodiles, dont certaines sont racontées avec un manque d’humour apparent ou réel, mais qui sont souvent fort hilarantes. Et il finit avec un magnifique et cruel combat entre un tigre et un buffle gagné par ce dernier !
Voir mon Bloc-notes 2015 : Le Missionnaire et les païens.
N° 3993 Georges Voisset/Renuga Davi Naidu : Malaisie, le pays d'entre-mondes , Les Perséides Editions, 2010
Très intéressant livre de Georges Voisset, l'ami pantouneur, et de son épouse, Indienne de Malaisie
N° 4195 Serge Jardin et Sylvie Gradeler : Malaisie, un certain regard , The Lemongrass, Malacca, 2013
Cadeau de mon ami Serge Jardin de Malacca (La Maison de l'Escargot). Le sous-titre définit bien l'objet du livre : voyager autrement à travers l'artisanat, l'architecture, les beaux-arts et les littératures. Intéressant surtout pour ce dernier domaine.
N° 4050 Jeanne Cuisinier : Le Théâtre d'ombres à Kelantan , Gallimard, 1957
Jeanne Cuisinier a été anthropologue et professeure à l’Université de Yogyakarta. Elle a également présenté les lettres de Kartini
N° 4131Th. B. Van Lelyveld : La Danse dans le Théâtre javanais , Librairie Floury, Paris, 1931 (48 planches hors-texte reproduisant 74 sujets, ex. numéroté 280/500)
Préface de Sylvain Levi. Superbe étude de ce grand art javanais. Influence indienne. Relation avec le wayang.
On connaît l’incroyable richesse de la danse indonésienne. Et, pourtant voilà un art longuement méconnu par l’Occident. Ce n’est qu’à partir des années 20 qu’on a commencé à s’y intéresser sérieusement. L'érudit hollandais Th. van Lelyveld l’explique par le fait que « l’art occidental et l’art oriental reposent sur des bases différentes, sinon opposées ». Ce n’est que plus tard qu’on a compris que la danse « était autre chose qu’un amusement indigène, qu’un moyen de rehausser l’éclat des cérémonies princières » (il parle de Java). Qu’on a compris que « cette danse compliquée, comme un ancien art social, est une éminente éducatrice du peuple javanais ». Th. van Lelyveld qui voit surtout l’exemple des cours princières de Solo Yogyakarta (ce sont elles qui à Java sont les garantes de la conservation de cet art et qui envoient leurs fameuses danseuses Serimpi aux Expositions occidentales : Paris 1889 et, à nouveau, l’exposition coloniale de 1931), trouve que les jeunes aristocrates lui doivent « la noblesse de leur maintien, la distinction de leurs gestes et la grâce de leurs mouvements ». Qu’elle « les initie également au concept d’expression, de style et de beauté plastique ». Que « le théâtre, dont la danse est partie intégrante (puisque van Lelyveld analyse les rapports entre théâtre, musique et danse), enseigne magnifiquement à saisir le contraste entre le bien et le mal, à cultiver les sentiments chevaleresques, à étudier, comprendre et entretenir la littérature ancienne et moderne ». Th. Van Lelyveld dit encore autre chose – et cela nous ramène aux problèmes d’aujourd’hui – : « L’Orient a toujours ignoré notre formule individualiste de l’art pour l’art avec ses innombrables sous-entendus et variantes subjectivement nuancées, qui, d’ailleurs, n’enrichissent guère notre vie sociale… ». Et il craignait déjà les transformations futures qu’allait apporter notre civilisation occidentale (« l’automobile, le cinéma, le sans-fil ») et « les innovations des artistes modernes ».
N° 4215 et 4216 Gregor Krause : Bali , deux volumes, Folkwang Verlag, Hagen, 1920 (Reliure carton façon batik)
Tome 1 : Land und Volk , Tome 2 : Tänze, Tempel, Feste
Document important pour expliquer la vision de Bali en Allemagne au début des années 20 : paradis terrestre. Gregor Krause était médecin et photographe. Introduction enthousiaste par Dr. Karl Wirth, Directeur du Musée ethnologique de Folkwang. Egalement texte de E. Fuhrmann, ethnologue, sur les Malais au Tome 2.
C’est un livre-évènement. L’historien australien Adrian Vickers, dans son livre Bali, a Paradise created , dit ceci : « Ce livre offrait aux gens tout ce dont ils avaient besoin pour rêver d’un Jardin d’Eden, loin de leur Europe qu’ils ne connaissaient que trop bien, cette Europe salie et moralement dégénérée. Il se plaçait tout de suite à un niveau philosophique élevé, en clamant haut et fort l’unité entre l’Homme et la Nature, et en défendant la théorie suivant laquelle la communauté des habitants de cette île hindouiste avaient réalisé une telle unité grâce à leur religion et leur vie sociale ». Le livre a eu en tout cas un succès retentissant, a été immédiatement réimprimé deux fois, puis une version un peu raccourcie a paru en 1926 et a été traduite en français et en anglais.Gregor Krause s’était engagé comme médecin militaire dans l’armée hollandaise aux Indes néerlandaises, avait d’abord été assigné à Java puis, entre 1912 et 14, à Bangli à Bali où il devait s’occuper à la fois des militaires et fonctionnaires hollandais et aussi de la population locale. Passionné de photographie il a ramené de son séjour 4000 clichés en noir et blanc.C’est Karl Wirth, l’éditeur de son livre, qui a sélectionné lui-même (le Dr. Gregor Krause était alors en poste à Bornéo) les 400 photos qui y sont reprises et qui illustrent les paysages, la végétation, les cultures, les villages, les marchés et les hommes et femmes dans leurs occupations de tous les jours (Tome 1), les représentations théâtrales et danses, les processions et cérémonies, les offrandes et les crémations, l’architecture, l’art plastique et la peinture (Tome 2).C’est aussi Karl Wirth qui a écrit la préface du livre, une préface dithyrambique, un peu boursouflée, mystique même, mentionnant des termes qui décrivent soi-disant l’évolution de l’humanité, tels que « l’homme paniqué » (par son environnement), « l’homme magique » (qui cherche à le gouverner par la magie), « l’homme cosmique » (qui a compris l’unité entre lui et la nature et vit en harmonie avec elle), « l’homme spirituel » (et intellectuel, stade où le lien entre lui et son environnement est de nouveau brisé). Pour Wirth le Balinais est l’homme cosmique. L’idéal.
Mais je ne pense pas que ce soient les théories de Wirth sur l’homme cosmique qui ont fait le succès du livre mais plutôt les photos elles-mêmes.Beaucoup de photos du Dr. Krause représentent des baigneurs et baigneuses entièrement nus, se lavant le corps, se peignant les cheveux, se séchant au soleil, couchés sur les rochers. L’objectif n’était pas voyeur, dit Wirth, tout était naturel, ils ne se sont même pas aperçus qu’ils étaient photographiés. Et c’est vrai que cette nudité paraît plutôt chaste (les sexes d’hommes sont d’ailleurs toujours cachés). Et Wirth encore, parlant des corps, évoque « leur grâce végétale, leur mobilité animale et leur tension érotique ». Mais on voit aussi que filles, femmes, jeunes et vieilles, qu’elles marchent sur les sentiers ou qu’elles soient assises au marché, ont toujours le torse découvert. Dans un de ses textes qui accompagnent les photos, le Dr. Krause explique que le torse nu est un signe de chasteté et que les prostituées doivent se couvrir !Je trouve d’ailleurs les textes de Krause tout à fait remarquables. On sent que lui aussi a beaucoup d’admiration et de sympathie pour la société balinaise, même s’il est moins dithyrambique que Wirth. Mais il a fait un véritable travail d’ethnologue, tant par ses photos que par ses textes. Je pense à ce qu’il dit de l’organisation sociale, des castes, de la religion, de la crémation, de la relation peuple-souverain, de la technique de l’irrigation, etc.
A propos de cet important ouvrage de Krause, de la danse et de Bali voir mon Voyage autour de ma Bibliothèque, Tome 6 : Bali, île bénie ou île salie ?
N° 4217 Ann Laura Stoler : La chair de l'Empire - Savoirs intimes et pouvoirs raciaux en régime colonial , La Découverte/Institut Emilie du Châtelet, 2013
N° 4224 E. S. Hose : Malay Proverbs , Publications Gouvernement de Singapour, 1934
Sous-titre : a compilation of proverbs and proverbial expressions, with some pantuns and riddles, taken from earlier publications
Il s’agit d’une compilation faite par un certain E. S. Hose d’un ensemble de proverbes et d’expressions proverbiales, prenant les formes les plus diverses, extraits de plusieurs articles parus dans le Journal of the Straits Branch de la Royal Asiatic Society de Singapour ainsi que de deux ouvrages du début du XXème siècle d’Abdullah bin Abdul Kadir : Hikayat Abdullah et Pelayaran Abdullah . On y trouve de tout, simples expressions, distiques, mais pas forcément rimés, quatrains, etc.
Voir mon Bloc-notes 2015 : Gurindam. Sagesse malaise.
N° 4225 Max Moszkowski : Auf neuen Wegen durch Sumatra , Dietrich Reimer (Ernst Vohsen), Berlin, 1909
Ethnologue. Citant quelques pantouns. Plutôt raciste
Voir mon Voyage autour de ma Bibliothèque, Tome 6 : Les découvreurs allemands du pantoun.
N° 4241 Michel Picard : Bali, tourisme culturel et culture touristique , L’Harmattan, 1992
Picard est Chargé de Recherches au CNRS
N° 2081 Egon Freiherr von Eichstadt : Rassendynamik von Ostasien (China und Japan, Tai und Kmer von der Urzeit bis heute) , Walter de Gruyter & Co, Berlin, 1944
Directeur de l’institut ethno-anthropologique de Breslau. Un peu raciste (on s’en doutait).
N° 4632 Bruno Philip : L’archipel des ombres – Un voyage en Indonésie , Editions des Equateurs – Humensis, Paris, 2021
Essai assez personnel sur un grand voyage à travers l'Indonésie de ce journaliste du Monde qui en a été le correspondant en Inde et dans le Sud-Est asiatique.
Chine
N° 2485 Danièle et Vadime Elisséeff : La Civilisation de la Chine classique , Arthaud, 1981
Vadime Ellisséeff, né à St. Pétersbourg, était un historien de l’art, spécialiste de l’Extrême-Orient, Directeur de la Maison Franco-japonaise à Tokyo, enseignant à l’Ecole des Langues’O et à l’Ecole des Hautes Etudes, et, finalement, Directeur du Musée Guimet. Son épouse, Danièle, était plutôt spécialiste de la Chine et a enseigné à l’Ecole du Louvre.
N° 2639 Etudes choisies de Charles Haguenauer, Volume III : Les Ryuku et Formose, Etudes historiques et ethnographiques , E. J. Brill, Leiden, 1977 (reliure cartonnée)
Il s’agit du 3ème volume de ces Etudes publiées en hommage à cet érudit, grand spécialiste du Japon et de la Corée qui avait créé l’Institut des Hautes Etudes japonaises ainsi que le Centre d’Etudes coréennes du Collège de France. Le premier volume était consacré à des études linguistiques japonaises (voir liste 53 : Langues et linguistique ) et le deuxième à des études sur la religion, l’histoire et la littérature du Japon. Dans ce troisième volume une majorité des études est consacrée aux populations primitives de Formose.
N° 3346 et 3347 Mélanges publiés par l’Institut des hautes études chinoises , deux volumes, Presses universitaires de France, 1957
Publications de la Bibliothèque de l'Institut des hautes études chinoises (vol. XI et XIV). Contient : E. Sargent : Tchou Hi contre le bouddhisme - G. Renondeau : Histoire des moines guerriers du Japon - P. Demiéville : Le Bouddhisme et la guerre - C. Haguenauer : Etudes de linguistique japonaise - J. Gernet : les suicides par le feu chez les bouddhistes chinois du Vème au Xème siècle .
Les textes de Rondeau et de Demiéville sont intéressants car ils donnent une autre image du bouddhisme. Pas si pacifique que ça ! Voici comment Renondeau, qui était, paraît-il, général mais néanmoins érudit et japonisant, introduit son texte : « Pendant plus de six cents ans, du milieu du Xème à la fin du XVIème siècle, les moines japonais se sont plus souvent comportés en guerriers qu’en religieux. Oublieux des règles bouddhiques élémentaires telles que la défense de tuer les êtres vivants, le mépris des richesses et des grandeurs, ils se sont mutuellement attaqués, décimés, incendiés, pour se voler les uns aux autres des rizières, des champs et des bois ; ils ont assailli les palais des empereurs et des shôguns pour se faire octroyer des privilèges comme l’immunité fiscale... Ils se sont mêlés des guerres civiles... Des points de doctrine ont servi d’arguments à des sectes plus anciennnes pour combattre des sectes plus jeunes dont l’essor rapide les inquiétait... »
Un autre grand japonisant, Paul Demiéville, ajoute un post-scriptum à l’Histoire de Renondeau, intitulée : Le Bouddhisme et la Guerre . Il y rappelle qu’en Chine déjà les moines ont souvent semé le trouble et participé à des violences. On apprend que le fameux monastère de Chao-lin qu’on met, depuis un certain nombre d’années, à toutes les sauces dans les films de cape et d’épée de Chine et de Hong-Kong, avait déjà apporté son aide, grâce à ses exploits guerriers, au fondateur de la dynastie des Tang au VIIème siècle. Et que c’est de cette époque que datent les traditions gymnastiques et paramilitaires du Chao-lin : boxe, escrime et maniement du bâton. Beaucoup plus tard, au XVIème siècle, la dynastie Ming fait à son tour appel aux moines de Chao-lin pour défendre ses territoires côtiers contre les pirates japonais. Et l’on voit ces moines, les cheveux teints au vermillon et le visage barbouillé d’indigo, pourchasser, dans la région de Shanghai, les Japonais terrifiés, à grands moulinets de bâton et les pourfendre de leurs piques en fer ! Mais c’est au Japon que les moines guerriers se sont déchaînés. D’un côté le bouddhisme avait pris une position beaucoup plus importante dans ce pays et pouvait vraiment faire jeu égal avec les autorités et d’autre part le bouddhisme n’a jamais été une Eglise au Japon, n’a jamais été unifié, et les sectes ont pu se multiplier à l’infini.Lorsque les moines s’armaient pour partir en guerre, ils se voilaient la face et s’enveloppaient la tête d’une étoffe qui ne laissait à découvert que les yeux, rapporte quelque part le général Renondeau. Demiéville en conclut qu’ils avaient mauvaise conscience. Voire.
N° 2074 The Lore of the Chinese Lute, an essay in Ch’in Ideology by R. H. van Gulik, Ph. D., édit. Sophia University, Tokyo, 1940.
Dès son premier séjour au Japon, l’Ambassadeur, grand érudit et auteur de livres policiers chinois, Robert van Gulik, s’intéresse au luth chinois à sept cordes, le ku-ch’in. Il étudie tous les livres qui s’y rapportent, prend des leçons chez un maître chinois et finit par publier, en pleine guerre, ce maître-livre, ainsi qu’un commentaire de l’étude du luth par le poète Hsi K’ang : Hsi K’ang and his Poetical Essay on the Lute .C’est que le luth chinois est plus qu’un instrument de musique. C’est d’abord un instrument ancien et vénérable, vieux de plus de 2500 ans, sur lequel Confucius lui-même a déjà joué. C’est un instrument très original, une espèce de cithare allongée à sept cordes en soie qui diffèrent en diamètre. On la joue assis à une table sur laquelle le luth est posé. Les quatre doigts de la main droite pincent les cordes près de la barrette en bois où elles sont fixées. A l’autre côté du luth les sept cordes passent sur l’autre face du luth où elles sont fixées en deux groupes de trois et quatre à deux points fixes. Avec les quatre doigts de la main gauche on bloque les cordes à différents endroits, guidé par 13 plots répartis sur toute la longueur du luth.C’est un instrument très difficile à jouer avec une notation complexe. Chaque symbole de notation indique d’abord la corde, ensuite le doigt de la main droite qui est à utiliser et dans quel sens il faut tirer la corde, enfin le doigt de la main gauche, l’endroit où il doit se placer et de quelle manière il doit appuyer sur la corde. Ce système de notation comporte plus de 200 signes. Et puis le luth chinois est la marque d’un érudit, c’est un instrument dont on ne joue que devant des initiés et seuls des initiés (en sagesse et en littérature) peuvent en entreprendre l’étude.
N° 3374 Dr. Woo Chan Cheng : Erotologie de la Chine , J.-J. Pauvert, 1963
N° 2617 Erotic Colour Prints of the Ming Period, with an Essay on Chinese Sex Life from the Han to the Ch’ing Dynasty, B.C. 206 - A. D. 1644 by R. H. van Gulik, Lit. D., privately published in fifty copies Tokyo, 1951.
N° 1799 Robert van Gulik : La vie sexuelle dans la Chine ancienne , édit. Gallimard, 1977 (l’original a paru en 1961 chez Brill à Leiden sous le titre : A preliminary Survey of Chinese sex and society from ca. 1500 B.C. till 1644 A.D. et la première traduction française en 1971 dans la Bibliothèque des Histoires chez Gallimard).
Ceux qui s’attendraient à des merveilles sur le plan artistique ou à des scènes particulièrement scabreuses seraient probablement déçus en examinant les 23 planches et les 24 dessins (ceux qui illustrent le Hua-Ying-Chin-Chen ou les positions variées de la bataille des fleurs ) que van Gulik reproduit dans son étude sur les estampes. D’abord deux seulement sont reproduits en couleurs, tous les autres sont en noir et blanc.Mais le dessin des personnages est assez fin, linéaire, et les sexes n’ont rien de la monstruosité des shungas japonais. La représentation du sexe se limite d’ailleurs en général à la flûte de jade, les testicules n’étant guère visibles.
Robert van Gulik va aussi étudier dans son livre sur la sexualité chinoise l’évolution de cette sexualité au cours de l’histoire. La littérature érotique commence d’abord avec des manuels d’éducation sexuelle, puis avec des livres à connotation médicale et ce n’est qu’avec l’ère Ming que va se développer la littérature et les estampes érotiques et pornographiques.
Robert van Gulik a également adjoint à son étude des explications concernant les accessoires sexuels ainsi qu’un vocabulaire sexuel complet comportant à la fois les termes les plus crus et les plus fleuris. Il rappelle aussi la légende qui a donné, soi-disant, naissance à l’expression « pluie et nuages » : la dame de la montagne Wu est venue rendre visite au roi qui y est allé s’y reposer. Ils font l’amour toute la nuit et le lendemain elle lui dit : J’habite sur les flancs sud de cette montagne. A l’aube je suis la nuée du matin, le soir je suis la pluie qui tombe. Mais, dit van Gulik, l’expression a une origine bien plus ancienne. Elle repose sur la conception des anciens Chinois selon laquelle le ciel et la terre s’unissent lors d’une pluie torrentielle. La pluie symbolise l’émission de semence par l’homme et les nuages les sécrétions de la femme.
A propos de Robert van Gulik et ses études savantes (luth chinois et sexologie) voir mon Voyage autour de ma Bibliothèque, Tome 4 : Robert van Gulik.
N° 2117 Yun Yu, an essay on erotism and love in ancient China by Etiemble, édit. Nagel Publishers, Genève-Paris-Munich, 1970.
C’est justement sous ce titre de Pluie et Nuages, Yun Yu en chinois, qu’Etiemble sort à son tour un album de dessins érotiques chinois en 1970 chez l’éditeur suisse Nagel.L’ouvrage est de grand format et comporte de très nombreuses illustrations en couleur, estampes ou peintures sur soie. En général les illustrations choisies par Etiemble sont nettement plus obscènes que celles présentées par van Gulik. Et certaines hautement acrobatiques, exécutées sur un cheval mongol. Visiblement Etiemble jouit de toute cette licence, lui, le neveu de curé et enfant de choeur, élevé dans une atmosphère bretonne et sexuellement judéo-chrétienne. Quand il découvre la signification de la flûte de jade il se pose des questions sur la chanson de son enfance : « j’ai perdu le do de ma clarinette, ah, si papa savait ça, tra-la-la... ». Et chaque fois qu’il va dîner dans son restaurant chinois favori, il rit de savoir que le nom du restaurant, la Fontaine de Jade, est aussi celui par lequel on désigne la relation sexuelle. A part cela son bouquin puise largement dans les deux ouvrages de van Gulik.
N° 2898 Superstition, crime et misère en Chine par le Dr. J.-J. Matignon, médecin-major de l’artillerie de la 35ème division, ex-attaché à la Légation de France à Pékin (1894-1901), édit. A. Maloine, Paris, 4ème édition, 1902.
N° 2901 Chinese Footbinding, the History of a Curious Erotic Custom by Howard S. Levy, avant-propos de Arthur Waley, édit. Neville Spearman, Londres.
C’est à l’époque Song que s’installe une coutume qui allait devenir une véritable torture pour la femme chinoise pendant une dizaine de siècles. Il me semble que van Gulik traite ce problème un peu à la légère. Il insiste sur l’aspect érotique des pieds bandés : cela devenait le principal attrait sexuel de la femme, « l’homme les touchait avant le commerce sexuel et cet attouchement devenait même le préliminaire traditionnel ». Il trouve que l’on exagérait les préjudices que cet usage pouvait causer à la santé des femmes. Ce qu’il regrette surtout c’est le tort que cette coutume a fait à l’art de la danse en Chine.
C’est le docteur français Matignon qui a d’ailleurs vécu les fameux 55 jours de Pékin qui est probablement le premier à l’étudier cliniquement dans son témoignage de médecin à l’hôpital de Nan-Tang de Pékin. Et c’est l’Anglais Howard Levy qui a publié une étude plus récente mais complète de l’histoire de cette souffrance imposée aux femmes chinoises.
Le docteur Matignon n’a pas une haute opinion de la société chinoise telle qu’elle se présentait à lui au tournant du siècle dernier. Il reconnaît d’ailleurs dans sa postface à la 3ème édition qu’il a voulu montrer l’envers du décor et qu’il l’a trop vu en pathologiste.Il y parle des superstitions, du suicide, de la pédérastie (particulièrement répandue à Pékin à l’époque s’il faut le croire et aussi la pédophilie : on y trouve une description assez horrible d’un bordel pour petits garçons à Tien Tsin), de la mendicité, de l’infanticide et de l’avortement, de l’hystérie des Boxers (il se trouvait à la Légation française lors du soulèvement), des eunuques de la Cour impériale (il y en avait 2000) et... des pieds bandés. C’est en 1897 que la vieille Impératrice a rendu un décret en supprimant l’usage sur tout le territoire de la « Terre fleurie ». Il a la chance, grâce à l’obligeance des Soeurs de l’hôpital français de Pékin, dit-il, de pouvoir disséquer le pied d’une jeune fille morte de tuberculose : il était déjà relativement grand, 17 cm, alors que les pieds des femmes de la haute ne mesurent que 13 à 14 cm.Il en fait une description détaillée. Horrible !
L’étude de Howard Levy est très certainement l’étude occidentale la plus complète de ce phénomène (350 pages). Il en a étudié l’histoire, sa trace dans la littérature, et tout particulièrement dans la littérature érotique, et puis tout ce fétichisme du petit pied poussé jusqu’à l’absurde, lié à d’autres fantasmes encore, l’idée que la démarche imposée par les pieds bandés provoquait le développement du mont de Vénus (aspect déjà étudié par van Gulik et le Dr. Matignon). Howard Levy a été aidé par sa femme, chinoise, et il a pu s’appuyer sur un travail considérable réalisé dans le domaine du bandage des pieds par un chercheur chinois, Yao Ling-hsi, qui a accumulé de nombreux témoignages dans les années trente alors que la coutume n’avait pas encore complètement disparu. De nombreux témoignages de filles qui ont subi cette torture quand elles étaient petites. Que peut-on y ajouter ? Une fois de plus on impose une torture aux petites filles. Pour plaire aux hommes. Et pour qu’elles subissent à leur tour la même torture que leurs mères ont déjà subie. On pense bien sûr aux opérations sexuelles infligées encore aujourd’hui aux petites filles dans beaucoup de régions africaines. Et on se dit, une fois de plus, que l’humanité est une, pour le meilleur comme pour le pire.
Voir également, à propos du bandage des pieds, mon Voyage autour de ma Bibliothèque, Tome 4 : Robert van Gulik.
Inde
N° 2460 Louis Renou et Jean Filliozat : L'Inde Classique , deux volumes, Ecole française d’Extrême-Orient/Imprimerie Nationale, 1947
Très complet : races, langues, histoire, religions, philosophie, sciences, littérature, etc.
N° 2644 Friedrich Schlegel : Über die Sprache und Weisheit der Indier , Mohr und Zimmer, Heidelberg, 1808 (Edition originale, reliure de l’époque)
Schlegel qui a étudié le sanscrit en France et en Allemagne, parle plus de la « langue » des Indiens dans cet ouvrage que de leur « sagesse ».
N° 1821 V. S. Naipaul : India, a Million Mutinies now , Viking/Penguin, New-York, 1991 (1 ère édition US)
V. S. Naipaul est né à Trinidad en 1932, d’origine indienne
N° 3275 Max Weber : Hindouisme et Bouddhisme , Flammarion, 2003
Le système des castes au service des brahmanes. Max Weber s’est intéressé au système des castes indiennes dans le cadre de ses études de sociologie religieuse. Son ouvrage magistral paru en 1916-17 n’a été traduit en français que récemment (en 2003). Il montre surtout comment le système religieux hindou a permis à une minorité d’intellectuels de légitimer leur position sociale et les avantages économiques qui y sont liés, et ceci par une véritable « mystification », l’invention de la « légende religieuse des origines » qui conduit à une véritable « domestication des masses »
N° 2871 J. H. Hutton : Caste in India, its Nature, Function, and Origins , édit. University Press, Cambridge, Grande Bretagne, 1946
Le livre de Max Weber est passionnant à lire, mais il oublie un peu l’aspect humain. Comment l’homme a-t-il pu inventer et accepter un système aussi monstrueux ? Et sur ce plan l’étude de Hutton, Professeur d’Anthropologie Sociale à Cambridge, est plus susceptible d’apporter quelques réponses. Hutton cite d’abord une définition de la caste donnée par un autre spécialiste, N. K. Dutt (voir N. K. Dutt : Origin and Growth of Caste in India , Calcutta, 1931):
- Les membres d’une caste ne peuvent se marier qu’avec d’autres membres de la même caste,
- Il existe d’autres règles similaires mais légèrement moins rigides concernant l’absorption de nourritures solides et liquides avec d’autres membres de la caste,
- Il y a une gradation hiérarchique entre castes, les Brahmanes se trouvant au sommet du système,
- La naissance détermine l’appartenance d’un homme à une caste sauf s’il en est exclu pour violation de ses règles,
- Sinon le passage d’une caste à une autre est impossible,
- Tout le système est organisé de telle manière à mettre en avant le prestige des Brahmanes.
Quelle est l’origine du système des castes ? Officiellement elle est religieuse. Il n’y avait au début que quatre castes : les Brahmanes ou prêtres sortis de la bouche de la divinité, les Kshatrya (rois ou guerriers, aujourd’hui représentés surtout par les Rajpout) sortis de ses bras, les Vaishya, d’abord paysans puis progressivement devenus les commerçants supérieurs, sortis de ses reins, enfin les Sudras, en principe les anciens autochtones, sortis des pieds de la Divinité et dont la fonction première est de servir les trois autres castes.
Or lors du premier recensement des castes réalisé en Inde en 1901 on en décèle exactement 2378 ! Comment en est-on arrivé là ? Essentiellement, mais non exclusivement, par la formation de sous-castes devenant plus tard castes indépendantes, basées sur des professions communes, des origines ethniques (raciales, tribales) ou géographiques communes, même des caractéristiques religieuses communes (la religion hindoue est très libérale sur le plan des dogmes et des sectes : adorateurs de Shiva, de Vichnou, etc.).
Par quel mystère le système se maintient-il en place ? Par une règle et une sanction. La règle ? C’est la loi suprême, inscrite dans la célèbre Bhagavad Gita , incluse dans le Mahabharata : La Perfection ne peut être obtenue que par l’homme qui ne dévie jamais des devoirs de sa caste. La sanction ? Seul l’homme qui a atteint la perfection dans la poursuite des devoirs de sa caste pourra renaître dans une autre vie dans une caste supérieure. Max Weber considère d’ailleurs que ces deux croyances, celle en la transmigration des âmes et celle en la sanction des actes commis, sont l’unique contenu dogmatique de la religion hindoue qu’il voit essentiellement comme une religion ritualiste.
Comment devient-on Intouchable ou hors-caste ? On pouvait devenir Intouchable pour de nombreuses raisons, p. ex. parce qu’on était exclu d’une caste et accepté par aucune autre ou le plus souvent parce qu’on était Sudra et qu’on était employé à des travaux polluants.
Hutton estime qu’il est impossible que ce système unique au monde ait pu être mis en place et maintenu jusqu’à nos jours simplement parce que des envahisseurs aryens entrés en Inde au 15ème siècle avant J.C. l’auraient inventé pour maintenir une domination sur une multitude de peuples aborigènes arriérés, une domination qui aurait d’abord profité aux deux castes les plus élevées, prêtres et rois, et qui avaient des intérêts liés, puis une fois les rois disparus ou diminués, aux Brahmanes seuls. D’abord parce qu’on sait bien que les peuples du sous-continent n’étaient pas aussi arriérés que cela et qu’il y avait, entre autres, une ancienne et brillante civilisation dans la vallée de l’Indus. Et puis Hutton examine de plus près la deuxième caractéristique des castes après celle de l’inter-mariage, celle liée à la nourriture. Il pense même que celle de l’inter-mariage est une conséquence de l’autre : c’est l’épouse qui prépare les repas, il vaut donc mieux qu’elle soit de la même caste pour qu’il n’y ait pas pollution. Il estime que pour que le système ait pu s’imposer il a fallu qu’il y ait des principes préexistants présents dans tout le sous-continent, des principes que l’on trouve dans tout le Sud-Est asiatique et jusqu’en Polynésie. Ces principes sont le mana (force de vie), le tabou et la magie.
N° 3350 Emile Senart : Caste in India, the facts and the system , Methuen and Co, Londres, 1930
Traduction anglaise d'un ouvrage de référence paru en français d'abord à la fin du XIXème siècle puis réédité en 1927. Le traducteur anglais Sir E. Denisson Ross a lui-même vécu en Inde pendant une quinzaine d'années.
A propos des castes en Inde et des Burakumin au Japon, voir mon Voyage autour de ma Bibliothèque, Tome 3 : Aïnous et autres minorités.
N° 2622 Abbé J. A. Dubois : Hindu Manners, Customs and Ceremonies , translated from the Author’s later French Manuscripts and edited with notes, corrections and biography by Henry K. Beauchamp, reprint de la troisième édition parue chez The Clarendon Press, Londres, 1906, par les Asian Educational Services, Delhi-Madras, 1996 (relié cuir)
Titre original français : Mœurs, Institutions et Cérémonies des Peuples de l’Inde . Manuscrit donné au Major Wilks en 1806, acheté par la « Compagnie » (la East India Company) en 1807. Les corrections ultérieures n’ont pas été prises en compte dans les éditions anglaises postérieures. La seule correcte est celle-ci (1897). Ceci est un reprint de la 3 ème édition (1906). Les Anglais ont beaucoup apprécié notre abbé, un missionnaire très modeste, qui a passé trente et un ans en Inde, de 1792 à 1823, surtout dans le sud, où il a appris le tamil. Le manuscrit traduit par Beauchamp est le manuscrit final, corrigé par l’abbé avant de quitter l’Inde, et qui n’avait pas été publié en France dans cet état à l’époque. Un drôle de pèlerin notre abbé : passant sa vie parmi les pauvres, habillé d’un burnous et d’un turban blancs et armé d’une canne en bambou, il crée des colonies agricoles, fait la promotion de la vaccination, une technique toute nouvelle (puisque introduite en France qu’en 1800) et, revenu en France, exprime son pessimisme quant aux possibilités de conversion des Indiens, ce qui n’a pas fait plaisir aux missionnaires protestants.
L’abbé décrit avec beaucoup d’émotion les sutties (immolations de veuves) auxquels il a assisté et qui étaient toujours pratiqués à son époque (706 sutties dans le seul Bengale en 1817). Une jeune veuve de trente ans semble l’avoir particulièrement touché : elle suit le cercueil de son mari dans un palanquin, richement habillée et couverte de bijoux ; la foule l’acclame, lui demande des présages; elle reste souriante, apparemment calme et sereine (probablement droguée avec une décoction de safran, pense-t-il) ; puis, à l’approche du bûcher funèbre, son regard devient fixe, son visage pâlit, ses membres commencent à trembler; les Brahmanes et ses parents proches se précipitent vers elle, cherchent à lui redonner courage ; peine perdue, elle a la mine hagarde, est prête à s’évanouir ; on la fait sortir du palanquin, la plonge dans une mare d’eau ; puis on la tire vers le bûcher près duquel se tiennent les Brahmanes avec des torches et des seaux de beurre de lait de buffle et tout autour un cercle de gens armés chargés d’empêcher quiconque d’interrompre la cérémonie (et accessoirement de permettre à la jeune femme de s’échapper à la dernière minute) ; on lui arrache ses bijoux, on la force à faire trois fois le tour du bûcher, elle fait le premier tour en trébuchant, pour les deux autres deux parents la prennent sous les bras et la traînent autour; enfin on la jette sur le cadavre de son mari, la foule applaudit, les Brahmanes vident leurs seaux sur le bois sec et l’allument avec leurs torches. Trois fois, pendant que le bûcher brûle et s’effondre, on l’appelle encore par son nom (il paraît que les plus saintes d’entre les veuves répondent encore !).
L’abbé s’interroge. Il dit qu’il faut avoir vécu longtemps et avoir beaucoup réfléchi sur la nature humaine pour ne pas s’étonner de pratiques aussi extravagantes. Le plus incompréhensible, pour lui, ce sont ces Brahmanes qui attachent tellement d’importance à la vie du plus insignifiant des insectes, qui sont remplis d’indignation et de pitié lorsqu’on veut abattre une vache et qui, là, assistent sans la moindre émotion et même avec une sauvage satisfaction, à une punition aussi injuste et aussi cruelle, infligée à des êtres innocents et faibles, soumis à des traditions barbares et hypocrites.
C'est à propos de Richard Burton et de son expérience indienne que je parle de l'abbé Dubois et des sutties dans mon Voyage autour de ma Bibliothèque, Tome 2 : Les Mille et une Nuits - Textes et traducteurs.
Japon
N° 2484 Danièle et Vadime Elisséeff : La Civilisation japonaise , Arthaud, 1974
N° 1825 L’Etat du Japon , par un collectif, Editions de la Découverte, Paris, 1988
Sous la direction de J. F. Sabouret du CNRS
N° 3091 Hiroaki Sato : Legends of the Samurai , édit. The Overlook Press, Woodstock, New-York, 1995.
N° 3089 Kaiten Nukariya : The Religion of the Samouraï , Luzac & Cy, Londres, 1973
Sous-titre : A Study of Zen Philosophy and Discipline in China and Japan
N° 1824 Maurice Pinguet : La Mort volontaire au Japon , édit. Gallimard, Paris, 1984.
L’organisation tripartite de la société en guerriers, prêtres et paysans n’est pas limitée aux Indo-Européens. C’est qu’elle est tout ce qu’il y a de plus logique : des soldats pour protéger le groupe contre les groupes ennemis, des prêtres pour le protéger contre les puissances inconnues et des producteurs pour nourrir et servir les deux autres catégories. Marx, Weber et moi nous pensons que guerriers et prêtres exploitent les producteurs mais ceci est une autre histoire. Donc on la trouve aussi dans le Japon ancien. Ainsi, à l’époque de Lafcadio Hearn encore, la ville de province où il est d’abord nommé, Matsue, est divisée en quartiers de nobles, de prêtres et d’une sorte de tiers-état composé d’artisans et de commerçants.
Mais ce qui est tout à fait remarquable c’est qu’au Japon la classe des nobles est restée essentiellement une classe de nobles guerriers (il n’y a qu’à la Cour de l’Empereur que l’on trouve des nobles civils) et que ce guerrier qui a pris le nom de Samouraï (un mot qui est lié au mot servir et que l’on peut donc traduire par chevalier vassal ou pour parler comme de Gaulle un féal) est devenu un mythe. Quels sont les aspects de ce mythe ? Ils sont multiples. C’est d’abord un héros surhumain, une machine à tuer, mais aussi quelqu’un qui méprise la mort et dont l’idéal suprême est la fidélité à son seigneur. Il y a donc toute une éthique et même une religion qui sont à la base de ce mythe. Cette religion c’est le bushido.
On a du mal à comprendre que l’homme qui est le seul être vivant conscient de lui-même accepte sa propre fin en échange de quelque chose qui peut paraître à priori aussi vain que sa réputation, son obligation sociale envers son clan ou envers sa famille. Qu’il la recherche même, sa fin.Car chez le samouraï on ne cherche pas seulement la mort par le combat. On pratique aussi le suicide. Le suicide par protestation, le suicide par fidélité, le suicide pour obéir au shogoun. Un suicide particulièrement horrible puisqu’il commence par sortir ses entrailles (« disembowel » en anglais).Le phénomène du seppuku (le mot harakiri est paraît-il vulgaire, parce que basé sur un vocabulaire japonais d’origine alors que seppuku est sinisant) est un phénomène bien connu. Il n’empêche qu’il est unique, qu’il est spécifiquement japonais et qu’il garde un certain mystère.
L’étude de Pinguet montre que le Japon contemporain n’est pourtant pas plus suicidaire que les pays européens: aux alentours de 15 pour 100000 dans les années 65-70 puis 18 pour 100000 vers les années 80, très proches des chiffres français. Il s’agit donc d’un mythe, mais un mythe qui est basé sur une histoire. Pinguet qui est sociologue donne une classification des différents types de suicides qui paraît plutôt convaincante et qui peut s’appliquer aux suicides du monde entier. Pinguet trace un axe qui va du Sud au Nord, le Sud représentant l’état passif de mélancolie, le Nord l’exaltation maniaque. Côté Est il situe les suicides tournés vers les autres, c. à d. dans le secteur Nord-Est les suicides de sacrifice ou de dévouement (c’est là que l’on pourrait certainement placer les attentats-suicides des islamistes d’aujourd’hui et des nihilistes russes d’hier), dans le secteur Sud-Est les suicides de remontrance et de ressentiment. Côté Ouest les comportements plus égocentriques : dans le secteur Nord-Ouest les suicides de gloire et d’honneur, dans le secteur Sud-Ouest les suicides de défense et d’évasion. Au centre de sa curieuse rose des suicides Pinguet place les morts absurdes, les roulettes russes.
Puis Pinguet entreprend de faire l’histoire du harakiri japonais.Si le suicide d’accompagnement est ancien au Japon (il ne cesse que lorsqu’on invente les simulacres en argile, tels les guerriers à cheval des fameuses tombes de Xian en Chine) on ne connaît guère semble-t-il le suicide par éventrement avant les siècles de violence (pratiquement du 12ème au 17ème siècle) qui succèdent à l’époque heureuse du Roman de Genji . Les guerres entre clans démarrent avec une violence extrême, comme si cette violence avait été trop longtemps contenue. Les vainqueurs sont sans merci. Les vaincus sont systématiquement décapités. La solution du suicide s’impose donc d’elle-même et très logiquement aux vaincus, une solution honorable et raisonnable.La mort volontaire de nécessaire devient démonstration. Progressivement on en fait une éthique, une marque de classe, d’où l’idée d’inventer un rite. C’est le fameux général Yoshitsune, encerclé par des milliers d’ennemis, qui semble être le premier, en 1189, - du moins à en croire les chroniques - à se planter son sabre sous son sein gauche, se transpercer jusqu’au dos, élargir la blessure puis s’extirper les entrailles. Puis on codifie : on utilise une dague plus courte, on l’enfonce du côté gauche, on pousse la lame jusqu’au flanc droit et puis on s’achève d’un coup au coeur ou on se tranche la carotide. Plus tard on pratiquera le seppuku assisté : un ami vous décapite (il vaut mieux avoir des amis qui soient capables de vous décapiter d’un seul coup !).
Pour ce qui est des Samouraïs et de leur éthique voir mon Voyage autour de ma Bibliothèque, Tome 3 : Les Samouraïs.
N° 3666 George Soulié de Morant : les 47 Rônins - le Trésor des Loyaux Samouraïs , d'après les textes du Japon, édit. Budo Editions, Noisy-sur-école, 2006, avec une introduction d'Olivier Gaurin et abondamment illustrée par les estampes de plusieurs maîtres de l'Ukiyoe.
L’Histoire des 47 Rônins illustre parfaitement le mythe des Samouraïs et leur éthique. Pour créer cette oeuvre très poétique Soulié de Morant s'est inspiré des très nombreuses sources japonaises existantes : roman, récits, légendes, théâtre. Certaines pages sont des traductions presque littérales des textes japonais. George Soulié de Morant (1878 - 1955) est surtout connu parce qu'il a été le grand promoteur de l'acuponcture chinoise en France.Et c'est bien dommage car Soulié de Morant était aussi un grand sinologue, un diplomate, un écrivain et un poète.
Je ne vais pas reprendre toute l’histoire ici, ce serait trop long. Mais il y a un aspect qui interpelle, parce qu’il fait penser à ce que font certains terroristes islamistes aujourd’hui : faire semblant, pécher même, pour la bonne cause.C'est au printemps 1701 que Kira insulte le fier Asano Takumi et que Asano doit faire son seppuku et c'est seulement en janvier 1703 que les 47 anciens Samouraïs d’Asano donnent l'assaut du palais de Kira car il a fallu ruser, faire semblant d'oublier, pour que Kira baisse sa garde. Et c'est là qu'apparaît dans cette histoire cet aspect étonnant : la honte, apparente, sociale, cette honte-là ne compte pas. Le chef des 47 vit dans un bordel, d'autres s'adonnent à la boisson, un autre devient marchand (la honte pour un Samouraï), tous font semblant d'oublier leur daimyo, et de chercher d'autres maîtres. Les autres nobles, même la veuve de leur ancien maître, leur font sentir leur mépris. Mais eux savent ce qu'ils font, quel est leur but. La honte pour un Japonais, dit Gaurin qui introduit l’œuvre de Soulié de Morant, ne peut être qu'ontologique. C'est à dire que la seule chose qui compte pour lui c'est sa propre conscience, c'est pouvoir garder le respect de soi.
Voir mon Voyage autour de ma Bibliothèque, Tome 3 : Ethique des Samouraïs : les 47 rônins.
N° 2104 George De Vos et Hiroshi Wagatsuma : Japan's Invisible Race (Caste in Culture and Personality) , University of California Press, Berkeley, Los Angeles, 1966,
Les Eta avec les Hinin constituent ceux que l’on appelle aujourd'hui les Burakumin, et sont une caste ou plutôt ce qu’en Inde on appellerait des sans-castes, des intouchables. Oui, aussi étonnant que cela paraisse, dans ce pays dit développé, dont le PNB par habitant est équivalent à celui de l’Europe, existe encore aujourd’hui une catégorie d’humains qui vivent à part, des réprouvés, avec lesquels un bon Japonais ne veut rien avoir à faire, et surtout pas se mélanger.George de Vos de l’Université de Berkeley qui a coordonné en 1966 le travail de tout un groupe de Professeurs de différentes universités américaines, anthropologues et spécialistes en d’autres sciences humaines, dit ceci : « Pour le Japonais moderne ordinaire l’existence d’une caste au Japon est une source d’embarras, d’inconfort, de réactions viscérales. C’est un sujet qu’il serait hautement impoli d’aborder en société ». Or, à l’époque, en 1966, il y avait encore plus de 2 Millions de Burakumin, considérés comme les descendants réels ou imaginaires de cette véritable caste d’intouchables. Libérés à l’ère Meiji, en 1871, appelés Nouveaux Citoyens (partout dans le monde les Humains pensent résoudre un problème en lui donnant un nouveau nom), ils sont toujours aussi rejetés, 100 ans plus tard, que le Nègre américain (c’est le Professeur qui le dit, pas moi).
Quelle est l’origine de ces « intouchables » ? Celle des Hinin est un peu moins mystérieuse que celle des Eta. Les Hinin n’étaient d’ailleurs pas considérés comme intouchables à jamais, même si leur nom signifie littéralement « non-humains ». C’étaient des nomades, des mendiants, des prostitués, des criminels. L’origine des Eta est plus lointaine. Elle remonte au moins à l’époque de l’esclavage (aboli plus ou moins au Moyen-Age mais suivi comme chez nous par une période pendant laquelle existait encore un certain type de servage). Devenaient intouchables ceux qui étaient en contact avec le sang, la mort, la saleté, c. à d. les gardiens des tombes, les fauconniers et tous ceux qui avaient à tuer des bêtes (p. ex. pour les sacrifices rituels) et à traiter leurs carcasses. Le travail du cuir (et donc la fabrication des chaussures) est d’ailleurs resté un monopole des Eta jusqu’aux temps modernes (c. à d. jusqu’à l’industrialisation).Quels sont les éléments typiquement japonais qui ont joué un rôle dans la constitution de ces intouchables ? D’abord la religion ancienne, le shintoïsme, qui connaissait la pollution par le sang et la mort. Cette impureté, qui avait un caractère rituel, devait être éliminée par des cérémonies et des exorcismes. Elle était considérée comme déplaisante pour les dieux. D’où mise à l’écart de ceux qui y sont soumis d’une manière constante. Ensuite vient le bouddhisme qui est contre tout ce qui détruit la vie. Le paradoxe c’est qu’en Inde le Bouddha était totalement opposé au système des castes. Et pourtant c’est bien le bouddhisme qui vient renforcer et perpétuer cette notion d’intouchables dans un certain nombre de pays voisins de l’Inde (Tibet, Corée, Japon).
Les Burakumin se sont organisés, comme les Intouchables en Inde, pour se défendre contre l’injustice qui leur est faite. George O. Totten de l’Université de Californie du Sud (Los Angeles) et Hiroshi Wagatsuma de l’Université de Hawaï font l’historique de tous les mouvements politiques qui se sont succédés depuis le décret impérial de 1871 qui a déclaré l’égalité de statut et d’occupation professionnelle pour les Burakumin. Mais d’autres études montrent que le problème, au moment de la publication des études de de Vos et de ses collègues, en 1966, était loin d’être résolu. Beaucoup de Burakumin vivaient encore dans des ghettos, les préjugés contre eux étaient toujours aussi vifs, même parmi les émigrés japonais aux Etats-Unis la discrimination contre les anciens Burakumin continuait du moins jusqu’à la deuxième génération, beaucoup de Burakumin essayaient de « passer » dans la société normale, mais souvent se heurtaient aux anciennes exclusions lorsque leur origine était révélée (en cas de mariage p. ex. la tradition japonaise voulant qu’à ce moment on retrace l’histoire des deux familles : ce sont les fameux registres familiaux). Et puis de Vos et Wagatsuma étudient aussi l’attitude psychologique des Burakumin et montrent comment eux-mêmes oscillent entre deux extrêmes : révolte contre l’injustice faite, d’un côté, et image négative de soi-même, abattement et attitude auto-destructive d’un autre côté.
N° 3090 Rev. John Batchelor : The Ainu of Japan, the Religion, Superstitions, and general History of the hairy Aborigenes of Japan , édit. Fleming H. Revell Company, New-York/Chicago, 1892 - Reprint en fac-simile par Martino Publishing Mansfield Centre, CT, USA, édition numérotée 32/150.
N° 2923 Takakura Shinichirô : The Ainu of Northern Japan, a Study in Conquest and Acculturation , traduction et notes de John A. Harrison, prof. d’Histoire à l’Université de Floride, édit. The American Philosophical Society, Philadelphia, 1960.
N° 3106 Brett L. Walker : The Conquest of Ainu Lands, Ecology and Culture in Japanese Expansion, 1590 - 1800 , édit. University of California Press, Berkeley/Los Angeles/Londres, 2001.
Les minorités ethniques semblent être une spécialité de l’Asie. Il y a des aborigènes réfugiés dans l’intérieur montagneux de l’île de Formose; les hauts-plateaux indochinois sont remplis de tribus et au Musée de Shanghai il y a une énorme salle qui présente l’artisanat (magnifiquement coloré) et le folklore des innombrables minorités ethniques de la Chine. Toutes ces ethnies sont en général mal intégrées et vivent sous la pression économique et démographique des peuples majoritaires plus développés. La Chine, elle, semble faire un effort pour ses minorités. Beaucoup de leurs membres sont intégrés et certaines ethnies ont d’ailleurs un niveau culturel élevé (il y a même une certaine ethnie proche du Tibet qui dispose d’une ancienne écriture). Mais la situation au Japon, elle, n’est pas très brillante : les peuplades indigènes dont faisaient partie les Aïnous occupaient non seulement toute l’île de Hokkaïdo (qui représente tout de même 21% de la superficie de tout l’archipel nippon) mais encore une bonne partie de l’île principale de Honshu (au nord de Tokyo). Or aujourd’hui ils ne sont plus que 15 à 25000, suivant les sources, vivant surtout du tourisme, dans des réserves, et complètement noyés dans la masse des Japonais (5 millions dans l’île de Hokkaïdo).
Les missionnaires ont leurs bons côtés. A l’instar du Révérend Bryant tombé amoureux des Zoulous, le Révérend Batchelor s’est pris d’une passion pour le sort des Aïnous. Arrivé en 1892, il a vécu pendant 8 ans parmi eux, a étudié leurs coutumes, leur religion (à caractère dualiste), leur musique, leurs danses, leurs légendes et leurs contes, leur étiquette, leur justice (basée sur l’ordalie), leurs méthodes de pêche et de chasse (l’ours et le daim) et leur langue (il a compilé un vocabulaire de 6000 mots et composé une grammaire). Il prétend que l’on trouve des traces de leur langue dans de nombreuses localités tout autour de l’archipel et - sacrilège suprême pour les Japonais - pense même que le fameux Fuji-Yama, la montagne de Fuji, a un nom d’origine Aïnou : Huchi ou Fuchi voulant dire feu dans leur langue (montagne de feu = volcan). Les Aïnous sont barbus, ont les yeux noirs, la peau moins jaune que les Japonais et ils sont d’une très grande gentillesse. Ils sentent mauvais, c’est vrai, dit-il, mais quand on mange du poisson salé et qu’on le transporte souvent sur de grandes distances sur son dos et qu’il imprègne les vêtements, on ne peut sentir l’eau de Cologne ! Déjà à son époque, en 1892, il n’en restait plus que 16 à 17000, alors qu’il y avait déjà 350000 Japonais qui s’étaient installés en Hokkaïdo.Les Japonais les ont écrasés, dit-il. Ils devaient se jeter aux pieds de n’importe lequel d’entre eux, sinon ils avaient la tête coupée. Aujourd’hui ils ont une allure d’esclave, dit-il encore, alors que leurs ancêtres étaient des guerriers féroces. Il cite un ancien écrit japonais qui date de 1712 : « Quand nos augustes ancêtres sont descendus du Ciel dans un navire, ils ont trouvé sur ces îles plusieurs races barbares, dont la plus féroce de toutes était celle des Aïnous ».
C’est aussi ce que dit Brett Walker qui étudie l’expansion japonaise entre 1590 et 1800. Car c’est dans cette période de deux siècles que commence et s’accomplit le déclin des Aïnous. Ils étaient un peuple indépendant, guerrier, nouant des alliances entre îles, s’opposant aux invasions mongoles depuis les îles de Sakhaline et repoussant les Japonais au moins trois fois aux quinzième et seizième siècles. A la fin du 18ème ils sont devenus dépendants du commerce avec les Japonais. Ceux-ci exploitent leurs territoires de chasse et de pêche, violent leurs femmes, noient leurs chiens et s’installent sur leurs terres. Et lorsqu’arrive l’ère Meiji, les Aïnous sont presque tous exterminés et ne subsistent plus que grâce à l’aide du Gouvernement.
Le Professeur Takakura a passé sa vie à étudier les Aïnous. C’est parce qu’il éprouvait de la colère, dit-il, lorsqu’il était jeune et qu’il voyait que rien n’était fait pour améliorer leur sort. Et puis il a compris qu’il ne pouvait rien entreprendre pour les aider s’il ne prenait pas en compte le développement historique du problème. Il a réalisé un travail considérable, entre 1928 et 1936 d’abord, puis à nouveau après la guerre jusqu’à la publication de son étude en 1948. Et il a eu beaucoup de mérite car c’est toute une partie de l’histoire du Japon qui a été occultée. Et qui l’est probablement encore aujourd’hui, car au fond il s’agit bien d’un génocide. Le Professeur John Harrison n’a traduit qu’une partie de son oeuvre, l’histoire de la conquête, car, dit Harrison, à partir du 19ème siècle ce n’est de toute façon plus que la triste histoire de lois de protection des indigènes pleines de bonnes intentions, mais trop faibles et impossibles à faire respecter, et de réserves et d’attractions touristiques complètement acculturées.Takakura, dans sa préface, donne un certain nombre de définitions concernant la notion de colonisation: un groupe social migre vers un territoire où il s’adonne à des activités sociales et économiques. Mais le territoire en question est habité par des « indigènes ». Le contact crée un « problème indigène ». La solution : une « politique indigène ». Et cette politique indigène et la politique de la terre sont au coeur de la « politique coloniale ». Tout ceci est vieux comme le monde.
Walker compare le sort des Aïnous avec celui des Amérindiens. Il y a certains critiques de l’idéalisation de la Frontier qui pensent que ce qui a été la cause de leur déclin ce n’est pas la « conquête » mais la « rencontre ».Une telle conception s’applique parfaitement aux Aïnous. Car ce qui a vraiment causé leur incroyable déclin, c’est la façon dont leur culture a évolué au cours de ces deux siècles (de 1600 à 1800). Or cette évolution est le produit de l’interaction avec les Japonais. C’est cette interaction, en fait l’action des Japonais sur leur culture, c. à d. leur façon de vivre, la conscience qu’ils avaient d’eux-mêmes, la relation qu’ils avaient avec leur environnement, qui a été, plus que toute action par les armes, la cause de leur déchéance, de leur entrée en dépendance, de leur destruction finale.
N° 3260 Gerhard Gohl : Die koreanische Minderheit in Japan als Fall einer "politisch-ethnischen"" Minderheitsgruppe" , Otto Harassowitz, Wiesbaden, 1976
Publication du Ostasien-Institut de l'Université de la Ruhr, Bochum. Comprend également un résumé de la relation historique entre Japon et Corée.
Il y avait encore au début du XXIème siècle 650 000 Coréens au Japon. C’est ce qui reste des 2,5 millions de Coréens qui s’y trouvaient à la fin de la deuxième guerre mondiale et dont la plupart avaient été envoyés au Japon comme travailleurs forcés au temps de la colonisation nippone, entre 1910 et 1945 (ces chiffres ressortent d’un article publié par Philippe Pons en septembre 2003 dans le Monde). Une bonne partie de ces Coréens ont la nationalité nord-coréenne, n’ont pas de passeport et font encore plus l’objet de discriminations que ceux du Sud. Car les Coréens ne sont guère aimés au Japon, souvent traités de « mangeurs d’ail » sur un ton de mépris et évidemment très peu intégrés dans cette société rigide et uniforme que constitue le peuple japonais.
Il est intéressant de rapprocher l’étude de Gohl de celle de l’historien Babicz (voir : N° 3259 Lionel Babicz : Le Japon face à la Corée à l’époque Meiji , édit. Maisonneuve et Larose, Paris, 2002). Car celui-ci montre l’évolution de l’image que l’on se fait des Coréens, l’évolution des mentalités et des visions du monde, depuis le début de la révolution Meiji jusqu’à l’annexion définitive de la Corée en 1910. Une étude basée sur la presse, les témoignages, les livres, les prises de position de certains intellectuels et les textes politiques. Quand on les représente en images ils portent toujours le chapeau coréen, un grand habit blanc, la barbe et une longue pipe. Leur visage exprime la surprise, la naïveté, la colère ou la bêtise. Ce sont des êtres étranges et primitifs. Ils sont forts (ils pourraient faire d’excellents travailleurs) mais ils sont indolents, immatures, pauvres, asociaux, dépravés, sales. Ils adorent l’ail et le poivre et mangent des poissons séchés qu’ils rompent avec la main. Ce genre d’images permet de justifier beaucoup de choses.
Gohl a étudié la discrimination à laquelle les Coréens sont confrontés aujourd’hui au Japon en détail. Il montre que, finalement, tout est une question d’acceptation par la société. Gohl cite une étude comparant la façon dont les Japonais considèrent Américains, Chinois, Coréens ainsi que d’autres Asiatiques. 65% accepteraient de recevoir un Américain pour une nuit chez eux, 24% un Chinois et moins de 10% un Coréen. L’image défavorable de la minorité en question a pu jouer : criminalité plus grande que la moyenne, situation sociale et économique inférieures, sympathies supposées pour un pays communiste et considéré comme ennemi. Mais il est aussi probable - Gohl ne le dit pas - que l’histoire a laissé des traces. L’image ancienne du Coréen sale, arriéré, stupide a dû rester ancrée dans la mémoire collective. Et le souvenir de la Corée colonie japonaise.Il ne faut pas oublier que le Japon n’a jamais fait son grand mea-culpa, en tant que société, comme l’Allemagne a été obligée de le faire. La société ne se sent encore aujourd’hui pas coupable.
Et puis Gohl revient sur cette particularité de la société japonaise, si difficile à comprendre, cette incroyable homogénéité, cet esprit de groupe. L’individu, au cours de sa socialisation, dit-il, est lié à un groupe défini, fonctionnant comme une famille, et auquel il est supposé participer émotionnellement. Ce comportement est rationalisé par la valorisation de traditions de familles ou d’entreprises. La montée sociale de l’individu n’est pas seulement conditionnée par sa formation scolaire ou sa performance, mais plus que partout ailleurs par des relations personnelles particulières. A cette très forte loyauté envers un groupe correspond une délimitation hostile à l’égard des membres d’autres groupes. Pour quelqu’un qui vient de l’extérieur c’est donc du tout ou rien: ou bien il est totalement socialisé à l’intérieur du groupe ou il est reconnu comme quelqu’un de fondamentalement différent.
Le même mécanisme opère dans les relations entre Japonais et autres nationalités. Il existe d’ailleurs au Japon une institution que l’étranger ignore en général : ce sont les registres familiaux qui sont en même temps de véritables passeports généalogiques (cela ressemble aux « Ahnenpass » que devaient établir les Allemands pour déceler les éventuelles ascendances juives). Sauf qu’au Japon c’est une institution ancienne.Gohl cite un texte qui est considéré comme une interprétation officielle du système et qui dit : « Le registre familial n’est établi que pour les Japonais et il l’est pour l’ensemble des Japonais. Il y a donc un lien étroit entre registre familial et nationalité ».En fait le Japonais ne méprise pas le Coréen pour des raisons racistes. Ce n’est pas la race qui compte pour lui. C’est l’origine commune. C’est l’homogénéité. Tant que cela persistera, les Aïnous, les Burakumin et les Coréens, ces corps étrangers, peuvent toujours essayer. Ils n’arriveront jamais à intégrer le corps social japonais. Car celui-ci est comme protégé par une invisible et impénétrable membrane.
Pour la situation des Aïnous, des Burakumins et des Coréens au Japon voir mon Voyage autour de ma Bibliothèque, Tome 3 : Aïnous et autres minorités.
N° 2339 W. R. van Gulik : Irezumi, the Pattern of Dermatography in Japan , E. J. Brill, Leiden, 1982
Par le fils (ou le neveu ?) de R.H. Van Gulik
Océanie et Pacifique Sud
N° 3980 à 3982 M. G. L Domeny de Rienzi : Océanie ou 5 ème partie du Monde , 3 volumes, Firmin Didot Frères, 1836
Sous-titre : Revue géographique et ethnographique de la Malaisie, de la Micronésie, de la Polynésie et de la Mélanésie. Rienzi, grand voyageur d'origine italienne a réalisé ce livre en trois volumes, d'ailleurs digitalisé et disponible sur le net, pour la collection L'Univers, Histoire et description de tous les peuples. Intéressant pour le pantoun malais : première définition, en français, de cette poésie si particulière du monde malais.
N° 2518 Patrick Vinton Kirch : The Lapita peolple, Ancestors of the Oceanic World , Blackwell, Cambridge (USA)/Oxford, 1997
Kirch était Professeur d’Anthropologie à l’Université de Berkeley en Californie. Son livre fait le point sur l’état actuel des connaissances concernant les ancêtres communs des Polynésiens, des Micronésiens et des Mélanésiens parlant une langue austronésienne. Ces peuples qui, pendant une période de plus de 4000 ans, ont colonisé les îles du Pacifique, incluant la Nouvelle Zélande et des terres aussi éloignées que Fiji et Hawaï.
N° 2788 Max Radiguet : Les derniers Sauvages - La vie et les moeurs aux Iles Marquises (1842 - 1859) avec un avant-propos de Jean Dorsenne, édit. Duchartre et Van Buggenhoudt, Paris, 1929.
C’est un livre qui date de 1860 à peu près. Radiguet avait été affecté, tout jeune encore, en 1841, comme secrétaire, à l’état-major général de l’amiral Abel Dupetit-Thouars qui commandait alors les forces navales françaises dans le Pacifique. Il assiste à la prise de possession, le 1er mai 1842 du groupe sud-est des îles, puis de Nuka-Hiva, de l’établissement d’un fort militaire, d’une querelle entre soldats et indigènes, de la punition de ces derniers, la tribu des Haapa (pourtant très pacifique d’après Melville) de l’exécution par fusillade d’un vieux chef appelé Pakojko et finalement de l’installation d’un centre pour déportés métropolitains.Radiguet réussit à se faire montrer un endroit où étaient perpétrés dans le temps des sacrifices humains et découvre derrière « d’énormes tikis en pierre rougeâtre » tout un ossuaire caché sous une épaisse couche de feuilles sèches. Et puis il ajoute : « S’il faut en croire le tahua Veketu, les habitants des Marquises ne mangent l’homme que par vengeance. On emploie pour le tuer le moyen généralement usité pour tous les animaux ; afin d’éviter autant que possible l’effusion du sang, on l’étouffe au moyen d’un bâton appliqué sur le cou et faisant levier. C’est aux guerriers que reviennent les yeux. Le coeur est mangé cru ; le reste du corps, bardé de feuilles de ti, couché, recouvert de terre, sur un lit de galets rougis au feu (comme le cochon encore aujourd’hui), est cuit le premier ou le deuxième jour, mangé le troisième et les jours suivants. Les chefs, grands-prêtres et vieillards sont seuls admis aux repas de chair humaine... Un canaque armé d’un roseau tranchant découpe le corps; les pieds, les mains et les côtes sont offerts aux chefs, les fesses reviennent au grand-prêtre. Les femmes sont exclues de ces festins qui leur inspirent du reste la plus profonde horreur... »Radiguet peint ce qu’il appelle lui-même un véritable « tableau de genre » : sous une « épaisse voûte de verdure » règne « un demi-jour bleuâtre... l’ombre et la lumière s’éparpillent sur un groupe de femmes assises, demi-couchées ou accroupies... Les attitudes ont une harmonie, une grâce, une élégance à ravir l’artiste du goût le plus raffiné... la plupart découvrent jusqu’à la ceinture leur torse de cuivre pâle... toutes ont des couronnes de feuillages... des colliers de baies écarlates... au lobe de l’oreille une fleur rouge comme le pavot... Les chevelures noires, brillantes, ruissellent à flots sur les épaules... Le tatouage revêt les poignets et les chevilles de mitaines azurées... comme faites au crochet... » Certaines se drapent dans des manteaux «teints par places en jaune indien et jaspés ça et là de tâches carminées...» Et voici les hommes, les Taïpis : « D’une haute stature, le thorax en avant, svelte... il s’avance, la tête fière et parfois arrogante, mais avec un port assuré, une démarche libre et hardie... Les traits du visage purs... le nez droit ou aquilin... S’il parle et s’anime, son oeil noir, grand nacré, d’une mobilité extrême, éclate dans le tatouage, où s’ouvre aussi dans un sourire la raie d’argent de ses dents blanches... »
N° 3314 Paul Gauguin : L’ancien culte mahorie : Fac-simile, Présentation de l’ancien culte mahorie par René Huyghe, La clef de Noa-Noa, édit. Hermann, Paris, 2001 (la première édition date de 1951).
N° 3821 Paul Gauguin : Noa-Noa , avec une introduction de W. Somerset Maugham, mise en page de John Miller, édit. Abbeville, New-York/Paris/Londres, 1995 (première édition en anglais par Chronicle Books, San Francisco, 1992).
Pour mémoire : ces deux livres de Gauguin ont déjà été cités dans la liste 52 : Mythes et Légendes .
N° 1811 Victor Segalen : Les Immémoriaux , Points/Seuil, 1983
Pour mémoire : livre déjà cité sous sa version originale de 1907, éditeur Mercure de France, auteur Max-Anély, dans la liste 3 : Segalen
En ce qui concerne Radiguet et les Maoris, voir mon Voyage autour de ma Bibliothèque, Tome 4 : Victor Segalen, les Maoris, la Chine et l'exotisme. Voir aussi mes Carnets d'un dilettante : Segalen, Gauguin et les Maoris (et Moerenhout, Melville et Max Radiguet)
N° 3320 Jean-Yves Tréhin : Tahiti - L'Eden à l'épreuve de la photographie , Gallimard/Musée de Tahiti et des Îles, 2003
Jean-Yves Tréhin est historien. Spécialiste de la photo ancienne. A également publié au Musée de Tahiti: Gauguin à Tahiti et la photographie.
N° 2729 Peter Bellwood : Les Polynésiens , Editions du Pacifique, Papeete, 1983
N° 3020 Claude Ener : Maupiti , Arthaud, 1969 (dédicace de l’auteur)
Roman du lagon tahitien
N° 3021 Jacqueline Sénès : Terre violente , Hachette, 1987
Excellent roman de Nouvelle Calédonie par une journaliste locale
N° 1810 Franz Steiner : Taboo , Penguin, Londres
Franz Steiner était né en Tchécoslovaquie en 1909 et est décédé à Oxford en 1952
N° 2664 Sigmund Freud : Totem und Tabu , Internationaler Psychoanalytischer Verlag, Leipzig/Wien/Zürich, 1925
Sous-titre : Einige Übereinstimmungen im Seelenleben der Wilden und der Neurotiker
N° 3855 Arnold van Gennep : Etat actuel du problème totémique , Ernest Leroux, Paris, 1920
N° 4540 Margaret Mead : Coming of age in Samoa, a psychological Study of Primitive Youth for Western Civilisation , préface de Franz Boas, William Morrow & Company, New-York, 1928
N° 2817 Derek Freeman : Margaret Mead and Samoa, the making and unmaking of an anthropological Myth , Harvard University Press, Cambridge, USA, 1983
La fameuse histoire de Margaret Mead qui raconte au monde médusé qu’à Samoa il n’y a pas de problèmes sexuels parce que les adolescents peuvent pratiquer l’amour librement. Hélas, cela ne se passait pas tout-à-fait comme cela. Et pourtant nos sociétés fonctionnent bien ainsi aujourd’hui ! On notera quand même que Margaret Mead était Assistant Curator of Ethnology à l’American Museum of Natural History et que son ouvrage avait été préfacé par l’illustre Boas en personne !
N° 2815 Alfred Métraux : L’Île de Pâques , L’Espèce humaine/Gallimard, 1941
N° 2828 W. D. Alexander : A brief History of the Hawaïan People , American Book Cy, New-York/Cincinnati/Chicago, 1891 (Reliure décorée, dorures)
N° 4543 Peter Matthiessen : Deux saisons à l’âge de pierre , Payot, 1993
Matthiessen, explorateur, naturaliste, écrivain (et grand défenseur des Amérindiens) participe ici à une expédition en Nouvelle Guinée à la recherche d'une tribu très primitive, les Kourelou. Premiers contacts entre leur monde et le monde civilisé.