Voyage autour
de ma Bibliothèque

Liste 48 : Romans policiers et espionnage

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Voir aussi le site  Voyage autour de ma Bibliothèque , Tome 2 :    Naissance du roman policier   

Et sur le même site, Tome 5 :    Francis Lacassin et l’autre littérature    



Le policier classique


N° 2929 Régis Messac :  Le « Detective Novel » et l’influence de la pensée scientifique , édit. Librairie Ancienne Honoré Champion, Paris, 1929.

La volumineuse étude de Régis Messac commence par une recherche dans la littérature de l’évolution des raisonnements logiques sous l’influence de la pensée scientifique. Cela va loin.  Zadig ,  les trois Princes de Sarendip  du Chevalier de Mailly,  les Mohicans de Paris  de Dumas, etc. Mais il étudie également l'influence qu'ont pu avoir sur le genre roman policier tous les genres qui l'ont précédé. Car, enfin, si le roman policier a eu un tel succès dans le monde occidental à la fin du 19ème siècle et au 20ème, ce n'est pas simplement pour le plaisir que le public eût pu prendre à suivre un raisonnement logique. Deux autres éléments ont joué un rôle primordial : l'attrait du mystère et du suspense, d'une part, la fascination exercée par le crime, le sang, la peur, d'autre part.Il était donc tout à fait naturel que Messac étudie également les ancêtres lointains du roman policier qui sont le roman picaresque et les récits de la vie des grands criminels que l'on trouvait dans les almanachs ou toute cette littérature de colportage étudiée par Charles Nisard qui avait été chargé de les rassembler lors de l'établissement d'une commission d'examen de ces livres en 1852 (voir N° 1864-65 Charles Nisard :   Histoire des Livres Populaires ou de la Littérature de Colportage  , 2ème édition, édit. E. Dentu, Paris, 1864. La 1ère édition est de 1854, avait été publiée par le Libraire Amyot et est introuvable aujourd'hui.). Messac nous apprend que l'équivalent de ces récits de criminels existait en Angleterre où on les regroupait sous la dénomination de  Newgate Calendar , Newgate étant le nom d'une sinistre prison construite par un maire de Londres en 1422 sur l'emplacement d'une porte des anciennes fortifications de la ville. Voir aussi nos romans français du type feuilleton (liste 46) et les romans noirs (liste 47). Il reste que pour Messac la première detective novel est  l'Affaire Lerouge  de Gaboriau, publiée en 1866, suivie par  le Dossier n° 113  et  le Crime d'Orcival  en 1867 (voir ci-après).

Voir mon Bloc-notes 2009Régis Messac.


N° 4088 Roger Bonniot :  Emile Gaboriau ou la Naissance du Roman policier , J. Vrin, Paris, 1985 (Dédicacé par l'auteur à Jean Dutourd)

C'est plus une biographie, très complète, de Gaboriau qu'une étude approfondie de la naissance du roman policier 


N° 3189 Emile Gaboriau :  L’Affaire Lerouge , Editions de l’Instant, Paris, 1986.

N° 3190 Emile Gaboriau :  Le Dossier N° 113 , Nouvelle Société des Editions Encre, Paris, 1985.

N° 3191 Emile Gaboriau :  Monsieur Lecoq - L’Enquête , édit. Garnier, Paris, 1978.

N° 3192 Emile Gaboriau :  Monsieur Lecoq - L’Honneur du Nom , édit. Garnier, Paris, 1978.

N° 4498 Emile Gaboriau :  Monsieur Lecoq , Cercle mondial du Livre, Paris/Bruxelles/Amsterdam (Couverture cartonnée de l’éditeur, ex. numéroté)

L’un des biographes de Gaboriau note que c’est piqué par les traductions de Poe par Baudelaire, qui commencent à paraître dans le journal Le Pays, où Gaboriau entre comme rédacteur, qu’il crée le premier roman policier français en se servant d’un fait divers réel, l’assassinat de la veuve Célestine Lerouge, près de la Porte d’Italie. Conan Doyle est donc battu à plate couture. La première apparition de Sherlock Holmes ne date que de 1888 dans  a Study in Scarlet . Dans  L’Affaire Lerouge  il y a déjà un détective : le Père Tabaret. Et c’est dans  le Dossier n° 113  qu’apparaît pour la première fois l’inspecteur Lecoq. Il est d’une bonne famille normande, jeune, bachelier, a fait son droit, s’est mis dans la police par goût et pour faire jouer son intelligence.

N° 4497 Emile Gaboriau :  L’Argent des autres , préface Jean-Paul Colin, Nouvelles Editions Baudinière, Paris, 1979

Ce roman est plutôt du genre roman populaire et de mœurs, tout en contant une histoire financière qui démonte les rouages subtils du capitalisme boursier et de la spéculation…


N° 3631 A. Conan Doyle :  A Study in Scarlet , Ward, Lock, Boyden and Co, Londres, 1892 (Cette troisième édition est la première à contenir les illustrations de George Hutchinson (40)).

Premier roman de Conan Doyle où apparaît Sherlock Holmes (la première édition date de 1888).

Conan Doyle qui semble être un Anglais honnête (cela existe), raconte dans ses mémoires qu’il s’est inspiré à la fois de Poe et de Gaboriau : « Gaboriau m’avait séduit par l’élégante façon dont il agençait les pièces de ses intrigues, et le magistral détective de Poe, M. Dupin, avait été depuis mon enfance un de mes héros favoris » (le Chevalier Dupin c’est le raisonneur de  La Lettre volée , du  Double Crime de la rue Morgue  et du  Mystère de Marie Roget  d’Edgar Poe). Il est vrai que son héros copie plus Dupin que Lecoq. Rien que par le fait d’avoir associé à Sherlock un narrateur comme celui de Dupin. Ce qui permet de fournir au détective génial un factotum et un faire-valoir. Encore que le Docteur Watson semble particulièrement stupide. Mais comme c’est un Anglais bien élevé cela ne se voit pas trop...  

N° 3632 A. Conan Doyle :  The Adventures of Sherlock Holmes , George Newnes, Londres, 1898 (5ème édition. Illustrations par Sidney Paget)

Contient plusieurs aventures de Sherlock


N° 4499 Agatha Christie :  The mysterious Mr. Quin , Dodd, Mead & Company, New-York, 1930 (hard cover)

N° 4500 Agatha Christie :  Le crime de l’Orient Express , Libr. des Champs Elysées, 1972
N° 4501 G. K. Chesterton :  The innocence of Father Brown , with introduction and notes by Martin Gardner, Oxford University Press, Oxford/New-York, 1987 (hard cover)

N° 4502 G. K. Chesterton :  The incredulity of Father Brown , Penguin Books,1982

Les mièvreries d'Agatha Christie et l'insipide Father Brown ne m’ont jamais beaucoup passionné…

 

N° 4061 Gaston Leroux :  Le Mystère de la chambre jaune , L’Illustration, Paris, 1907 (Illustrations hors-texte de Simont, reliure demi-percaline verte époque à coins. 

N° 4062 Gaston Leroux :  Le Parfum de la Dame en Noir , L’Illustration, Paris, 1908  

N° 4063 Gaston Leroux :  Rouletabille chez le Tsar , L’Illustration, Paris, 1912

Ce sont là les trois premiers romans Rouletabille qui ont tous paru dans le supplément littéraire de l'Illustration, successivement en 1907, 1908 et 1913. Rouletabille s'appelle encore Boitabille dans la première partie du Mystère de la Chambre jaune.


N° 3308 Leslie Charteris :  Thanks to the Saint , Hodder and Stoughton, Londres, 1958

N° 1506 Edgar Wallace :  L’Île d’Eve – Le Mystère du train d’or – Le cercle rouge – Dan le sosie – Le Vengeur – La Marque de la Grenouille – Le Mystificateur , présentation de Jean-Louis Touchant, filmographie de Jean-Jacques Schléret, Libr. des Champs-Elysées, Paris, 1993

N° 4503 Edgar Wallace :  The green rust , Ward, Lock & Co, Londres/Melbourne, 1927

N° 4504 Edgar Wallace :  The yellow snake , Hodder & Stoughton, Londres,

Edgar Wallace a été un écrivain prolixe (on a même dit qu’il était l’écrivain anglais le plus lu entre les deux guerres). Il a écrit des romans populaires, des romains d’aventures (un roman africain,  Bozambo . Il a d’ailleurs coopéré au scenario de  King-Kong  !) et des romans policiers. Pourtant quand j’ai lu ces deux vieux policiers d’Edgar Wallace que j’ai découverts au Canada (the yellow snake et the green rust), j’ai été littéralement suffoqué par l’atmosphère de racisme anti-jaune tout à fait primaire dans laquelle ils baignent.


N° 4532 Pierre Véry :  L’Assassinat du Père Noël , préface de Francis Lacassin, Edito-Service, Genève, 1973 (couverture ornée)

Un peu de poésie dans le crime


N° 2692 André-Paul Duchâteau et Stéphane Steeman :  L’écrivain habite au 21 – Stanislas-André Steeman , édition illustrée, Editions Quorum, Ottignies (B), 1998 (Relié toile) 

N° 4534 Stanislas-André Steeman :  Légitime Défense , préface d’André-Paul Duchâteau, Editions Jacques Antoine, Bruxelles, 1985

Cette histoire a servi de base au film  Quai des Orfèvres  de Clouzot. Mais Steeman est surtout connu pour  L’Assassin habite au 21 . Et il me semble bien que l’assassin y était l’auteur. Sacrilège ! De toute façon Steeman était un sacré personnage à l’imagination complètement débridée. Boileau-Narcéjac ont dit de lui : « Steeman a mis au point un ton, d’ailleurs inimitable, fait de nonchalance, d’élégance un peu extravagante, de bizarrerie voulue, de drôlerie calculée… ».


N° 2730 Rex Stout :  The black Mountain , The Viking Press, New-York, 1954 (hard cover, dust wrapper)


N° 4533 John Amila :  La bonne tisane , Gallimard/Série noire, 1955

Pseudo de l’écrivain Jean Meckert, plutôt méconnu, récemment redécouvert (voir son roman  Les Coups ), anarchiste, anti-militariste, anti-colonialiste, mais prolixe auteur de polars parus dans la Série noire de Duhamel.

 

N° 4289 Hugues Pagan :  Profil perdu , Rivages, Paris, 2017

Exemple de roman policier moderne, souvent basé sur une expérience policière. Pagan est un styliste dans le paysage du policier français. Ancien policier (après des études de philosophie) pendant 25 ans.

N° 4662 Hughes Pagan : Le Carré des Indigents, Rivages/Noir, 2022
Le retour de l’inspecteur Schneider


Le policier d’atmosphère (et/ou de critique sociale)


N° 4378 François Guérif :  Du Polar – Entretiens avec Philippe Blanchet , Payot, 2013

Guérif est à la fois un spécialiste du cinéma noir américain et éditeur de romans policiers chez l’éditeur Rivages. Ici il évoque l’évolution du genre depuis les origines, puis l’époque Hammet-Chandler, enfin les auteurs modernes. Et parle de ses coups de cœur : Goodis, James Cain et Jim Thompson.


N° 2501 Claude Mesplède et Jean-Jacques Schieret :  Les Auteurs de la Série Noire 1945 – 1995 , Joseph K., Paris, 1996 (relié toile)

Une volumineuse Encyclopédie de près de 700 pages reprenant, par ordre alphabétique, tous les auteurs de la prestigieuse collection créée par Marcel Duhamel au sortir de la seconde guerre mondiale. Complétée par une filmographie.


N° 3918 Dashiell Hammet :  Moisson rouge , traduction Natalie Beunat et Pierre Bondil, Gallimard, 2009

(nouvelle traduction)

N° 4505 Dashiell Hammet :  Coups de feu dans la nuit, l’intégrale des nouvelles , préface de Richard Layman, présentation de Natalie Beunat, Omnibus, Paris, 2011

La nouvelle traduction de la Moisson rouge est sortie la même année que l’exposition que la Bibliothèque de la Littérature policière de la rue du Cardinal Lemoine a consacrée à Hammet (saluée par un article du Monde le 7 août 2009 : Alain Beuve-Méry :   1929 : Regard au scalpel sur la société américaine ).

Dashiell Hammet a été le premier de ces écrivains américains qui ont révolutionné le roman policier dans les années 1920 à 40 (comme Raymond Chandler, William R. Burnett, Horace McCoy, James M. Cain, Jim Thompson et Don Tracy). Créant ce que j’ai appelé le policier d’atmosphère,  doublée, dans leur cas, d’une formidable critique sociale. Francis Lacassin, dans  la Mythologie du Roman policier , écrit que « le genre retrouve les formes et les vertus de l’épopée ». Le privé entreprend une œuvre de purification. « Sous l’érotisme, la violence, le sang, le roman noir réconcilie en l’homme les désirs antagonistes de meurtre et de justice ». En fait ce que dit Lacassin s’applique à une seule forme de roman noir, celle initiée par Dashiell Hammett, celle de la critique sociale (ou même politique), de la description de la corruption, du pouvoir exercé sur la ville, du triangle tragique des trois P, Politique, Pègre et Police (et souvent juge), et du combat solitaire pas toujours très orthodoxe du détective ou du journaliste courageux. Et pas aux autres formes…

Hammett né en 1894, avait une bonne expérience du métier de détective puisqu’il a travaillé pour Pinkerton de 1915 à 1921 (avec une courte interruption pendant laquelle il s’était engagé dans l’armée). Il commence à écrire dès 1922 dans les magazines spécialisés et son premier roman,  Moisson Rouge , commence à paraître dans la Revue Black Mask dès la fin de 1927. En fait ses quatre romans majeurs,  The Red Harvest  (Moisson rouge),  The Dain Course  (Sang maudit),  The Maltese Falcon  (Le Faucon de Malte) et  The Glass Key  (La Clé de verre) sont publiés par Knopf entre 1929 et 1931. Il s’engage politiquement dès 1937 pour soutenir les « Loyalistes » de la guerre civile espagnole, est proche du parti communiste américain (en 1940), Président de l’organisation de Droits civiques de New-York après la guerre et, bien sûr, convoqué par McCarthy en 1953. Quand celui-ci lui demande, raconte Francis Lacassin (dans  Dashiell Hammett ou la Littérature à Haute Tension ), « Si vous étiez à notre place, autoriseriez-vous vos livres dans les bibliothèques de nos centres culturels ? », Hammett lui répond : « A votre place, Sénateur, je n’autoriserais pas de bibliothèques du tout ! ». Cela donne une idée du bonhomme. Et il n’est donc pas étonnant qu’il soit le premier à décrire une ville pourrie et le premier à mettre en scène un privé qui nettoie la ville en dressant les gangs les uns contre les autres (dans  Moisson rouge ). 

A propos de Dashiell Hammet (mais aussi Tracy, Goodis, etc.) voir mon Voyage autour de ma Bibliothèque, Tome 5 : N comme Noir. Roman noir et film noir américains.


N° 4049 Don Tracy :  La bête qui sommeille , Gallimard, 1951

Roman fameux pour sa scène de lynchage, ce roman,  How Sleeps the Beast , date de 1937. La scène de lynchage est effroyable. Pas seulement à cause de l’abominable cruauté de la fin (le nègre est cloué au mur d’une grange, par son sexe aussi, on lui laisse un couteau et on met le feu à la grange, il se coupe lui-même son sexe avant d’être abattu). Mais surtout par la description de la violence collective, les meneurs et les menés, complètement transformés, éléments d’un groupe qui n’existent plus par eux-mêmes et ne sont plus que les parties d’un tout monstrueux (cela fait penser aux idées de Canetti sur la « cristallisation » de la masse, dans  Masse und Macht ).
N° 4587 Don Tracy :  Flash ! , Gallimard série noire, 1955

Titre original :  Round trip . Roman noir psycho sans grand intérêt sinon la scène de lynchage, encore une, avec laquelle débute le bouquin.

N° 4507 David Goodis :  Rue Barbare – Epaves , Traduction Michel Lebrun, Editions Clancier-Guénaud, Paris, 1984

N° 4508 David Goodis :  Obssession , traduction Gérard de Chergé, Clancier-Guénaud, Paris, 1984

N° 4509 David Goodis :  Descente aux enfers , traduction Denise Yankiver, Pac Editions, Paris, 1977

N° 4510 David Goodis :  Cassidy’s Girl , traduction Jean-Paul Gratias, Fayard-Poche, 1984

Goodis est déjà d’une autre génération, puisque né en 1917 (à Philadelphie) et qu’il ne semble pas avoir été tellement apprécié aux Etats-Unis. Encore que plusieurs de ses premiers romans ont été transposés au cinéma par Hollywood, tels que :  Dark Passage  (1946) par Delmer Davis en 1947 avec Humphrey Bogart et  Nightfall  (1947) par Jacques Tourneur en 1956. Personnellement j’ai toujours considéré Goodis comme quelqu’un qui était au-dessus du lot. J’ai au moins une demi-douzaine de ses romans dans ma bibliothèque au rayon policiers. Peut-être est-ce à cause des thèmes : la fatalité, le destin, ou à cause du cadre : souvent les docks de sa ville natale, Philadelphie. Ou simplement à cause de ce film que Beineix a tiré d’un de ses romans, véritable film-culte pour moi :  La Lune dans le caniveau  avec Gérard Depardieu en docker et le grand acteur Dominique Pinon. L’année d’après c’est Gilles Béhat qui a transposé un autre roman de Goodis ( Street lost ) au cinéma :  Rue barbare . Très beau film également, injustement méconnu. Ce ne sont d’ailleurs pas les seuls films tournés en France inspirés de Goodis.  Tirez sur le Pianiste  (avec Aznavour) de Truffaut,  La course du lièvre à travers les champs  de René Clément,  Les Passagers de la Nuit  et  Le Casse  d’Henri Verneuil le sont également.

François Guérif dit à propos de  Rue Barbare  que David Goodis est le plus émouvant des grands auteurs de romans noirs américains. Et celui qui présente  Cassidy’s Girl  dans la collection Poche de Fayard dit ceci : « Comme La Lune dans le caniveau, Cassidy’s girl nous plonge dans le monde des paumés peuplant les docks de Philadelphie mais, au-delà du sordide, la tendresse et la chaleur humaine transparaissent dans ce roman bouleversant, d’une beauté tragique ».


N° 4716 A. I. Bezzerides : La longue route, traduction Luc Baranger, Gallimard/La Noire, 2001
Auteur américain d'origine gréco-arménien, né en Turquie, devenu scénariste. Roman noir publié en 1938 et mis au cinéma par Raoul Walsh en 1940 avec George Raft et Humphrey Bogart (They drive by night. Titre français: une Femme dangereuse). A aussi écrit Thieves Market en 1949, mis en film par Jules Dassin (titre Les bas-fonds de Frisco) Et responsable du scénario d'un film tiré de Kiss me deadly de Mickey Spillane. Le traducteur Luc Baranger est lui-même écrivain et auteur de romans policiers :
N° 4715 Luc Baranger : Tupelo Mississippi Flash, Gallimard/Série noire, 2004

Pour Bezzerides Et Luc Baranger voir mon site Bloc-notes 2023Une visite à l'Amour du Noir.


N° 4536 Chester Himes :  La reine des pommes , Gallimard/Poche, 1967

N° 4537 Chester Himes :  Cotton comes to Harlem , Panther Books, New-York

Chester Himes, lui, est le roi de Harlem…


N° 4525 James Ellroy :  Le Dahlia noir , traduction Fredy Michalski, Rivages/Noir, 1990

N° 4526 James Ellroy :  L. A. Confidential , traduction Fredy Michalski, Rivages, 1990
N° 4527 Ed McBain :  Eight black horses, an 87th Precinct novel , Avon Books, New-York, 1986

Et voici, pour finir, le roman ultra-noir, bourré de sadiques, de masos, de pervers sexuels, de tueurs en série  et de flics pourris, ceux de James Ellroy à Los Angeles, ceux de la 87ème brigade de New-York d'Ed McBain, vrais culs-de-sac de déprime et de fin de civilisation.


Georges Simenon


N° 3239 Francis Lacassin :  La vraie naissance de Maigret , autopsie d’une légende, Editions du Rocher, Monaco, 1992

N° 3240 Els Wouters :  Maigret : « je ne déduis jamais », la méthode abductive chez Simenon , Editions du Céfal, Liège, 1998

N° 4514 à 4521  Tout Simenon , Tome 1 à 8, Presses de la Cité, 1983-89

Toute l’œuvre de Simenon dans la suite chronologique des publications (il y en a 14 en tout). Est-ce que les Maigret entrent dans la catégorie des policiers d’atmosphère ? Oui, me semble-t-il. Même une certaine satire sociale, celle de la bourgeoisie surtout, mais pas seulement. Pourtant Lacassin parle d’une étude (introuvable) de Simenon par Narcéjac ( Le cas Simenon ) qui établirait, dès le milieu des années 50, que ce qui intéressait Simenon ce n’était pas tellement de créer une « atmosphère » mais d’abord de comprendre l’homme et que les thèmes récurrents étaient la relation père-fils, la relation mère-fils aussi (celle de Simenon avec sa mère est restée difficile jusqu’à la fin), l’homme humilié, la solitude. Dont acte.

 

N° 4212 James Crumley :  The last good kiss , Random House, New-York, 1978 (Hardcover et dust wrapper, dédicacé à Kent Anderson et sa femme)

Bon policier. Humour et slang  

N° 4213 James Crumley :  The wrong case , Random House, 1975 (Hardcover avec dustwrapper. Dédicacé à Kent Anderson. Avec passages soulignés par Anderson.)

Beaucoup de soûlographie. Moins bon que The last good kiss


N° 4279 Craig Johnson :  A vol d’oiseau , traduction Sophie Aslanides, Gallmeister, 2016

N° 4524 Craig Johnson :  La Dent du Serpent , traduction Sophie Aslanides, Gallmeister, 2017

N° 4295 Craig Johnson :  Little Bird , Gallmeister, 2009

Craig Johnson a été policier, cow-boy, pêcheur et même professeur d’Université. Installé au Wyoming, son détective préféré est le shérif Walt Longmire qui a pour ami Henry Standing Bear ce qui fait que de temps en temps il y a des Indiens dans ses histoires…


N° 4206 Bruce Holbert :  Animaux solitaires , traduction Jean-Paul Gratias, Gallmeister, 2013

Avec Holbert on est dans les montagnes sauvages de l’Etat de Washington. Il y a du western, du roman noir et de l’Indien dans cette histoire.

 

N° 4219 Robert Littell :  Une belle saloperie , Baker Street, 2013

Robert Littell, le grand spécialiste de l’espionnage et de la CIA (voir ci-dessous) s’essaye au polar. Dans le genre Crumley et Johnson. Il y réussit pas trop mal…


N° 4535 Léo Malet :  Les Enquêtes de Nestor Burma et les Nouveaux Mystères de Paris , édition présentée et établie par Francis Lacassin, Bouquins/Robert Laffont, 1985

J’ai bien aimé ce Léo Malet, ancien anarchiste et trotzkiste (et éternel dépressif, nous apprend Lacassin) et je crois que j’éprouve encore aujourd’hui une certaine tendresse pour lui et son détective qui veut mettre le mystère KO, mais qui se laisse la plupart du temps entraîner dans des histoires plutôt foireuses. Et j’aimais bien regarder de temps en temps Guy Marchand interpréter Nestor Burma quand il passait encore à la télé. Avec sa voix désabusée, son air nonchalant, plus intéressé par le jazz, semble-t-il, que par sa carrière d’acteur. En vrai Burma. En vrai Malet…


N° 2988 Yasmina Khadra :  Morituri , preface Marie-Ange Poyet,  Editions Baleine, 1997

N° 2989 Yasmina Khadra :  Double Blanc , Editions Baleine, 1997

N° 2990 Yasmina Khadra :  L’automne des Chimères , Editions Baleine, 1998

La publication des enquêtes du commissaire Llob a constitué un événement. L’auteur avait visiblement quelque chose à dire. Il semblait avoir été directement impliqué, même s’il apparaissait sous le nom d’une femme. Il crie son horreur des crimes commis par les fous de Dieu mais fustige aussi toute la Maffia politico-financière qui en tire profit. Bien sûr Llob, un juste, est abattu à la fin du dernier épisode, et pas seulement pour des raisons littéraires mais parce que les Justes dans ce genre de situations ne peuvent survivre.


N° 2941 Jean-Claude Izzo :  Total Khéops , Gallimard, 1995

N° 2942 Jean-Claude Izzo :  Chourmo , Gallimard, 1996

N° 2943 Jean-Claude Izzo :  Solea , Gallimard, 1998

Bizarrement, au moment même où le commissaire Llob enquête à Alger, de l’autre côté de la Méditerranée, à Marseille, un autre flic, Fabio Montale, se bat avec le fanatisme islamiste lui aussi mais également avec le Front National et la Maffia. Il n’en échappera pas vivant lui non plus. C’est au moment où l’on a annoncé sa mort que j’ai appris l’existence de Jean-Claude Izzo, un écrivain bourlingueur ami de Le Bris, co-animateur du festival de Saint Malo, un Marseillais italo-espagnol communiste, anarchiste, pessimiste, venu à la littérature sur le tard, amoureux fou de Marseille, seule ville de la Côte vraiment ouverte sur le large, sur la Méditerranée, un lieu « où n’importe qui, de n’importe quelle couleur, pourrait descendre d’un bateau ou d’un train, sa valise à la main, sans un sou en poche, et dire : je suis chez moi ». Le policier d’Izzo ressemble probablement beaucoup à Izzo lui-même, avec ses utopies et ses désillusions, mais aussi avec sa sensualité, son amour des femmes et de la bonne bouffe, et sa passion pour la pêche et les calanques.


Je parle aussi bien de la trilogie de Khadra que de celle d'Izzo dans mon Voyage autour de ma Bibliothèque, Tome 1 : Littérature méditerranéenne.


N° 0979 Carlo Fruttero et Franco Lucentini :  La Femme du Dimanche , traduction Philippe Jaccottet, Seuil, 1973

N° 0980 Carlo Fruttero et Franco Lucentini :  L’amant sans domicile fixe , traduction François Rosso, Seuil, 1988

N° 0980 Carlo Fruttero et Franco Lucentini :  Place de Sienne, côté ombre , traduction Jean-Claude Zancarini, Seuil, 1985

Avec Fruttero et Lucentini le polar plonge dans l’atmosphère italienne. D’abord à Turin…


N° 4528 Giorgio Scerbanenco :  Les Milanais tuent le samedi , Plon/10/18, 1984

N° 4529 Giorgio Scerbanenco :  Milan, Calibre 9 , nouvelles, Plon/10/18, 1984

N° 4530 Giorgio Scerbanenco :  N’étranglez pas trop , nouvelles, Plon/10/18, 1984

N° 4531 Giorgio Scerbanenco :  Naïves auto-stoppeuses , Plon/10/18, 1984

Puis à Milan où le grand Scerbanenco, père ukrainien, crée le Docteur Duca Lamberti, cafardeux et janséniste, cynique et désarmé, révolté et compatissant, rayé de l’Ordre des Médecins pour euthanasie et qui se met à collaborer avec la police. Mais le vrai héros c’est la ville de Milan, de préférence pluvieuse et nocturne.  


N° 4364 Andrea Camilleri :  Nid de Vipères , une enquête du Commissaire Montalbano, Fleuve noir, Paris, 2018 

N° 4367 Andrea Camilleri :  La Forme de l'Eau , Fleuve noir, 1998

Nid de Vipères est une de dernières enquêtes du Commissaire sicilien Montalbano (publié en italien en 2013) et La Forme de l’Eau une de ses premières (publié en italien en 1994). Qu’en dire ? Qu’on y trouve exactement l’atmosphère des séries policières de la télé. Ce qui n’a rien d’extraordinaire quand on sait que Camilleri était metteur en scène et scénariste et qu’il a probablement collaboré à ses films. Montalbano (le nom est un hommage au Catalan Manuel Vazquez Montalban dont le héros Pepe Carvalho est aussi un très grand amateur de cuisine régionale et pourfendeur des anciens franquistes) est un humaniste bourru, gourmand et solitaire (son amie vit à Milan et vient le voir de temps en temps. Il l’aime bien, mais on a l’impression qu’il est plutôt soulagé quand elle repart). Il s’arrange souvent avec la Loi, ayant ses propres convictions en ce qui concerne la justice. Tout se passe à Vigata qui est le nom littéraire d’une bourgade réelle, Porto Empedocle. Dans ces histoires transparaît un grand amour de la Sicile, mais aussi une violente critique sociale de sa population. Les écrits de Camilleri sont dans la veine de ceux de ces grands écrivains siciliens que sont Verga ( les Malivoglia ) et Pirandello (par ses  Nouvelles pour une année ).

J’en ai encore beaucoup d’autres, des enquêtes du Commissaire Montalbano : N° 4363  Un été ardent  (2008, original 2006), N° 4368  Le Champ du Potier  (2012, original 2008). Et ce dernier m'a appris que la Mafia coupait les cadavres des traîtres en 30 morceaux pour rappeler les trente deniers de Judas et les enterrait à Vigata sur un terrain d'argile pour potiers pour rappeler que Judas après s'être pendu, a été enterré dans un champ de potier. Vous voyez qu'on se cultive en même temps avec Camilleri ! Et d’autres encore : N° 4371  La Danse de la Mouette  (2014), N° 4372  Jeu de miroirs  (2016) et N° 4370  Une Lame de Lumière  (2016). Et on s’aperçoit que le Commissaire se sent de plus en plus vieux, reflet évident de l’auteur sur son personnage. De plus en plus déprimé aussi. Par la persistance de la Mafia. Même pas tellement par son omniprésence, son omnipotence, non, c’est par-dessus tout sa cruauté que Montalbano, et donc Camilleri, ne supporte plus. Toutes ces victimes qui ne sont pas simplement exécutées mais affreusement torturées avant ou pendant leur exécution. La belle femme violée avec un objet contondant avant d’être égorgée, l’homme enculé par ses trois meurtriers avant d’être truffé de coups de couteau, le jeune homme qui a trahi, pieds et poings liés ensemble comme un chevreau, couché sur la banquette arrière, puis brûlé vif avec sa voiture. Quels monstres sont ces hommes, de quel cauchemar sont-ils sortis ?

Mais Camilleri s’amuse aussi, fait du Pirandello à sa façon. Quand Livia déclare vouloir visiter le Val di Noto, Montalbano refuse, car on tourne. On tourne quoi ? La série télévisée de son propre personnage. Et il ne veut pas rencontrer son double. Mais il ne te ressemble pas, Zingaretti, dit Livia, il est plus jeune. Peut-être, dit Montalbano, mais il est complètement chauve. Alors que moi j’ai tous mes cheveux ! 

D’ailleurs de plus en plus souvent on a l’impression que Montalbano devient schizophrène : il y a un Montalbano 1 et un 2 qui conversent ensemble ! Et je crois bien qu’à un moment donné il s’adresse à son créateur, à Camilleri…

Et, pour finir on apprend qu’il était devenu aveugle et qu’il dictait ses Montalbano à sa chère Valentina Alferj qui « intervenait même de manière créative dans l’élaboration de ses histoires », dit-il. Le N° 4608  L’autre bout du Fil  (2021) est le premier de ces romans qu’il a commencé à dicter plusieurs années avant de mourir en 2019.
Voir mon Bloc-notes 2019 Découverte d'Andrea Camilleri.


N° 4375 Leonardo Padura :  Electre à La Havane , Métailié, Paris, 1998  

N° 4376 Leonardo Padura :  Adios Hemingway , Métalié, 2005  

N° 4381 Leonardo Padura :  Les Brumes du Passé , Métalié, 2006  

N° 4382 Leonardo Padura :  Passé parfait , Métalié, 2016  

N° 4383 Leonardo Padura :  L'automne à Cuba , Métalié, 1999

N° 4752 Leonardo Padura : Ouragans tropicaux, Métalié, 2023

Le héros des romans policiers du Cubain Leonardo Padura est Mario Conde, « un flic hétérosexuel macho-stalinien, alcoolo et désabusé », selon Wikipédia. Etonnant. Bien noir. Télérama a écrit, lit-on sur la 4ème page de couverture : « Au-delà de l’enquête menée sur la mort d’un homme, c’est du meurtre d’une île dont il est ici question ». Et effectivement, comme dans le roman que Padura a consacré à Trotski et à son assassin, on rencontre des intellectuels dont l’activité créatrice a été tuée dans l’œuf par des apparatchiks bornés. Et quelques fois la critique monte encore plus haut comme quand on lit ce que dit cet homme cultivé, dramaturge connu, condamné au silence depuis dix ans, Alberto Marqués : « Les salauds sont les autres : les policiers pour leur propre compte, les commissaires volontaires, les poursuivants spontanés, les délateurs sans salaire, les juges par goût, tous ceux qui se croient maîtres de la vie, du destin et même de la pureté morale, culturelle voire historique d’un pays… C’est ceux-là qui ont voulu finir avec des gens comme moi… ». Il est bien insolent ce Leonardo Padura, et bien courageux, me semble-t-il.

N° 4551 Leonardo Padura :  Hérétiques , Métailié, 2014

Moitié roman policier, moitié roman historique (le bateau de réfugiés juifs arrivé à Cuba puis renvoyé en Allemagne, la vie aux Pays-Bas du temps de Rembrandt, sa peinture).



N° 4578 Dolores Redondo :  Le gardien invisible, une enquête de l’inspectrice Amaia Salazar , Folio Policier Gallimard, 2013

N° 4579 Dolores Redondo :  De chair et d’os - la trilogie du Baztàn , Folio Policier Mercure de France, 2015

N° 4580 Dolores Redondo :  Une offrande à la tempête , Folio Policier Mercure de France, 2016

La trilogie du Baztàn au pays basque, un thriller puissant, un peu fantastique (mythes basques), très prenant !

N° 4584 Dolores Redondo :  La face nord du cœur , Gallimard-série noire, 2021

Très puissant, très prenant, avec toujours la même inspectrice Amaia Salazar, magistrale vision de l’après Katarina à La Nouvelle Orléans.


N° 4606 Javier Cercas :  Terra alta , Actes Sud, 2021

Bon écrivain. Atmosphère de la Terra alta en Catalogne.  Les Misérables  de Victor Hugo en arrière-plan. Rappel de la guerre civile.

N° 4683 Javier Cercas :  Indépendance , traduction Aleksandar Grujicic et Karine Louesdon, Actes Sud, 2022

Deuxième recueil de la trilogie annoncée de Terra Alta. L'histoire se passe en principe en 2025. Violente charge contre les élites économiques et politiques de Barcelone. Et contre le mouvement indépendantiste qualfiié de populisme.


N° 4635 Keigo Higashino :  Le nouveau , Actes Sud, 2021

Auteur policier japonais original. Tendre et humaniste. Là il s'agit d'une aventure d'un policier original et énigmatique, Kaga Kyôshirô. Un autre roman de lui,  Les miracles du bazar Namya , touche plutôt au fantastique.

N° 4636 Keigo Higashino :  L’équation de plein été , Actes Sud/Babel, 2014



Le policier ethnique

Tony Hillerman


N° 3264 Martin Greenberg :  The Tony Hillerman Companion , Harper Collins, New-York, 1994

Sous-titre :  A comprehensive Guide to his life and work . Comprend biographie, études littéraires, interview, notes sur Navajos et autres Indiens, etc.

N° 3014 Tony Hillerman :  Talking God , Harper & Row Publishers, New-York, 1989 (First edition, advance proof copy)  

N° 3013 Tony Hillerman :  Coyote waits , Harper & Row Publishers, New-York, 1990 (hard cover, dust wrapper)

N° 3197 Tony Hillerman :  Dance Hall of the Dead , introduction par l’auteur, The Armchair Detective Library, New-York, 1991 (edition numérotée et signee par l’auteur, hard cover dabns étui)

Prendre comme détective un personnage qui sort de l’ordinaire est une technique bien connue. Et intéressante dans la mesure où cet homme (ou cette femme) raisonnent différemment et apportent quelque chose de nouveau dans la manière de résoudre une énigme. Agatha Christie l’avait déjà utilisée avec son Belge, raffiné et très français, Hector Poirot, immergé dans un milieu anglais, Chesterton aussi avec son Father Brown (un prêtre catholique chez les Protestants). Et puis il y avait aussi Charlie Chan, le Chinois de Hawaï, de Earl Derr Biggers (déjà un détective ethnique) ; des auteurs de romans policiers juifs américains ont imaginé des rabbins détectives ; l’Orientaliste française Sarah Dars a créé le Brahmane Doc, etc. Sans compter tous ceux qui ont placé leurs intrigues policières dans le passé comme Robert van Gulik avec son juge Ti de l’époque Tang (voir ci-après) et la romancière anglaise Ellis Peters avec son moine gallois du XIIème siècle, Frère Cadafael.

Mais chez Tony Hillerman il y a autre chose. Si ses policiers Joe Leaphorn et Jim Chee sont tous les deux des Indiens Navajos et si toutes ses histoires se passent en terrain Navajo, on sent aussi que l’auteur est au moins autant intéressé à nous apprendre quelque chose sur cette population qu’à nous faire participer à une intrigue policière. D’où lui vient cet intérêt ? « Je suis né dans un petit village de l’Oklahoma où mon père possédait une ferme et un petit magasin au croisement des routes », raconte Hillerman. « Au départ c’était une vieille mission créée par les Bénédictins qui y avait créé une école indienne. J’étais élève de cette école pendant huit ans et mes condisciples étaient des Indiens Potawatomis et Séminoles. J’ai donc appris dès mon enfance que les Indiens n’étaient pas essentiellement différents par rapport à moi. Apprendre cela quand on est enfant est facile. L’apprendre plus tard est quelquefois impossible… ». Quant aux Navajos il a appris à les connaître d’abord à la guerre, puis plus tard, dans leur réserve où il est devenu leur ami. Et apprécié tout particulièrement leur culture : l’idéal auquel on aspire chez eux c’est d’être en harmonie avec son environnement, avec les vicissitudes de la vie. Ils appellent ce principe le « hozho ». Quand on ne peut pas changer quelque chose on se met en harmonie avec.

Et puis il a été inspire par le père de ce genre policier, Arthur Upfield, qui avait déjà inventé le policier Napoléon Bonaparte, à moitié Aborigène, qui opérait dans le bush australien !

 Dance Hall of the Dead  met en scène une autre tribu indienne, les Zunis, ce qui permet à Hillerman de montrer que chaque peuple indien est différent et a d’autres croyances (au moment d’écrire ce roman sa fille s’était fiancée avec un Indien Zuni, raconte-t-il dans la préface de mon édition). Les Zunis vivent cernés par trois réserves de Navajos et ne sont guère leurs amis. Mais quand leur jeune dieu du feu est assassiné c’est bien un policier Navajo qui va mener l’enquête. C’est cette confrontation qui est intéressante. Ce roman a été traduit en français sous le titre de  Là où dansent les morts  et publié par l’éditeur Rivages, Paris en 1986
Voir aussi, à propos de Tony Hillerman, mon Voyage autiur de ma Bibliothèque, Tomeb 5 : A comme Amérindiens. Le retour des Amérindienns.


N° 4511 Jake Page:  La case de l’oncle Tomahawk , traduction R.K Fitzgerald, Gallimard-Série Noire, 1980

N° 4512 James D. Doss :  Le canyon des ombres , traduction Danièle et Pierre Bondil, Albin Michel/10/18, 2000

Tony Hillerman est mort en août 2008, à l’âge de 83 ans. D’autres auteurs de romans policiers ont suivi son exemple : Jean Hager met en scène des Cherokees (la série des Molly Bearpaw, avec  Ravenmocker , et celle des Mitch Bushyhead, avec  The Fire Carrier ) et Jake Page des Zapatos et d’autres tribus ( Shoot the Moon , traduction française :  La case de l’oncle Tomahawk ) et, avec son épouse Suzanne, les Hopis (Suzanne and Jack Page :  Hopi ,). Il y a même un éminent scientifique, spécialiste de la supraconductivité, et qui vit au Nouveau Mexique, qui a créé des policiers Ute et des intrigues en pays indien entre Los Alamos et Taos, c’est James D. Doss avec  The Shaman laughs , dont  Le canyon des ombres  est la traduction française.


N° 4523 James Lee Burke :  The Glass Rainbow , Pocket Star Books, New-York/Londres, 2011

N° 4522 James Lee Burke :  The Tin Roof Blowdown , Pocket Books, New-York/Londres, 2008

Avec le policier Dave Robicheaux on est dans les bayous. Encore de l’ethnique !


N° 4689 Lisa Sandlin : Les Samaritains du Bayou, Belfond Noir, 2021
Beau premier roman policier du bayou où c'est la secrétaire du détective qui est la grande héroïne du roman. Une vraie réussite. Alors que le deuxième roman de la série (Les oiseaux du marais – une enquête de Delpha Wade et Tom Phelan) est mauvais, bâclé ! Je ne l’enregistre pas.

N° 4707 Dror Mishani : Un simple enquêteur, traduit de l’hébreu par Laurence Sendrowicz, Gallimard-Série noire, 2023
Un détective israélien un peu singulier, visiblement de gauche, Avraham


Le policier écossais

N° 4677 Ian Rankin :  The Hanging Garden , Orion Books, Londres, 2011

N° 4678 Ian Rankin :  La Mort dans l’âme, une enquête de l’inspecteur Rebus , traduction Edith Ochs, Folio Policier/Gallimard, 2004

N° 4679 Ian McIlvanney :  Laidlaw , traduction Jan Dusay, Rivages Noir, 2022

Ces deux auteurs représentent le Polard écossais. Les histoires de McIlvanney (qui est aussi poète) se passent à Glasgow (Laidlaw est son inspecteur préféré). Celles de Ian Rankin, son élève, à Edimbourg (avec l’inspecteur John Rebus). C’est ainsi qu’avec ces deux auteurs on a une bonne image de la société et de la pègre des deux villes principales d’Ecosse, Edimbourg et Glasgow ! 

N° 4681 Ian McIlvanney et Ian Rankin :  Rien que le noir , traduction Fabienne Duvigneau, Editions Rivages/Noir, 2022 

Manuscrit inachevé de McIlvanney, repris après sa mort, par celui qui s’est dit son élève, Ian Rankin

Le Juge Ti

Les romans mettant en scène des détectives de temps passés peuvent également entrer dans la catégorie des romans policiers ethniques, surtout quand ils peuvent s’appuyer sur les connaissances historiques et culturelles d’un extraordinaire érudit comme Robert van Gulik. L’homme aux trois vies : celles d’un diplomate (pas très classique), d’un érudit (hors pair, génial et touche à tout) et d’un écrivain (de romans policiers de l’époque Tang).

N° 2120  Trois Affaires criminelles résolues par le Juge Ti et traduites du chinois par Robert van Gulik  (Dee Gong An), édit. Christian Bourgois, Paris, 1987.

C’était en 1942 à Tokyo que Robert van Gulik, dans l’attente d’être rapatrié avec le corps diplomatique, avait rassemblé quelques lectures pour son voyage parmi lesquels, raconte son biographe, se trouvait « une petite édition lithographiée d’un roman policier du XVIIIème siècle racontant les enquêtes du juge Ti Jen-tsie, brillant détective et grand homme d’Etat sous les Tang ». Ce n’est que bien plus tard qu’il le lira et c’est en 1949, lors de son deuxième séjour au Japon, qu’il publiera la traduction en anglais de trois des affaires criminelles résolues par ce fameux juge sous le titre :  Dee Goong An, Three Murder Cases solved by Judge Dee .

Le Dee Goong An date du XVIIIème siècle et est donc largement antérieur à l’oeuvre d’un Edgar Poe ou d’un Emile Gaboriau et à plus forte raison d’un Conan Doyle. Il est étonnant qu’aucun de ces romans policiers chinois - car il y en eut beaucoup d’autres - n’ait été traduit dans une langue occidentale. Il est vrai qu’en général, dans ces romans, il n’y a guère de suspense (le criminel est connu dès le début), il y a intervention d’éléments surnaturels et on s’étend un peu trop longuement sur la manière dont le criminel est châtié à la fin. Ce n’est pas dans le goût de l’Occident.


N° 3813 Shi Po :  Affaires résolues à l’ombre du poirier (Tang Yin Bi Shi) - Un manuel chinois de jurisprudence et d’investigation policière du XIIIème siècle , texte anglais établi par Robert van Gulik, traduit et annoté par Lisa Bresner et Jacques Limoni, édit. Tallandier/Texto, Paris, 2007.

Et puis, un peu plus tard, il découvre un manuel de jurisprudence et d’investigation policière du XIIème siècle, le  T’ang-yin pishih , qu’il étudie lors de son séjour aux Pays-Bas entre 1953 et 56 et dont il publie la traduction anglaise à Leiden en 1956 ( T’ang-yin pi-shih, Parallel cases from under the peach-tree, a 13th century manual of jurisprudence and detection  , Sinica Leidensia, vol. X, Leyde, E.J. Brill, 1956). La première traduction française de ce texte ne paraît qu’en 2002 (chez Albin Michel) !


N° 3816 Shi Yukun :  Les Plaidoiries du Juge Bao - Le juge Bao et le plaidoyer des fantômes , édit. You-Feng, Paris, 2005

Robert van Gulik citait d’autres romans policiers parmi lesquels  Bao Goong An , c. à d. Affaires criminelles résolues par le juge Pao. Or You Feng a entrepris de publier les traductions de certaines des aventures de ce juge, aussi célèbre que le juge Ti et qui, lui, avait vécu sous la dynastie des Song.


Pour van Gulik et le Juge Ti, voir mon Voyage autour de ma Bibliothèque, Tome 4 : Robert van Gulik.


N° 2321  The Chinese Bell Murders  by Robert van Gulik with fifteen plates drawn by the author in Chinese style, édit. Harper and Row, Publishers, New-York, London, Sydney, etc., 1983 (réédition de la première édition qui date de 1958).

N° 3811 Robert van Gulik :  Les Enquêtes du Juge Ti , avec un avant-propos spécial pour l’édition française de Robert van Gulik, édit. Club du Livre Policier, Paris, 1962 (exemplaire numéroté : n° 3828).

N° 3799 Robert van Gulik :  Le Squelette sous la Cloche , édit. Union Générale d’Editions, collection 10/18, Paris, 1984 (la première édition date de 1962 et a paru au Club du Livre Policier, voir ci-dessus). Publié sans les illustrations de van Gulik.

C’est au cours de son second séjour au Japon que van Gulik écrit ses deux premiers romans policiers, the Chinese Bell Murders et the Chinese Maze Murders.Et les illustre en imitant le style de l’époque Ming. Car, parmi ses nombreux dons, il a aussi celui du dessin (il a aussi commencé très tôt à apprendre à calligraphier les caractères chinois et est devenu là encore un maître reconnu).Comme dans l’ouvrage original du Dee Goong An van Gulik va faire résoudre à son juge dans les Bell Murders trois affaires en même temps. Il donne ses sources dans sa postface.L’affaire du squelette sous la cloche lui est inspirée par un autre roman policier basé sur un fait réel arrivé à Canton vers 1725. Robert van Gulik reconnaît que son livre « ne montre pas le clergé bouddhiste sous un jour très favorable ». Il faut dire que tous ces juges ainsi que les écrivains des romans policiers sont de fervents confucianistes et qu’ils ne portent pas les bouddhistes dans leur coeur (ni d’ailleurs les taoïstes).


N° 2763  The Chinese Maze Murders, a Chinese detective story suggested by three ancient Chinese plots  by Robert van Gulik, with nineteen plates drawn by the author in Chinese style, W. van Hoeve Ltd. - The Hague and Bandung, 1956.

N° 3796 Robert van Gulik :  Le Mystère du Labyrinthe , édit. Union Générale d’Editions, collection 10/18, Paris, 1984. Sans illustrations.

Là encore le juge Ti doit résoudre trois affaires en même temps. A noter la curieuse affaire du meurtre dans la chambre scellée qui repose sur une histoire du XIVème siècle tournant autour d’un pinceau qui lorsqu’il est chauffé à l’état neuf pour enlever les poils superflus éjecte un missile mortel (une intéressante variante au  Mystère de la Chambre jaune  !).


N° 2608  The Chinese Lake Murders, three cases solved by Judge Dee, a Chinese detective story suggested by original ancient Chinese plots,  by Robert van Gulik, édit. Harper and Brothers, New-York, 1960.

N° 3797 Robert van Gulik :  Meurtre sur un bateau-de-fleurs   (Les nouvelles enquêtes du juge Ti) , édit. Union Générale d’Editions, collection 10/18, Paris, 1984. La première édition de cette traduction date de 1963 (titre :  Les nouvelles enquêtes du juge Ti ) et a été publiée par le Club du Livre policier. La présente édition ne comporte pas les illustrations de van Gulik.

Dans ce roman van Gulik utilise comme ressort une société secrète appelée Société du Lotus Blanc. Il reconnaît lui-même dans sa postface qu’il commet là un anachronisme (cette société n’apparaissant, dit-il, qu’au XIIIème siècle et qu’en plus les sociétés secrètes chinoises étaient en général plutôt politiques que criminelles).


N° 2118  The Chinese Gold Murders, a Chinese detective story  by Robert van Gulik, with ten plates drawn by the author in Chinese style, édit. Harper and Brothers, New-York, 1959.

N° 2798 Robert van Gulik :  Trafic d’or sous les Tang, (Les débuts du Juge Ti) , édit. Union Générale d’Editions, collection 10/18, Paris, 1984. La première édition de cette traduction date de 1965 et a été publiée par le Club du Livre policier. La présente édition ne comporte pas les illustrations de van Gulik.

C’est dans ce roman, censé se passer au début de la carrière du Juge, que les deux lascars, « Chevaliers des vertes Forêts », Ma Jong et Tsiao Taï entrent au service du juge. Ici van Gulik reprend, en le modifiant, une histoire intéressante qu’il a déjà traduite dans le Dee Goong An, celle de l’empoisonnement dû à une vipère nichée dans une poutre au-dessus de l’endroit où l’on prépare le thé et qui, sortant la tête à cause de la vapeur chaude qui monte, laisse tomber son venin dans le thé. Mais l’intérêt de l’histoire est surtout dans la manière avec laquelle le juge résout l’énigme : un soir un morceau de plâtre tombe du toit dans sa tasse de thé. Cela suffit pour déclencher son intuition et son travail de déduction. On se croirait chez Conan Doyle. A noter que c’est le Prince Bernhard des Pays-Bas lui-même, ami de van Gulik, qui traduit cette histoire en espagnol !


N° 3812  The Chinese Nail Murders - Judge Dee’s Last Three Cases, a Chinese detective story suggested by original ancient Chinese plots  by Robert van Gulik, Harper and Row, New-York, 1961.

N° 3800 Robert van Gulik :  L’énigme du clou chinois , édit. Union Générale d’Editions, collection 10/18, Paris, 1985.

L’histoire du clou enfoncé au sommet du crâne de la victime m’avait fortement impressionné quand j’ai lu ce roman. Car c’est une histoire terrible. Or il paraît que c’est l’une des plus fameuses histoires de crimes parfaits de la littérature policière chinoise et effectivement on la trouve déjà dans le  T’ang-yin pi-shih . Je me souviens pourtant avoir lu la même histoire dans une nouvelle persane,  la Quête d’Absolution  de Sadeq Hedayat, où une femme, pour se venger de sa rivale, tue successivement ses deux fils nouveau-nés en plongeant une aiguille à tricoter dans leur fontanelle.


N° 2741  The Haunted Monastery, a Chinese detective story  by Robert van Gulik with eight illustrations drawn by the author in Chinese style, édit. Charles Scribner’s Sons, New-York, 1969.

N° 3806 Robert van Gulik :  Le monastère hanté , édit. Union Générale d’Editions, collection 10/18, Paris, 1984. La première édition de cette traduction date de 1963 (titre :  Les nouvelles enquêtes du juge Ti ) et a été publiée par le Club du Livre policier. La présente édition ne comporte pas les illustrations de van Gulik.

Robert van Gulik raconte dans son  Journal  que l'histoire du Monastère hanté lui a été inspirée par ce qui lui est arrivé lors d'un court séjour à Pékin en 1942 alors qu'il rendait visite à la famille de sa femme (qui était chinoise). Il avait pris l'habitude de se rendre régulièrement à un temple taoïste où un abbé fin lettré jouait merveilleusement du luth. Ce n'est que bien plus tard qu'il apprit que ses moines avaient appris que l'abbé se permettait de pratiquer des expériences magiques avec de jeunes femmes et qu'ils l'ont enterré vivant en profitant de la guerre civile.

N° 2341  The Red Pavilion, a Chinese  detective story  by Robert van Gulik with six illustrations drawn by the author in Chinese style, édit. Charles Scribner’s Sons, New-York, 1968.

N° 3801 Robert van Gulik :  Le pavillon rouge , édit. Union Générale d’Editions, collection 10/18, Paris, 1983. Sans illustrations.

N° 2393  The Lacquer Screen, a Chinese detective story  by Robert van Gulik with ten illustrations drawn by the author in Chinese style, édit. Charles Scribner’s Sons, New-York, 1969.

N° 3802 Robert van Gulik :  Le paravent de laque (les débuts du juge Ti) , édit. Union Générale d’Editions, collection 10/18, Paris, 1984. La première édition de cette traduction date de 1965 et a été publiée par le Club du Livre policier. La présente édition ne comporte pas les illustrations de van Gulik.

Robert van Gulik est de plus en plus passionné par la création de ses histoires. « La science fait de vous l’esclave des faits...», dit-il, « Mais l’auteur d’un roman est le maître, il modèle personnages et circonstances selon son bon plaisir ». Plus tard il ajoutera : « ...La création de ces romans est devenue un élément essentiel de mon existence, aussi nécessaire que mes recherches... » Ce qui ne l’empêche pas de toujours chercher l’authenticité dans sa description de la société chinoise : « ...Je constate une étonnante méconnaissance des Chinois et de leur mode de vie, même chez ceux qui pourraient les comprendre. Il me semble que mes romans peuvent contribuer à les faire mieux comprendre. C’est pourquoi j’ai tout fait pour qu’ils soient authentiques jusque dans les plus petits détails ». Et Simon Leys le confirme : « ...les historiens les plus exigeants n’ont pas fini de s’extasier devant la vérité des décors, des situations et des personnages ». Et c’est vrai : l’intérêt des histoires du juge Ti dépasse largement celui de l’intrigue policière. On est littéralement plongé dans l’univers des Tang !


N° 2397  The Emperor’s Pearl, a Chinese detective story  by Robert van Gulik with eight illustrations drawn by the author in Chinese style, édit. Charles Scribner’s Sons, New-York, 1963.

N° 3803 Robert van Gulik :  La perle de l’Empereur - Retour du juge Ti , édit. Union Générale d’Editions, collection 10/18, Paris, 1983. Sans illustrations.

N° 2607  Murder in Canton, a Chinese detective story  by Robert van Gulik with twelve illustrations drawn by the author in Chinese style, édit. Charles Scribner’s Sons, New-York, 1967.

N° 3804 Robert van Gulik :  Meurtre à Canton (Les dernières enquêtes du juge Ti) , édit. Union Générale d’Editions, collection 10/18, Paris, 1983. Sans illustrations.

Ce roman est intéressant parce qu’il se situe dans cette ville portuaire où se côtoyaient dès l’époque Tang des commerçants chinois et des navigateurs arabes. On y parle aussi de la redoutable Impératrice Wu contre laquelle le juge Ti historique a combattu, avec succès, pour l’empêcher d’éliminer l’héritier du trône légal.


N° 2071  The Willow Pattern, a Chinese detective story  by Robert van Gulik with fifteen illustrations drawn by the author in Chinese style, édit. Charles Scribner’s Sons, New-York, 1965.

N° 3805 Robert van Gulik :  Le motif du saule (Les dernières enquêtes du juge Ti) , édit. Union Générale d’Editions, collection 10/18, Paris, 1983. Sans illustrations.


N° 2606  The Phantom of the Temple, a Chinese detective story  by Robert van Gulik with nine illustrations drawn by the author in Chinese style, édit. Charles Scribner’s Sons, New-York, 1966.

N° 3807 Robert van Gulik :  Le fantôme du temple , édit. Union Générale d’Editions, collection 10/18, Paris, 1985.

Le fantôme du temple est une fois de plus une histoire où le bouddhisme n’est pas décrit avec beaucoup de sympathie. Mais van Gulik ne fait que se mettre dans la peau du juge, farouche confucianiste. En réalité la secte bouddhiste aux tendances ésotériques à laquelle il est fait allusion ici est le tantrisme, une branche du bouddhisme que van Gulik connaît bien puisqu’il en a fait un sujet de thèse (le culte de Hayagriva, une divinité tantrique à tête de cheval dont le culte s’étend de l’Inde à la Chine et au Japon en passant par le Tibet).


N° 2072  The Monkey and the Tiger, two Chinese detective stories  by Robert van Gulik with eight illustrations drawn by the author in Chinese style, édit. Charles Scribner’s Sons, New-York, 1965.

N° 3808 Robert van Gulik :  Le singe et le tigre , édit. Union Générale d’Editions, collection 10/18, Paris, 1986.

Lors de son séjour en Malaisie van Gulik se prend de passion pour le singe du pays, le gibbon. Il en fera ses compagnons pour le restant de sa vie. Le gibbon sera également le sujet de son dernier travail d’érudit,  The Gibbon in China. An essay in Chinese Animal Lore , édit. Brill, Leiden, 1967, un essai auquel il travaillera encore sur son lit d’hôpital et qui paraîtra le jour de son décès. Il n’y a donc rien d’étonnant qu’il écrive également une histoire policière où apparaissent des gibbons.

N° 2610  Judge Dee at work, eight Chinese detective stories  by Robert van Gulik with illustrations drawn by the author in Chinese style, Heinemann, Londres, 1967.

N° 2381 Robert van Gulik :  Le juge Ti à l’oeuvre , édit. Union Générale d’Editions, collection 10/18, Paris, 1996.

N° 2398  Necklace and Calabash, a Chinese detective story  by Robert van Gulik with eight illustrations drawn by the author in Chinese style, édit. Charles Scribner’s Sons, New-York, 1967.

N° 3809 Robert van Gulik :  Le collier de la princesse (Les nouvelles enquêtes du juge Ti) , édit. Union Générale d’Editions, collection 10/18, Paris, 1985.

Jusqu’à la fin van Gulik va systématiquement profiter de ses romans policiers pour éduquer ses lecteurs. Dans  Le collier de la princesse  il va encore expliquer comment fonctionne le boulier chinois. Dans  Le juge Ti à l’oeuvre  il avait dessiné une horloge à encens et expliqué son fonctionnement. Dans  Le singe et le tigre  il reproduit une planche des 12 signes du zodiaque qui constituent le cycle des années et montre l’importance qu’ils ont dans la vie chinoise. Dans  Meurtre sur un bateau-de-fleurs  il avait déjà expliqué le fonctionnement de la serrure à anneaux et puis les deux jeux d’échecs chinois, le siang-k’i où, comme dans nos échecs à nous (dont il est peut-être un lointain ancêtre), il s’agit de battre le général ennemi, et le wei-k’i, plus stratégique et territorial, ancêtre du jeu de go japonais. Et dans  L’énigme du clou chinois  il présente le jeu des quatre cartons (un carré, un losange et cinq triangles pour composer des figures) et la boxe chinoise qui est devenue le judo japonais.


N° 2578  Poets and Murder, a Chinese detective story  by Robert van Gulik with eight illustrations drawn by the author in Chinese style, Heinemann, Londres, 1967.

N° 3810 Robert van Gulik :  Assassins et poètes , Union Générale d’Editions, collection 10/18, Paris, 1985.

 Assassins et Poètes  sera son dernier roman. Il y a travaillé jusqu’à la fin. C’est la veille de sa dernière hospitalisation, écrit son fils Pieter, qu’il y a mis la dernière main. Le livre paraîtra à titre posthume.


Récemment les Editions La Découverte ont ressorti, en quatre tomes, l’ensemble des romans et nouvelles mettant en scène le juge Ti selon l’ordre chronologique de la carrière du juge tel que Robert van Gulik lui-même l’avait établi à la fin de son  Judge Dee at Work  (le juge Ti à l’oeuvre). L’édition de La Découverte comporte l’ensemble des illustrations de Robert van Gulik, mais souvent en format réduit.

N° 3390 Robert van Gulik :  Les débuts du juge Ti , édit. La Découverte, Paris, 2004.

N° 3389 Robert van Gulik :  Les enquêtes du juge Ti , édit. La Découverte, Paris, 2004.

N° 3712 Robert van Gulik :  Les nouvelles enquêtes du juge Ti , édit. La Découverte, Paris, 2005.

N° 3713 Robert van Gulik :  Les dernières enquêtes du juge Ti , édit. La Découverte, Paris, 2005.


L’Inde anglaise des années 20

N° 4669 Abir Mukherjee :  Avec la permission de Ghandi , Liana Levi, Paris, 2022

Romancier anglo-indien. Policier historique de l'entre-deux guerres. A l’époque de Ghandi et du mouvement pour l’indépendance non-violent. Une enquête du capitaine Sam Wyndham et de son collègue indien. Si indien, so british !

N° 4670 Abir Mukherjee :  L’attaque du Calcutta-Darjeeling , Gallimard-Folio, 2020

C'est la première des enquêtes du capitaine Sam Wyndham de Calcutta.

N° 4676 Abir Mukherjee :  Les Princes de Sambalpur , Folio Policier/Gallimard, 2020

Deuxième enquête du capitaine.

N° 4695 Chan Ho-kei : Hong Kong Noir, traduction Alexis Brossolet, Denoël, 2016
Ecrivain hongkongais. Six nouvelles mettant en scène dans une chronologie inversée (2013 - 1967) le superintendant et super-détective Kwan Chun-doc de la Police d'abord royale puis police tout court de Hong-Kong. Intéressant parce qu'il donne une image des habitants de la ville mais surtout de l'histoire de Hong-Kong depuis les troubles anti-coloniaux de 1967 jusqu'aux mouvements civiques de 2012-13. Excellente traduction d'Alexis Brossolet.
Voir mon Bloc-notes 2022 Hong-Kong, littérature, culture, histoire



Romans d’espionnage

N° 4513 Peter Cheyney : Récits de l’ombre, préface de Michel Lebrun, Presses de la Cité, 1988

Contient :  Duel dans l’ombre – Héros de l’ombre – Les étoiles se cachent – Sinistres rendez-vous – On ne s’embête pas – Ombres dans la rue – Sombre interlude 

Peter Cheyney est beaucoup plus sérieux et son écriture bien meilleure dans ses romans d’espionnage que dans ses romans policiers où il ne se prend guère au sérieux. C’est que ces combats de l’ombre ont été écrits à une époque dramatique lorsque les services de contre-espionnage britanniques étaient engagés à fond dans une lutte sans merci face au nazisme !


N° 3371 John le Carré :  Absolute friends , Hodder & Stoughton, Londres, 2004 (hard cover, dust wrapper)

N° 3820 John le Carré :  A most wanted man , Scribner, New-York, Londres, etc., 2008 (hard cover, dust wrapper)

N° 4319 John le Carré :  L’héritage des espions , traduction Isabelle Perrin, Seuil, 2018

Ce que j’aime bien chez John le Carré ce sont ses imprécations contre l’Amérique. Dans Absolute Friends il s’énerve contre Bush et Blair. Visiblement Le Carré n’aime pas « l’hyperpuissance qui traite le reste du monde comme sa propriété » ni son premier ministre dont le seul rôle est « de lui donner une touche de respectabilité ». Ce qui oblige son héros, Ted Mundy, de travailler pour un Américain envoyé par la CIA que son chef lui présente comme un ancien des Services Secrets, employé maintenant par un « politically motivated group of corporate empire builders - oil chaps - with strong attachment to the arms industry - very close to God ». Jouissif !


N° 4591 Eric Ambler :  Les Trafiquants d’armes , traduction Gabriel et Brigitte Veraldi, Les Humanoïdes Associés, Paris, 1978

Une histoire qui se passe entre Malaisie, Singapour et Nord-Sumatra. Un bouquin recommandé par l'ami Serge Jardin de Malacca.

N° 4755 Eric Ambler : Le masque de Dimitrios, traduction Gabriel Veraldi, révisée par Patricia Duez, Editions de l'Olivier, 2024

On vient de le redécouvrir en France, cet écrivain d'espionnage anglais. Comme dans ses Trafiquants d'armes l'auteur jette un innocent ou naïf dans une organisation de gangsters ou espions, pas innocents du tout.


N° 3179 Percy Kemp  : Le système Boone , Albin Michel, 2002

N° 4002 Percy Kemp :  Noon Moon, le mercredi des Cendres , Seuil, 2010

Percy Kemp a trouvé une filière : des espions chefs d’agence locaux qui essayent de rester peinards. Ici ce sont ceux de Beyrourh et du Caire (on pense à  Our Man in Havanna  !).


N° 4317 Robert Littell :  La Compagnie, le grand roman de la CIA , traduction Nathalie Zimmermann, Buchet/Chastel, 2003

Génial roman d'espionnage racontant des faits réels dans une enveloppe de fiction (Berlin, Afghanistan, Russie, etc.)


Ian Fleming : pour mémoire. Peut-on classer les James Bond dans la catégorie Espionnage ? Je ne crois pas. Plutôt Aventures. Je dispose en tout cas dans ma Bibliothèque de 4 Bond en anglais :  Casino Royal ,  Diamonds are forever, Moonraker ,  Thunderball  et la traduction en français de ce dernier :  Opération Tonnerre .

Djihadisme

N° 4637 Frédéric Paulin :  La guerre est une ruse , Agullo/Gallimard, 2018

Premier tome d'une trilogie policière djihadiste. Les années noires en Algérie de 1992 à 1995. Insiste sur le jeu des généraux : infiltration et manipulation du GIA, massacres faits par l'Armée pour séparer le peuple des islamistes. Très bien écrit (de nombreux prix) et très documenté.

N° 4639 Frédéric Paulin :  Prémices de la Chute , Agullo, 2019

Deuxième tome de la trilogie policière djihadiste. Va de 1996 à 2001 (le nine-eleven). Passe par Sarajevo, Afghanistan (Tora Bora), France et USA. Thème général : les dirigeants de toutes les organisations anti-terroristes occidentales n'y croient jamais !

N° 4640 Frédéric Paulin :  La Fabrique de la terreur , Agullo, 2020

Troisième tome de la trilogie djihadiste. Va de 2010 (Tunisie) à 2015 (Syrie, France. Termine avec le Bataclan). Un peu plus faible que les précédents, surtout la partie fiction, toujours intéressant sur le plan documentaire.