Liste 43 : Littérature anglophone aventures et fantastique : H. Rider Haggard
Voir aussi sur mon site Voyage autour de ma Bibliothèque , Tome 2 : H comme Haggard (Rider) , Haggard et Kipling et Peuples d’Afrique du Sud (pour les guerres zouloues)
Je ne sais plus pourquoi ni comment j'en suis venu à faire collection de vieilles éditions (j'en ai aujourd'hui plus d'une trentaine) de cet écrivain anglais, secondaire, du début de ce siècle. Peut-être parce que je suis tombé un peu par hasard, à Johannesbourg, à Londres, à Toronto, sur toute une série de ses bouquins, joliment illustrés, aux titres dorés, ou parce que j'avais été captivé par son grand roman fantastique - ses romans devrais-je dire, puisqu'il y a eu plusieurs suites - She ( Elle-qui-doit-être-obéie , en français), cette histoire tout à fait extraordinaire, de cette ancienne Egyptienne qui regrette, à jamais, d'avoir repoussé, ou d'avoir tué, son amant qu'elle recherche, jusqu'à la fin des temps, dans ses nombreux avatars, ses renaissances sous d'autres noms, sous d'autres cieux, mais qui est en même temps une tueuse, une mante religieuse pour tous ces amants occasionnels qu'elle subjugue et qu'elle charme, et qu'elle tue pour les punir de ne pas être celui qu'elle a aimé et qui est l'objet de son interminable quête.
L’homme
N° 2294-95 Sir H. Rider Haggard : The Days of my Life, an Autobiography , édit. Longmans, Green and Co, New-York, Toronto, Bombay, 1926.
N° 1184 H. Rider Haggard : Regeneration, being an account of the work of the Salvation Army in Great Britain , édit. Longman, Green & Co, Londres, 1910
N° 1186 Peter Beresford Ellis : H. Rider Haggard, a Voice from the Infinite , édit. Routledge & Kegan Paul, Londres - Henley, 1978.
Lorsqu’on parcourt une biographie de Rider Haggard on ne peut s’empêcher de s’interroger sur la personnalité de cet homme. Comment ce citoyen dévoué à la Reine et à l’Empire, si sérieux dans sa vie, s’intéressant à des problèmes économiques et sociaux : la réforme de l’agriculture (il publie plusieurs études - A Farmer’s Year , Rural England , A Gardener’s Year - prônant des progrès techniques dans ce domaine et une réforme agraire qui fait grincer les dents de ses amis tories), la déforestation, l’érosion côtière, la pauvreté, l’Armée du Salut (voir Regeneration), est plutôt conservateur en politique à l’instar de son père, propriétaire terrien, crée par peur du bolchevisme un parti anti-socialiste (la Liberty League) avec Kipling en 1919, fréquente, toujours avec Kipling, le très Républicain et libéral Président Théodore Roosevelt (le premier), est nommé par le Gouvernement membre d’une Commission Royale chargée d’une inspection dans les Dominions, comment cet homme a-t-il pu déployer dans ses oeuvres littéraires autant d’imagination effrénée, de passion et d’esprit d’aventure ?
Lui-même a dû y réfléchir à ce mystère de l’imagination puisque dans un de ses derniers discours tenu en 1926 et rapporté par son biographe Peter Ellis, il s’exprime ainsi : « L’imagination est un pouvoir qui vient on ne sait d’où. Peut-être est-ce une vérité, existant quelque part mais non découverte encore, une échancrure dans un rideau qui laisse entrevoir un monde caché mais qui pèse sur nous... Peut-être les hommes qui possèdent ce pouvoir sont-ils des portes à travers lesquelles le mal et le bien se déversent en force sur notre monde ; ils ne sont que des instruments innocents de leur destin... C’est le pouvoir caché de l’esprit qui relie le visible et l’invisible, qui entend la petite voix qui appelle depuis l’infini... »
N° 1187 Rudyard Kipling to Rider Haggard, the Record of a Friendship , edited by Morton Cohen, édit. Hutchinson of London, 1965.
Kipling est devenu l'un des meilleurs amis de Haggard. A une certaine période de leur vie ils ont même travaillé ensemble dans la même pièce et composé des scénarios d'histoires en collaboration.Mais leurcorrespondance était un peu unilatérale, car Kipling écrivait beaucoup mais gardait rarement les lettres qu'il recevait.
L’œuvre fantastique
N° 1153 H. Rider Haggard : Elle qui doit être obéie (contient: Elle ou la Source de Feu, Le Retour d’Elle, La Fille de la Sagesse, Les Mines du Roi Salomon, Elle et Allan Quatermain), préface de Francis Lacassin, édit. Bouquins - Robert Laffont, Paris, 1985.
Contient : Elle ou la Source de Feu , Le Retour d’Elle , La Fille de la Sagesse , Les Mines du Roi Salomon , Elle et Allan Quatermain )
N° 1154 H. Rider Haggard : She, a History of Adventure , Longmans, Green and Co, Londres, 1887 (1ère édition).
N° 1155 H. Rider Haggard : Ayesha, the Return of She , édit. William Briggs, Toronto, 1905 (1ère édition canadienne).
N° 1156 H. Rider Haggard : She and Allan , (avec les illustrations de Maurice Greiffenhagen), édit. Hutchinson & Co, Londres, 1921 (1ère édition).
N° 2293 H. Rider Haggard : Wisdom’s Daughter, the Life and Love Story of She-Who-Must-Be-Obeyed , édit. Grosset & Dunlap, New-York, 1924.
Lorsque le héros masculin de She , celui qui renaît tous les cent ans, débarque, après un naufrage, sur une côte africaine, la vision est assez dantesque, au moment de la grande rencontre, puisqu'elle est éclairée par des torches faites de vieilles momies égyptiennes dont les flammes, nourries de graisses humaines, rugissent dans la nuit.
Francis Lacassin qui présente Haggard et ses oeuvres dans la collection Bouquins parle à propos de She de « poésie effrayante » et de « poème amoureux ». « Un livre incandescent dont chaque page outrage la raison, la décence et pour tout dire la morale, au nom d’un amour qui s’exerce avec la violence de la fureur, la démesure de la folie, les exigences de la cruauté. » Or She a paru en 1887. La morale victorienne continue de régner. Lacassin s’interroge aussi sur cet étrange auteur qui ne se contente pas d’inventer un personnage aussi mythique et de renouveler avec cette femme le roman d’aventures mais qui en plus est tombé passionnément amoureux de son héroïne. Et la fait revivre 18 ans plus tard avec Ayesha , puis, en 1921, met face à face ses deux héros préférés : She et Allan et y revient une dernière fois, deux ans avant sa mort, avec la Fille de la Sagesse .
N° 1159 H. Rider Haggard : King Salomon’s Mines , édit. Cassell & Company, Londres, 1885 (1ère édition).
Ce sont les Mines du Roi Salomon qui ont d’abord fait le succès de Haggard et qui ont décidé de sa carrière littéraire. Avec ce livre il a créé un aventurier héroïque et humain, Allan Quatermain, son double secret qui va reparaître dans 16 de ses romans. Il crée surtout un nouveau type de roman d’aventures dont le cadre est une Afrique mystérieuse et dangereuse et qui va inspirer Edgar Rice Burroughs et beaucoup d’autres après lui. Lacassin pense que ce sont les fameuses ruines du Zimbabwe qu’il découvre lors de son séjour en Afrique du Sud qui le font penser au mystérieux royaume d’Ophir d’où Salomon tirait sa richesse. Haggard prétend ne les avoir jamais visitées mais ne nie pas en avoir entendu parler. Les aventures d’Allan Quatermain sont toujours agréables à lire. Il y a du suspense, de l’humour. Tout en contant son histoire Haggard laisse son narrateur, qui est presque toujours Allan Quatermain lui-même, philosopher à loisir, ce qui donne un aperçu de ses pensées profondes. Et puis il y a le compagnon de toutes les aventures, le personnage inoubliable du serviteur Zoulou d’origine royale, le fameux Umslopogaas.
N° 1157 H. Rider Haggard : Allan Quatermain, being an account of his further adventures and discoveries in company with Sir Henry Curti, Commander John Good and one Umslopogaas , édit. Rose Publishing Company, Toronto, 1887 (1ère édition canadienne).
N° 1164 H. Rider Haggard : Maiwa’s Revenge or the War of the Little Hand , édit. Longmans, Green and Co, Londres, 1888 (1ère édition).
N° 1158 H. Rider Haggard : Allan’s Wife and other Tales (illustrations Maurice Greiffenhagen et Charles Kerr), édit. Spencer Blackett, Londres, 1889 (1ère édition).
Rider Haggard avait l'esprit fertile et beaucoup de ses idées ont été reprises par d'autres que lui. Et d'abord l'enfant-singe. C'est dans Allan's Wife qu'une fillette recueillie par une guenon va jouer un rôle néfaste dans une sombre histoire africaine. Il est bien possible que cette histoire ait servi de départ pour celle de Mowgli ( Allan's Wife date de 1889 et le Livre de la Jungle de 1892), bien que ni Kipling ni aucun des commentateurs ne la mentionne jamais.La seule mention à une influence de Haggard sur la genèse de Mowgli que j'ai trouvée dans la correspondance entre Kipling et Haggard est celle d'une scène sortie de Nada the Lily , où des loups sautent en l'air en cherchant à atteindre un homme mort assis sur un rocher.Mais la fille-guenon a peut-être donné l'idée à Burroughs d'un autre enfant-singe devenu beaucoup plus célèbre : Tarzan of the Apes !
N° 1176 H. Rider Haggard : Allan and the Holy Flower (illustrations Maurice Greiffenhagen), édit. Longman’s, Green and Co, New-York, 1915 (1ère édition US).
N° 1166 H. Rider Haggard : The Ivory Child , édit. Cassell and Company, Londres, 1916 (1ère édition).
N° 1160 H. Rider Haggard : The Ancient Allan , édit. Cassell and Company, Londres, 1920.
N° 1165 H. Rider Haggard : Heu-Heu or the Monster , édit. Hutchinson & Co, Londres, 2ème édition.
N° 1175 H. Rider Haggard : The Treasure of the Lake , édit. Andrew Melrose, Londres.
N° 2616 H. Rider Haggard : Allan and the Ice Gods, a Tale of Beginnings , édit. Hutchinson & Co, Londres,
N° 1178 H. Rider Haggard : Montezuma’s Daughter , Longmans, Green and Co, Londres, 1927 (1ère édition US. Illustrée).
N° 1173 H. Rider Haggard : Smith and the Pharaohs and other tales , T. Werner Laurie, Londres, 1920 (1ère édition coloniale)
N° 1172 H. Rider Haggard : Morning Star , Cassell and Co, Londres, 1910 (1ère édition illustrée)
N° 1182 H. Rider Haggard : Cleopatra, being an account of the fall and vengeance of Harmachis, the royal Egyptian, as set forth by his own hand , Longmans, Green and Co, Londres, 1889 (illustr. Greiffhagen et R. Catou Woodville)
N° 1174 H. Rider Haggard : Pearl Maiden, a Tale of the Fall of Jerusalem , Longmans, Green and Co, Londres, 1903 (Edition coloniale)
N° 1180 H. Rider Haggard : Eric Brighteyes . Longmans, Green and Co, Londres, 1893
Rider Haggard s’est intéressé à d’autres mondes et à d’autres civilisations disparues : au Mexique ( Montezuma’s Daughter ), à l’ancienne Egypte ( Smith and the Pharaohs , Morning Star et Cleopatra ,), à l’ancienne Palestine ( Pearl Maiden ) et même à l’ancienne Islande ( Eric Brighteyes ).
N° 1170 H. Rider Haggard : The yellow God , Cassell and Co, Londres
N° 1171 H. Rider Haggard : Red Eve , Hodder and Stoughton, Londres, 1911
N° 1179 H. Rider Haggard : Joan Haste , Longmans, Green and Co, Londres, 1895 (1ère édition US. Illustrée)
N° 1181 H. Rider Haggard : The People of the Mist , Longmans, Geen & Co, Londres, 1894 (illustrat. Layard)
N° 1183 H. Rider Haggard : The Ghost Kings , Cassell and Co, Londres, 1908 (2ème édition. Ill. A. C. Michael)
Rider Haggard s’est intéressé à d’autres mondes et à d’autres civilisations disparues : au Mexique (Montezuma’s Daughter), à l’ancienne Egypte (Smith and the Pharaohs, Morning Star et Cleopatra), à l’ancienne Palestine (Pearl Maiden) et même à l’ancienne Islande (Eric Brighteyes). Même si l’Afrique est rrstée au cœur de son écriture.
N° 1177 H. Rider Haggard : The Mahatma and the Hare , Longmans, Green and Co, Londres, 1911 (Illustrations W.T. Horton (style Beardley) et H.M. Brock)
Roman fantaisiste hautement hilarant
L’Histoire : Afrique du Sud, Zoulous
Comme tout bon Anglais Haggard n'aimait pas les Boers mais s'est beaucoup intéressé aux Zoulous. Il a écrit une trilogie sur les guerres zouloues et un livre sur l'un des descendants du grand roi zoulou Shaka, Cetywoyo and his neighbours .
N° 1185 H. Rider Haggard : Cetywoyo and his white neighbours , Paul Kegan, Trench, Trubner & Co, 1891 (4ème édition)
N° 1161 H. Rider Haggard : Marie , édit. Cassell and Company, Londres, 1912 (1ère édition).
N° 1162 H. Rider Haggard : Child of the Storm , édit. Longmans, Green and Company, New-York, 1913 (1ère édition US).
N° 1163 H. Rider Haggard : Finished , édit. McDonald &Co, Londres, 1962.
Mais les trois romans cités ci-dessus, présentés comme des aventures vécues par son héros préféré Allan Quatermain, constituent une véritable trilogie qui retrace l’histoire du peuple zoulou. Marie raconte l’histoire du massacre de Retief et de ses amis, mais omet le détail du pal. Cela aurait probablement été mal reçu dans la société victorienne. Child of Storm est entièrement centré sur la grande bataille entre Cetwoyo (que Haggard écrit Cetywoyo) et Mbulazi (Umbulazi chez Haggard). Haggard, pour corser encore le récit y introduit une « Hélène » zouloue, belle, ambitieuse et maléfique. « La plus belle créature que j’aie jamais vue », dit Allan quand il l’aperçoit pour la première fois. « A supposer bien sûr », ajoute-t-il pour les lecteurs qui pourraient avoir quelques réticences raciales, « qu’une personne qui soit noire ou couleur cuivre, puisse être considérée comme belle ». Finished raconte la guerre contre les Anglais et la fin de Cetywoyo. Et là encore on voit apparaître un personnage qui permet de dramatiser l’histoire, un sorcier, Zikali, « la chose qui n’aurait jamais dû naître » et qui, grâce à ses dons de magie, exerce une vieille vengeance sur tous les descendants de Shaka. A part cela Haggard rapporte les faits historiques avec beaucoup de fidélité et la bataille entre les deux frères (« Quand deux taureaux veulent à tout prix se battre » avait dit leur père, « il faut les laisser faire ») qui se passe sur les bords de la rivière Tugela, est un véritable morceau de bravoure.